grandes figures n°8
Albert Jacquard (1925-2013)
Albert Jacquard était un intellectuel réputé. Il aurait pu, comme d'autres scientifiques, vouer toute sa vie à la recherche et à l'écriture de savants rapports. Il a préféré, pendant de nombreuses années, choisir une autre voie et mettre ses compétences et sa notoriété au service des plus humbles : sans-papiers menacés par une expulsion, personnes sans logement...
Il a mené avec persévérance son combat pour une autre société, pour un monde non-violent, délivré de la soif de pouvoir et d'argent. Sa pensée m'a souvent inspiré.
En 2009, il avait écrit Le compte à rebours a-t-il commencé ? " un livre qui résume bien sa pensée et son action. Albert Jacquard y confirme sa vision humaniste du monde. Dans un style limpide, il présente les problèmes auquel le monde est confronté et effectue, sur certains points, les rectifications nécessaires.
Ainsi, au sujet de l'expression " Il faut sauver la planète.", il nous interroge : " Est-ce bien la terre qui est en danger ? " avant de démontrer que c'est l'humanité qui l'est, à cause du mode de vie adopté par les pays riches, responsables du désordre environnemental et de l'appauvrissement des pays du Sud où l'espérance de vie est beaucoup moins grande qu'ailleurs (en moyenne inférieure d'une trentaine d'années).
Pour Albert Jacquard, l'enjeu est clair : le monde actuel prépare un suicide collectif et il est urgent de construire une autre société.
Celle-ci doit d'abord se débarrasser de la menace nucléaire. L'auteur, après avoir démontré l'absurdité des armes de dissuasion souhaite que la France détruise totalement son arsenal nucléaire et « propose à l'ONU la mise hors la loi de ces armes ». Elle serait alors un véritable « artisan de la paix ».
Quant au regard d'Albert Jacquard sur ce que beaucoup de gens continuent d'appeler « la crise », il est intéressant. À juste titre, il s'élève contre l'utilisation du terme « crise » qui désigne habituellement un trouble passager ("une crise de larmes, une crise de fièvre"). Employer ce mot, écrit-il « c'est marquer notre confiance en la stabilité globale des équilibres auxquels nous participons ».
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