Albert
Jacquard vient de mourir. C'était un intellectuel réputé. Il
aurait pu, comme d'autres scientifiques, vouer toute sa vie à la
recherche et à l'écriture de savants rapports. Il a préféré,
pendant de nombreuses années, choisir une autre voie et mettre ses
compétences et sa notoriété au service des plus humbles :
sans-papiers menacés par une expulsion, personnes sans logement...
Il
a mené avec persévérance son combat pour une autre société,
pour un monde non-violent, délivré de la soif de pouvoir et
d'argent. Sa pensée m'a souvent inspiré.
En
2009, j'avais présenté dans ce blog son dernier ouvrage " Le
compte à rebours a-t-il commencé? " ; ce livre résumait
bien sa pensée, son action.
Au
moment où disparaît cet homme remarquable, je pense utile de
reprendre ce que j'écrivais il y a quatre ans :
Le
dernier livre d'Albert Jacquard confirme sa vision humaniste du
monde. Dans un style limpide, il présente les problèmes auquel le
monde est confronté et effectue, sur certains points, les
rectifications nécessaires.
Ainsi,
au sujet de l'expression " Il faut sauver la planète.", il
nous interroge : " Est-ce bien la terre qui est en danger? "
avant de démontrer que c'est l'humanité qui l'est, à cause du
mode de vie adopté par les pays riches,
responsables du désordre environnemental et de l'appauvrissement des
pays du Sud où l'espérance de vie est beaucoup moins grande qu'ailleurs (en
moyenne, inférieure d'une trentaine d'années).
Pour
Albert Jacquard, l'enjeu est clair : le monde actuel prépare un
suicide collectif et il est urgent de construire une autre société.
Celle-ci
doit d'abord se débarrasser de la menace nucléaire. L'auteur, après
avoir démontré l'absurdité des armes de dissuasion (p.48) souhaite
que la France détruise totalement son arsenal nucléaire et «
propose à l'ONU la mise hors la loi de ces armes ». Elle
serait alors un véritable « artisan de la paix ».
En
ce qui concerne les risques de la bombe P ( la surpopulation), Albert
Jacquard ne prend pas une position tranchée. La seule conclusion qui
s'impose à lui est que, tous les humains ayant une origine commune,
il faut que les frontières deviennent " poreuses" (p69).
Cette proposition est cohérente avec le projet collectif d'une
société alternative axée, non plus sur des territoires aux
frontières définies par l'histoire, mais sur une gestion commune
de la planète.
Quant
au regard d'Albert Jacquard sur ce que beaucoup de gens continuent
d'appeler « la crise », il est intéressant. À
juste titre, il s'élève contre l'utilisation du terme «
crise » qui désigne habituellement un trouble passager ("
une crise de larmes, une crise de fièvre" ) Employer ce mot,
écrit-il « c'est marquer notre confiance en la stabilité
globale des équilibres auxquels nous participons ».
Or
si nous voulons lutter contre les déséquilibres environnementaux,
sociaux, économiques,
c'est un changement radical qui est nécessaire.
«
L'économie doit laisser place à l'écologie », écrit-il,
ce qui ne peut se faire que par une remise en cause d'une croissance
illimitée.
Remettre
en cause nos habitudes était pour lui une urgence.
Tous ceux qui pensent la même chose agiront en s'inspirant des idées d'Albert Jacquard.
Tous ceux qui pensent la même chose agiront en s'inspirant des idées d'Albert Jacquard.
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