Rechercher dans ce blog

lundi 9 octobre 2023

le billet n°67

 

LA CONTEMPLATION

 

    Schopenhauer a écrit dans Le monde comme volonté et comme représentation, cette phrase :

 « Ainsi un seul et libre regard jeté sur la nature suffit-il pour rafraîchir, égayer et réconforter d’un seul coup celui que tourmentent les passions, les besoins, les soucis...» 

 

   Ce que dit Schopenhauer dans cette phrase nous concerne tous. Il nous rappelle que les passions - même si elles sont nécessaires - font souvent souffrir, qu’il en est de même pour le désir car dès que celui-ci est satisfait, de nouveaux besoins surgissent. Quant aux soucis, ils font partie de la vie quotidienne : soucis de santé, fins de mois difficiles, stress au travail, crainte du chômage, difficultés dans les relations humaines...

  Il existe une façon simple de trouver l’apaisement  et elle est à la portée de tous : il suffit de regarder ce qui est beau.  Dans son livre Lâcher prise avec Schopenhauer, Céline Belloq, en bonne pédagogue, explicite la pensée du philosophe :

 " Contempler un beau paysage ou une œuvre d’art a le don de procurer une satisfaction intérieure qui n’est relative à aucun désir."  

De nombreux poètes ont adopté la même démarche, en particulier ceux de la Renaissance.  Ils ont chanté le charme de nature, invitant leurs lecteurs à profiter pleinement de l’instant présent. C’est seulement à partir du 19e siècle - avec le romantisme - quand ils se sont repliés sur eux-mêmes que les poètes ont exprimé leur tristesse, leur mal-être.

    Contempler un paysage, c'est se retirer momentanément du monde extérieur, c'est oublier nos propres problèmes, nos envies, c'est apprécier la beauté de la forêt qui est devant nous, c'est ouvrir les yeux, écouter le moindre bruit, sentir les parfums qui montent vers nous. Et accessoirement tenter plus tard de traduire sur le papier ce que nous avons ressenti. 

 

  Les musées abritent des tableaux, des sculptures et d’intéressantes traces du passé. La contemplation d'un tableau, par exemple une toile de Gauguin, procure un plaisir aussi fort que celui qu'on éprouve devant la nature. On apprécie la composition du tableau, le contraste des couleurs, la grâce des personnages. Le génie de l'artiste est de recréer la nature, d'immortaliser une scène en la transcendant.

  Les églises et les cathédrales sont des lieux de prières, ouverts à tous. Chacun peut y entrer, quelles que soient ses convictions, pour se soustraire quelques instants aux bruits de la ville. Ce sont des lieux où   le corps s'imprègne du silence intense qui l'entoure pareil à celui des forêts anciennes. 

  Dans cette ambiance calme, le visiteur apprécie la splendeur   de l’architecture, des tableaux et des statues. Et puis survient brusquement  l'instant espéré où la lumière du jour métamorphose le vitrail et révèle son intemporelle beauté.

Bien sûr la contemplation n'est possible que si l'on vit dans la liberté et dans des conditions correctes. Il est évident que celui qui meurt de fin a d'autres pensées.



Tableau de Cézanne


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Chroniques les plus lues