Tableau de Brueghel |
Étés : un peu d’histoire
Si de nos jours on associe souvent à l'été l'idée de vacances, pendant des siècles, il n'en a pas toujours
été ainsi.
Longtemps, la période estivale a marqué un clivage entre les classes sociales. Au 19e siècle, seule la bourgeoisie pouvait se
rendre à la mer, dans les premières stations balnéaires de la Manche et de la Côte d'Azur. Il a fallu attendre 1936 et le Front Populaire pour que les travailleurs aient droit à des congés
payés, mais l'inégalité sociale a persisté. Ces dernières années, près de la moitié de la population française ne voyage pas en été pour des raisons
financières.
En remontant dans le temps jusqu'au Moyen-Âge, on constate un clivage d'un autre type, celui existant entre citadins et ruraux.
Dans les campagnes, l'été était la saison où les activités étaient les plus intenses. Femmes et enfants aidaient
les hommes quand venait le temps des foins et des moissons, les journées de travail étaient longues, les tâches pénibles. Les fêtes organisées pendant cette période, les repas
en commun, les chants et les danses, contribuaient à rendre ces dures semaines de labeur plus supportables. Elles constituaient un mélange des vieilles fêtes païennes, de foi religieuse attribuant
des pouvoirs à certains saints, de croyances transmises de génération en génération (par exemple, la cueillette de plantes dites magiques comme la sauge, la camomille, le millepertuis,
la verveine, l'armoise, la fougère mâle, le salsifis sauvage.)
Le 24 juin, les feux de joie de la Saint-Jean marquant le solstice d'été en Europe, étaient le moment fort de l'été.
Les fagots amassés brûlaient toute la nuit. La religion était associée à cette fête, on allait à l'église et le bûcher était béni par le curé.
La vertu purificatrice du feu était aussi le prétexte à des actes barbares : jusqu'en 1648, date à laquelle Louis XIV interdit cette pratique, on brûlait des animaux vivants.
Dans nos campagnes, certains villages continuent de nos jours à fêter la Saint-Jean, mais les rites ont heureusement quelque peu évolué.