Le mois de Novembre
Le 11 : Armistice 1918
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Figures de l'école émancipatrice n°2
Barbara W. HCondorcet (1741-1794) était membre de l’Académie des Sciences. Député faisant partie des Girondins, il a été chargé en 1792 de bâtir un projet pour l’école. Certains lui reprochent son utopisme. Il pensait en effet qu’instruire le peuple permettrait de parvenir au bonheur universel. Disons plutôt qu’il avait une vision optimiste de l’Homme.
Il faut lui reconnaître le mérite d’avoir pensé que l’instruction ne devait pas s’arrêter au niveau de l’école primaire et qu’elle devait se poursuivre toute la vie. Il a ainsi lancé le concept d’éducation permanente.
Ovide Decroly (1871-1932) est un médecin et pédagogue belge qui s’est d’abord intéressé aux enfants anormaux avant d’ouvrir une école ouverte aux enfants sans problème, l’école de l’Ermitage, dans les environs de Bruxelles. Son enseignement s’appuie sur le principe « l’école par la vie, pour la vie ». Il s’agit d’une méthode active basée sur le centre d’intérêt. À partir d’un thème qui peut se rapporter à une saison, un événement, une visite faite par la classe, une question d’intérêt général telle que l’eau, tous les exercices de la semaine (la lecture, la rédaction, les problèmes, les sciences, le dessin…) se rapportent au thème choisi.
L’enseignant propose des enquêtes, les élèves font leurs propres recherches ; les travaux peuvent également être faits en groupe. L’un des intérêts de cette méthode est d’apprendre aux élèves à aborder les questions globalement, l’autre étant de les conduire vers l’autonomie.
Une héroïne de roman, d’opéra et de cinéma :
CARMEN
Carmen est un bel exemple du pouvoir de la création : la gitane rebelle née de l’imagination de Prosper Mérimée est devenue grâce à l’opéra de Bizet une héroïne connue dans le monde entier. Les cantatrices lui ont donné une voix et un visage, puis le cinéma a amplifié le phénomène au point de rendre éternelle Carmen, la femme libre, séductrice et bohémienne que tout le monde aime.
Prosper Mérimée (1803-1870) est connu pour avoir écrit de nombreuses nouvelles, par exemple Colomba qui raconte l’histoire d’une vendetta, mais aussi des essais historiques et des récits de voyages.
L’histoire se passe en Andalousie. L’héroïne est une jeune gitane d’une grande beauté, une rebelle qui fréquente des contrebandiers. Le brigadier Don José chargé de la conduire en prison tombe sous le charme de la bohémienne. Il la laisse s’échapper, devient bandit par amour. Mais Carmen est une femme libre. Don José l’apprend à ses dépens. Fou de jalousie il finit par la tuer.
Qui aurait pu imaginer que cette héroïne allait susciter un formidable engouement dans le monde entier, comparable à celui suscité par Esméralda, gitane elle aussi, née de l’imagination de Victor Hugo quelques années plus tôt, en 1831 !
Une chose est certaine : c’est l’opéra de Georges Bizet, composé en 1875, qui a contribué à créer la légende de Carmen. Bizet n’a pu connaître le succès retentissant de son œuvre. Il est mort quelques mois plus tard, à l’âge de trente-sept ans.
L’opéra de Bizet fascine tous ceux qui l’ont vu et entendu. On ne se lasse pas des airs de Carmen. Certains ont été fredonnés par des millions de gens :
« L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser….
L'amour est enfant de bohème
Il n'a jamais, jamais, connu de loi
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime
Et si je t'aime, prends garde à toi... »
Une vingtaine de films ont été réalisés sur le thème de Carmen. Citons-en quelques-uns : le film muet de Cecil B. De Mille réalisé en 1915 qu’on a pu voir ces dernières années projeté avec un accompagnement musical de l’Orchestre National de Lille, Carmen Jones (réorchestré en jazz), film d’Otto Preminger avec Dorothy Dandridge et Harry Belafonte. Carmen, de Francesco Rosi avec Julia Migenes-Johnson, le film de Carlos Saura avec Laura del Sol. Et avec beaucoup d'autres...
Figures de l'école émancipatrice n° 1
Barbara W. HDe l’Antiquité à nos jours, philosophes et pédagogues ont élaboré des doctrines pédagogiques souvent adaptées aux besoins et à l’esprit de leur époque. C’est ainsi que pour Platon l’éducation courante doit préparer les futurs guerriers et la discipline doit être ferme. Au Moyen-Âge, on met l’accent sur l’éducation physique importante pour les chevaliers et sur la doctrine chrétienne.
Il faut attendre la Renaissance pour voir apparaître des conceptions humanistes avec Érasme (1467-1556) qui rêve de former des esprits éclairés et cultivés.
Rabelais (1483-1553) peut être considéré comme le premier partisan d’une école émancipatrice. Il préconise l’épanouissement des personnes, la liberté et le culte de la Nature.
Montaigne (1533-1592) fait des propositions intéressantes : il est contre les contraintes et l’enseignement livresque ; l’éducation doit contribuer à affirmer les personnalités. Malheureusement sa vision est aristocratique.
Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a conçu une pédagogie qui est un des éléments importants de son projet de société. Condamnant la société de son époque qu’il juge immorale, il décrit dans l’Émile une société idéale où « aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable. » Pour lui tous les hommes sont égaux et l’éducation doit être populaire. Émile reçoit « l’éducation de la nature », il n’est pas nécessaire qu’il devienne un savant ou un lettré, l’essentiel est le développement de son jugement.
Si le programme de Rousseau est révolutionnaire et mène à l’émancipation du garçon, il n’en est pas de même pour l’éducation de la fille que le philosophe soumet à la domination de l’homme.
Barbara W.H.
Un art de vivre : la contemplation
Schopenhauer a écrit dans Le monde comme volonté et comme représentation, cette phrase :
« Ainsi un seul et libre regard jeté sur la nature suffit-il pour rafraîchir, égayer et réconforter d’un seul coup celui que tourmentent les passions, les besoins, les soucis...»
Ce que dit Schopenhauer dans cette phrase nous concerne tous. Il nous rappelle que les passions - même si elles sont nécessaires - font souvent souffrir, qu’il en est de même pour le désir car dès que celui-ci est satisfait, de nouveaux besoins surgissent. Quant aux soucis, ils font partie de la vie quotidienne : soucis de santé, fins de mois difficiles, stress au travail, crainte du chômage, difficultés dans les relations humaines...
Il existe une façon simple de trouver l’apaisement et elle est à la portée de tous : il suffit de regarder ce qui est beau.
De nombreux poètes ont adopté cette démarche, en particulier ceux de la Renaissance. Ils ont chanté le charme de la nature, invitant leurs lecteurs à profiter pleinement de l’instant présent. C’est seulement à partir du 19e siècle - avec le romantisme - quand ils se sont repliés sur eux-mêmes que les poètes ont exprimé leur tristesse, leur mal-être.
Contempler un paysage, c'est se retirer momentanément du monde extérieur, c'est oublier nos propres problèmes, nos envies, c'est apprécier la beauté de la forêt qui est devant nous, c'est ouvrir les yeux, écouter le moindre bruit, sentir les parfums qui montent vers nous. Et accessoirement tenter plus tard de traduire sur le papier ce que nous avons ressenti.
Les musées abritent des tableaux, des sculptures et d’intéressantes traces du passé. La contemplation d'un tableau, par exemple une toile de Gauguin, procure un plaisir aussi fort que celui qu'on éprouve devant la nature. On apprécie la composition du tableau, le contraste des couleurs, la grâce des personnages. Le génie de l'artiste est de recréer la nature, d'immortaliser une scène en la transcendant.
Les églises et les cathédrales sont des lieux de prières, ouverts à tous. Chacun peut y entrer, quelles que soient ses convictions, pour se soustraire quelques instants aux bruits de la ville. Ce sont des lieux où le corps s'imprègne du silence intense qui l'entoure pareil à celui des forêts anciennes.
Dans cette ambiance calme, le visiteur apprécie la splendeur de l’architecture, des tableaux et des statues.