Rechercher dans ce blog

mardi 30 juillet 2019

Chronique d'été n° 2


Pendant quelques semaines, le blog se met à l’heure des vacances, en abordant un seul thème. Durant cette période, les sujets d'actualité sont  abandonnés pour laisser place à une série de chroniques évoquant l'été.

Les colonies de vacances




    J'ai fait l'expérience des colonies de vacances alors que j'avais neuf ans, à une époque où les colonies connaissaient un réel succès : entre 1930 et 1960, quatre millions de jeunes y passaient une partie de leurs vacances. J’en ai gardé un souvenir mitigé. L’image qu’avaient alors les colonies était plutôt positive. Elles avaient le mérite d’offrir aux enfants quatre ou cinq semaines de vie au grand air et de découvrir des choses nouvelles. Et il ne faut pas oublier que peu de gens partaient alors en vacances, en dehors des séjours dans la famille. Pour les enfants issus d’un milieu modeste, partir en colonie de vacances était une expérience enrichissante.

  Mais les colonies étaient aussi l’objet de critiques. Dans son style fleuri Pierre Perret en a fait une description caricaturale que certains dans les années 1960 avaient trouvé scandaleuse mais qui contenaient une part de vérité. Longtemps, leur organisation a eu un caractère « militaire » qui m’avait fortement déplu. Discipline, obéissance, sanctions, étaient les maîtres-mots des adultes chargés d'encadrer les jeunes. La personnalité des enfants n’était pas toujours respectée. J’ai surtout regretté le manque de psychologie des moniteurs incapables de prendre en compte les problèmes rencontrés par de jeunes enfants séparés de leur famille. De toute évidence, leur formation était sommaire et inadaptée. La pédagogie de la liberté viendrait timidement quelques décennies plus tard.

    Aujourd’hui la colonie de vacances n’est plus ce qu’elle était. Le nombre de jeunes accueillis chaque année a fortement baissé. De 4 millions d’enfants et d’adolescents il y a soixante ans on est passé à 1,4 million en 2018. La durée des séjours a diminué, les tarifs ont augmenté. Mediapart a écrit récemment que la colo est devenue "un produit de consommation de luxe ".
  C’est une affirmation que je partage. Comme dans la plupart des activités, c’est le souci de rentabilité qui fait désormais la loi. Il en résulte que les publics autrefois mélangés sont maintenant ciblés et ce sont les enfants des familles aisées qui peuvent profiter des services offerts, calqués sur le modèle des Clubs Med.
  La colonie de vacances moderne a pour objectif principal de permettre aux jeunes d’acquérir des compétences qui les rendront plus " compétitifs". Elle est basée sur des thèmes. Les uns ont pour but d’acquérir des connaissances, de maîtriser une langue étrangère ou de s’entraîner en vue d’améliorer les performances sportives.
 En ce qui concerne l’encadrement, le vocabulaire a changé. Il y a quelques décennies, celui qui s’occupait des enfants était un moniteur (ou une monitrice). Ce mot qui vient du latin signifie « faire penser, montrer », c’est-à-dire enseigner. De nos jours, cette tâche est confiée à un animateur ou une animatrice, mot aux multiples sens qui évoque la société moderne (le spectacle, l’amusement, les techniques de vente...).
  Le changement de vocabulaire n’est pas une opération de communication mais une approche différente des loisirs qui se fait au détriment de l’émancipation de la jeunesse.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Chroniques les plus lues