Barbara. W.H.
Chronique n° 13
L'art pour tous
Les spécialistes de l'art ont fait beaucoup de tort en se livrant à des commentaires savants qui ont fini par faire croire que le plaisir devant une œuvre de Van Gogh, Baudelaire ou Mozart demande une solide culture esthétique.
«Quand viennent s’installer les estrades pompeuses de la culture, sauvez-vous vite : l’art a peu de chance d’être de ce côté. » On doit cette phrase à Jean Dubuffet.
On sait que ceux qui fréquentent régulièrement les théâtres, qui assistent à des concerts de musique classique, ceux qui vont voir une exposition de peinture, font partie des classes moyennes ou aisées. Si le prix de certains spectacles peut expliquer ce fait, c’est aussi la conception actuelle de la culture qui est en cause. En disséquant les textes littéraires jusqu’aux moindres détails, ainsi que les morceaux de musique et les tableaux, l’enseignement et les spécialistes enlèvent ce qui est essentiel : le plaisir de lire, d’écouter, de regarder.
Vous êtes par exemple dans un musée et vous vous arrêtez devant un tableau de Vermeer, la vue de Delft. Même si vous n’êtes pas Proust, quelque chose se passe qu’il serait difficile d’expliquer. Vous restez un bon moment devant l’œuvre qui vous émeut et vous procure un instant de bonheur. Vous ne cherchez pas à vous remémorer tout ce qu’on a pu écrire sur la beauté, de Platon à Kant, en passant par Hegel et Baudelaire, vous pensez sans hésiter que ce tableau est beau.
Rien ne sert de tout savoir sur un artiste si l’on ne fait pas appel à sa sensibilité et à son imagination.
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