2 ou 3 idées pour changer l'école.
Essayons de dégager quelques idées qui permettraient d'aller vers une
école de la réussite pour tous.
Première idée :
Je me souviens des propos échangés avec Bertrand Schwartz(1), à un moment où l'Etat s'apprêtait à supprimer la mission Nouvelles Qualifications qui fonctionnait sous sa responsabilité depuis quatre ans : " L'enseignement français s'adresse à une moyenne ; il ne sait pas s'occuper des extrêmes." Comme il avait raison !
D'un côté, des élèves brillants sont freinés par un rythme imposé, de l'autre, des élèves en difficulté ne ressentent aucune envie d'apprendre.
C'est là que la psychologie différenciée et la pensée écologisée peuvent montrer leur utilité : l'une pour considérer chaque élève comme une personnalité différente des autres, l'autre pour appréhender le jeune dans sa globalité, avec ses atouts, ses points faibles, ses passions et dans ses rapports avec le monde extérieur ( de la famille à la société tout entière).
Si, dans les classes primaires, des enseignants adeptes de l'Education nouvelle vont dans ce sens, au collège et au lycée, les cours donnés par des professeurs différents se succèdent, sans aucune approche globale et différenciée.
Deuxième idée :
Les éléments me paraissant nécessaires pour assurer la réussite à l'école sont simples: il faut susciter l'intérêt, donner l'envie d'apprendre.
Tel élève est incapable de retenir les dates d'histoire, le nom des villes traversées par un fleuve. Demandez-lui le nom des joueurs d'une équipe de football s'il aime ce sport, il vous les citera tous. Ce n'est donc pas la mémoire qui est en cause, c'est l'école qui ne parvient pas à intéresser les élèves mis hors-jeu par le système.
Et dans ce cas, le rôle du professeur est primordial.
Philippe Perrenoud, de l'Université de Genève, écrivait en 1996 qu'il arrive qu'un enseignant bardé de diplômes rate sa mission, alors qu'un pédagogue ayant moins de diplômes, avec lequel on se sent bien et avec qui on communique, crée un lien humain et éducatif et réussit mieux.
Troisième idée :
Il faut développer une " école sur mesure", selon la formule de Claparède.
Seul un enseignement individualisé, dans une école orientée vers la participation et la responsabilisation des élèves qui conduit à la citoyenneté, tel que Robert Dottrens(2) le préconisait, peut enrayer la spirale de l'échec.
Ces méthodes d'enseignement sont déjà pratiquées ici et là.
Il faudrait les généraliser.
Quand aurons-nous un ministre de l'Éducation qui connaisse la pédagogie ?
1.B.Schwartz (1919-2016) imagine les Missions locales en1982
2. R. Dottrens (1893-1984) professeur de pédagogie