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mardi 2 juin 2015

Carnet de bord : Libération animale, évolution humaine

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


Libération animale,
Évolution humaine

« La bienveillance n’est pas une denrée limitée, on peut la destiner tant aux humains qu’aux animaux"
 Matthieu Ricard

 « Au niveau individuel, l'acte de consommation est une approbation de l'idéologie spéciste de notre société. »
 Peter Singer 

« Les végétariens sont des gens normaux qui proposent une solution pour le futur.»
 Aymeric Caron
( Ces phrases ont été prononcées lors de la conférence sur la libération animale)
                         *
Cette conférence qui a réuni ce week-end à Paris, à la Cité des Sciences, Matthieu Ricard, scientifique et moine bouddhiste, Peter Singer, philosophe australien et Aymeric Caron, journaliste, tous trois engagés en faveur de la cause animale, constitue un événement, non seulement par le succès qu’elle a connu ( plus de 900 personnes présentes) mais surtout à cause du thème développé : la libération animale, thème traité dans sa globalité, dans une recherche de cohérence qui conduit  à inclure  dans la réflexion la question du végétarisme et ses autres formes ( végétalisme, véganisme).


Si nous voulons que l’humanité ait un avenir soutenable, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’établir de nouvelles règles.
Consommer moins de viande, et mieux encore  s’en passer : 
- c’est respecter la vie
- c’est améliorer l’état de la planète
- c’est être solidaire des pays pauvres ( en évitant  les famines, les pénuries d’eau qui deviendraient inévitables si rien ne change.
- c’est   lutter pour la paix, car aggraver le déséquilibre entre pays riches et pauvres c’est créer les conditions favorisant de nouveaux conflits.

On aimerait entendre de la part de tous les écologistes et des partisans de la transition écologique, une position claire sur cette question.

samedi 30 mai 2015

Humeurs n° 6 : Trains. Attention, danger !

« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ” 
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966



TRAINS : Attention danger !

C’est un rapport du député socialiste Philippe Duron auquel il faut faire beaucoup de publicité. Non pas pour sa qualité, ou son originalité. Tout au contraire ! Ce rapport, présenté comme un  plan choc pour sauver le train est une menace pour l’avenir du transport ferroviaire. Et il faut réagir pour qu’il ne soit jamais appliqué !

Résumons brièvement la situation :
- Pendant des décennies, à partir des années 60, l’Etat a fait le choix de privilégier le transport routier ; la France a vu se multiplier les autoroutes. Et le ferroviaire s’est dégradé progressivement ( matériel vieillissant, fermeture de gares...
À partir des années 80, les régions, nouvellement créées, ont beaucoup investi pour améliorer le transport ferroviaire qui en avait bien besoin : elles ont commandé de nouvelles rames, ont rénové des gares.  Le TER ( Transport express régional) s’est développé.

De son côté, la SNCF a misé  sur le TGV, belle innovation technique permettant de concurrencer l’avion sur de longues distances mais qui ne peut suffire seul.
Pour un aménagement harmonieux du territoire, trois types de transport ferroviaire sont nécessaires : le TGV pour les lons trajets, les  trains Corail - ou Intercités - pour des distances moyennes (par exemple Paris-Boulogne) et le TER qui relie les villes d’une même région.
Je suis profondément attaché au train pour trois raisons ; la première est celle que je viens de rappeler : il contribue à l’aménagement du territoire. 
La seconde est son intérêt écologique : dans une période où tout doit être fait pour lutter contre le réchauffement climatique, proposer de fermer des lignes ferroviaires  pour mettre les voyageurs dans des autocars est incompréhensible dans le contexte de la transition énergétique. 
Enfin, il y a l’aspect social : les tarifs du train doivent être à la portée de tous.I l suffit de faire parler les chiffres pour démontrer que les trains Corail doivent être maintenus :
En TGV : le coût moyen d’un aller et retour Boulogne- Paris est de 70 euros ; en train Corail, il est de 30 euros.

Je prends le train régulièrement depuis longtemps et j’appréciais beaucoup le Corail.
Au fil des ans, j’ai pu noter la dégradation du service : des voitures dont les portes étaient bloquées, des toilettes indisponibles, des retards fréquents...
Mon dernier déplacement à Paris, au début du mois, a montré que la situation s'aggravait : on nous a fait changer de train à Amiens (la ligne est  en principe directe)  sans explication !   Entre Amiens et Paris, la plupart des gens étaient debout, serrés comme dans un métro aux heures de pointe. Le train a changé de trajet ( sans doute à cause de travaux), ce qui a occasionné un retard. Sans explications, sans excuses.
Et ensuite on écrit des rapports pour constater qu’il y a un problème avec les trains Intercités !
Si la SNCF et l’Etat - autorité organisatrice - respectaient davantage les usagers, il y aurait plus de monde dans les trains et la planète se porterait mieux !




jeudi 28 mai 2015

Débattre, difficile exercice

Assemblées, comités, commissions, conférences, réunions publiques, congrès, colloques...les occasions de débattre ne manquent pas, mais le débat fécond, celui où chacun écoute l’autre, celui d’où naissent des idées nouvelles, est bien rare.


Le débat est le moteur de la démocratie. J’ai à plusieurs reprises  regretté ces derniers temps l’absence de vrais débats sur des questions essentielles. Tout le monde a encore en mémoire la tragédie de Sivens. La cause de celle-ci était un manque de démocratie.
Entre l’intérêt général (dans ce cas-là, la défense de la biodiversité) et les intérêts particuliers, il n’y a pas à hésiter : le premier doit l’emporter. 

L’exercice de la démocratie n’est pas chose facile. Le système  représentatif a montré ses limites ; quant à la démocratie participative - encore peu pratiquée - elle risque, si les règles ne sont pas  précisément définies, d’être confisquée en partie par les groupes  ou les individus les plus actifs, par ceux qui sont plus aguerris aux techniques du débat.

Certains pensent que le  débat devrait avoir pour but la recherche du consensus. Si celui-ci peut convenir dans certaines circonstances, dans de nombreux cas il est nécessaire de faire des choix.
Face à un projet de fermeture de ligne de chemin de fer, par exemple,  il n’y a que deux réponses possibles : on y est favorable ou on est contre.

Le débat est la confrontation entre des idées différentes. Cela ne demande  pas forcément un affrontement brutal ; au contraire, sur certains points précis, la rencontre des idées peut aboutir à un compromis honorable pour les parties en présence.


Dans la réalité, le débat ne se fait pas seulement sur des idées.  Vous y croisez l’agressivité de l’un, la mauvaise foi de l’autre, l’indifférence, le scepticisme, la flatterie,  vous vous heurtez aux mensonges, à la volonté de nuire, à l’arrogance du prétentieux, vous subissez les injures du malotru, les sarcasmes du jusqu’au-boutiste...Stoïquement vous résistez à ces interventions peu agréables car le débat doit être poursuivi.

N’oublions pas que les progrès sociaux  ont été acquis depuis  l’antiquité à la suite de conflits et de luttes.La lutte a donc son utilité. Mais comme  disait le poète : « Rien n’est jamais acquis à l’homme ».
Après le progrès, la régression menace toujours. C'est ce qui contraint l'Homme à poursuivre sans relâche le combat pour des idées meilleures.

mardi 26 mai 2015

Pour éviter le pire


Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



J’ai consacré mon précédent billet à l’entrée de Jean Zay  au Panthéon. J’aurais pu  aussi évoquer les trois autres résistants qui vont avoir cet honneur : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou Pierre Brossolette. Et pourquoi pas l’ensemble des résistants qui ont lutté pour faire reculer le nazisme et préserver nos libertés ?
Parce que, si le Panthéon a pour but d’honorer des personnages dont notre pays est fier, il serait sans doute plus juste, pour certains, de leur associer tous ceux qui ont agi avec la même conviction qu’eux.
Choisir ceux qui vont  entrer au Panthéon a toujours un côté arbitraire. Mais ce choix a la plupart du temps une valeur symbolique. 
Cette année, deux femmes sont mises à l’honneur ; cela traduit une évolution de la société française qui, peu à peu, donne à la femme la place qu’on lui a longtemps refusée.
Quant au choix des résistants, il permet de rappeler aux plus jeunes  un passé qui est encore proche puisque certains d’entre nous l’ont connu.

Si j’ai  choisi de rendre hommage à Jean Zay, c’est avant tout parce que sa vie, son parcours, son action en tant que ministre de l’Education nationale, me semblent propices à une réflexion sur le présent et l’avenir.
Il arrive qu’on compare l’époque actuelle  aux années 30. Bien sûr, il y a eu au cours de ces années-là une grave crise économique, une forte  poussée de l’extrême droite, la montée de l’antisémitisme, dont Jean Zay fut l’une de victimes. Mais il y a eu aussi de 1936 à 1938 des années d’espérance, de réformes, de progrès social, que Jean Zay représente également.

L’antisémitisme et le racisme en général n’ont pas encore été éradiqués, bien au contraire, et il peut être utile de rappeler en cette période de  doute, les dangers qu’ils représentent.
Quant à la crise économique qui peut pousser certaines personnes sans espoir à se jeter dans les bras d’illusionnistes, elle n’est pas près de se terminer si l’on ne rompt pas, au niveau de l'Europe, avec l’austérité qu'elle nous impose.

L’espérance que représentait le Front populaire fut brisée en avril 1938 par un changement de politique incarné par Daladier  et déboucha peu après sur la plus désastreuse guerre que le monde connut.
Ces évènements tragiques ont permis de montrer les deux visages de la France, symbolisés par les intellectuels : ceux qui se rangèrent dans le camp  des collaborateurs ( Drieu la Rochelle, Paul Morand, Brasillac, Céline, Maurras...) et ceux - heureusement beaucoup plus nombreux) qui choisirent la Résistance (Jean Cassou, Pierre Emmanuel, Michel Leiris, Loÿs Masson, Aragon, Eluard, Jean Tardieu, Max-Paul Fouchet, Stéphane Hessel...)

Soixante-dix ans plus tard, le contexte n’est plus le même ; la menace la plus forte vient d’une société globalisée qui tarde à reconnaître ses erreurs et freine le changement ; et on entend peu les intellectuels dans les combats contre les périls d’aujourd’hui ( le dérèglement climatique, le racisme, la pauvreté).

On attend un réveil des intellectuels. Il ne s’agit plus aujourd’hui de rêver de lendemains enchantés ; il s'agit d'affronter avec lucidité la réalité pour éviter le pire.

mardi 19 mai 2015

Quatre idées familières (900e)

u temps présent ».



Quatre idées familières

Il m’arrive  parfois de critiquer les nouvelles technologies ; je dois  cependant leur reconnaître un intérêt certain.
Il y a quarante ans, quand  on  publiait dans une revue un poème ou une chronique, on l’abandonnait aux lecteurs sans savoir, la plupart du temps, comment l'écrit serait perçu.
Aujourd’hui, grâce à la technologie, toutes les statistiques qui peuvent intéresser l’auteur d’un blog sont à sa disposition.
C’est ainsi que j’ai été informé que ce billet était le 900e de la Rumeur du temps. J’ai aussi appris quels étaient les choix des lecteurs. Les billets les plus lus sont donc :
1. Information et écologie
2. Poésie du langage populaire
3. Les bergers ( poème en prose)
4. Les tournesols - variations n° 2 ( art et poésie)

Si le choix de l’écologie ne m’étonne pas, en raison de l’importance que celle-ci a prise en cette période cruciale pour l’avenir de l’humanité, c’est une agréable surprise pour moi de constater la bonne place occupée par la poésie.

La poésie, cet art que les médias traditionnels ont abandonné depuis longtemps, est un mode d’expression, une rencontre, qui est au centre de mes activités.

Albert Camus  écrivait dans Noces : « On vit avec quelques idées familières. Deux ou trois ».
À‭ l’occasion de la sortie de son dernier livre‬ Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, on a reproché à Modiano d’écrire toujours le même livre.
Il y a une part de vérité dans ce deux remarques.

Chaque auteur a ses thèmes préférés ; il peut les traiter des dizaines de fois, là n’est pas le problème. L’essentiel pour lui est de ne pas lasser le lecteur. Pour cela il doit se renouveler sans cesse, afin de le surprendre toujours,  en choisissant de nouveaux angles, en explorant la complexité des choses et des sentiments.
Cette démarche est  aussi celle qu’on utilise dans l’enseignement. Prenons l’exemple d’une matière, l’ histoire. De l’école primaire à l’université, on va rencontrer les mêmes personnages, les mêmes évènements ; à chaque étape, on approfondit le sujet,  on va de plus en plus loin dans la complexité.

Si je suis la pensée de Camus, les quelques idées  familières qui m’accompagnent depuis toujours sont au nombre de quatre :
- la  poésie est essentielle à l’Homme
- on a besoin de  la nature

« Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?»
( Ronsard - extrait de Contre les bûcherons de la forêt de Gatine)
Dès l’école primaire, à une époque on le mot écologie n’était pas popularisé, c’est par le biais de la poésie que j’ai pris conscience de ce qu’on devait à la nature. Ronsard, et plus tard Richepin, Guillevic, et bien d’autres, ont montré la nécessité pour l'homme d'une osmose avec  la nature.
En rendant hommage  à mon tour à celle-ci, je me suis engagé en toute logique dans le combat pour l’écologie.
Quand ils  marchent au cœur de la nature, les poètes
« puisent  leur  force
dans le vent et la pluie,
dans  le chant des étoiles,
écoutent les histoires     
que leur  content les arbres.» ( Les marcheurs)
Et leur imagination leur permet de sortir de la monotonie et des inquiétudes du quotidien.
La poésie née de la contemplation de la nature et tournée vers les autres devient un art de vivre :               
« Il suffit d’un  chemin 
au bord du ruisseau qui flâne 
entre les arbres 
avant de rejoindre la rivière 
pour  deviner la mer 
et aller au bout du monde.»


samedi 16 mai 2015

HUMEURS n° 5 : Pesticides, l'aberration

« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ” 
( Georges Brassens - L’épave)
Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966

PESTICIDES : L’aberration



Tout le monde aujourd’hui connaît les dangers des  produits chimiques - pesticides, insecticides, herbicides, fongicides... - utilisés en agriculture intensive pour améliorer les récoltes. 
On nous fait croire que ceux-ci sont indispensables alors que les agriculteurs bio démontrent chaque jour que les méthodes naturelles permettent de s’en passer.
Si la fondation Nicolas Hulot fait circuler actuellement une pétition (1) pour interdire les pesticides, c’est parce que ceux-ci  contribuent, de manière dramatique à la disparition des abeilles. Or ce sont les insectes pollinisateurs qui, en transportant le pollen, assurent la reproduction de la plupart des fruits et des légumes que nous mangeons.
Les pesticides polluent  les écosystèmes, notamment les milieux aquatiques, et nuisent à la santé.
Trois  millions de personnes sont intoxiqués par eux  chaque année  et selon l’OMS, ils causent la mort de  milliers de personnes, surtout dans les pays en développement (2)

Quant aux  insecticides, ils  font partie de la famille des pesticides. Comme leur nom l’indique, ils sont destinés à détruire les insectes, leurs larves, leurs œufs, ainsi que les arthropodes.

Pour comprendre pourquoi le combat des associations écologistes  contre les pesticides est difficile, il suffit de savoir que cette  industrie  représente aujourd’hui un marché estimé à environ 40 milliards de dollars dans le monde ! (3)

La loi du marché doit-elle s’imposer quand la santé des personnes et la biodiversité sont en cause ?
La logique voudrait qu’on réponde non.
Pourtant, dans un pays comme la France, on n’hésite pas à franchir les frontières de l’aberration en poursuivant des vignerons bio «coupables» d’avoir refusé de traiter leurs vignes avec des insecticides chimiques.
Après Emmanuel Giboulot  ( qui a été relaxé en 2014 après avoir prouvé que l’arrêté préfectoral imposant le traitement par insecticide n’était pas légal ) c’est un vigneron du Beaujolais, Thibaut Liger-Belair, qui est convoqué au tribunal correctionnel le 19 mai, pour avoir refusé  de lutter contre   la flavescence dorée , cette maladie de la vigne due à une petite bactérie, en utilisant un insecticide chimique. 

Vouloir imposer des produits dangereux quand la logique voudrait qu’on s’en passe ! Oui,  « nous vivons un temps bien singulier». 

2. source : planetoscope.com
3  source : idem

COMMENTAIRE

20 mai 2015 : J'apprends ce matin que Thibaut Liger-Belair, qui comparaissait devant le tribunal de Villefranche-sur-Saône a été relaxé.

mardi 12 mai 2015

Carnet de Bord : 10 mai

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


Sur mon carnet de bord, j’ai noté cette semaine :
Vendredi 8 mai : La commémoration de la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945, semble de moins en moins suivie par les populations. Peut-être faudrait-il rendre hommage autrement aux victimes du nazisme ?
Samedi 9 : Journée à Paris. Plaisir des voyages en train et des repas en famille.
Dimanche 10 mai : belle journée de printemps ; je pense au 10 mai 1981 (à développer)
lundi 11 : La télé rend hommage à Renaud, silencieux depuis plusieurs années. L’inspiration n’est peut-être plus là mais il nous reste  ses superbes chansons;  

10 mai
Dimanche 10 mai. Enfin les beaux jours sont revenus. Cet après-midi, le monde se pressait vers les plages de sable de la Côte d’Opale. Entre Hardelot, la station bourgeoise lancée en 1905 par un mécène anglais, John Whitley,  et Le Touquet la mondaine, créée quelques années plus tôt par le même personnage, se trouve Sainte-Cécile, une jolie station plus modeste. C’est là que nous goûtons souvent, ma femme et moi, le plaisir toujours renouvelé, des promenades au bord de la mer.

Et au retour, assis dans le jardin, dans les odeurs du lilas refleuri,c’est l’heure où je laisse vagabonder l’esprit, où mûrit la prochaine chronique ( celle que vous avez sous les yeux).


Le 10 mai 1981 est fixé dans la mémoire collective. Pour les uns, c’était l’annonce d’un cataclysme, la crainte irrationnelle de voir les chars russes entrer dans Paris. Certains  étaient même prêts à s’exiler ! 
Pour le peuple de gauche, c’était le moment attendu depuis tant d’années. Pour ceux de ma génération qui avaient connu la fin peu glorieuse de la  IVe République, le retour soigneusement préparé de De Gaulle, les utopies sans lendemain de mai 68, la France ronronnante de Pompidou et celle plus moderne - mais seulement dans la forme -  de Giscard, l’élection de François Mitterrand représentait l’espoir d’un changement. Des signes furent rapidement donnés ; la création des radios libres, la suppression de la peine de mort, la place accordée à la culture furent de réelles avancées.
La suite ne fut pas à la hauteur des espérances et des révélations sur le passé du Président, les amitiés embarrassantes, la nomination au gouvernement d’un homme d’affaires contesté troublèrent les électeurs.

Dans la soirée de dimanche, la Chaîne parlementaire est revenue sur cette période.
Avec le recul du temps, les images parlent davantage et sont parfois cruelles.
Nous avons revu les acteurs pleins de fougue des années Mitterrand, ces jeunes qui fondèrent SOS Racisme. On les voyait, Harlem Désir en tête,  remplis d’enthousiasme, lutter pour une belle cause. Mais déjà, pointaient les ambitions personnelles...
Cette gauche avait choisi la belle expression de Rimbaud « Changer la vie ». Formule de poète que la politique politicienne n'a pu mettre en pratique.

On a revu   les visages aujourd’hui bien connus de ces énarques  qui étaient dans l’entourage du président. Beaucoup sont devenus ministres, certains le sont encore ; l’un d’eux est l'actuel président de la République.
Ces cadres, ces élites, ont oublié d’écouter le peuple qui leur faisait confiance  et le peuple déçu s’est éloigné d’eux, allant chercher ailleurs d’autres sources d’espoir, parfois sans issue. 

Au milieu des années 60, pendant plusieurs étés, j’ai dirigé des stages franco-africains dans le Tarn, à Graulhet, Lacaune, Carmaux... Nous étudions sur le terrain les mutations économiques d’un secteur et cherchions des solutions pour le futur. C’est à cette occasion que j’ai rencontré des personnes âgées qui avaient connu Jaurès. Ces gens avaient été ouvriers, petits paysans, postiers, instituteurs...Certains l’avaient entendu parler, tous avaient lu ses écrits et partageaient ses idées.
Ils avaient déjà le sentiment que ces idées avaient tendance à être dénaturées.

Alors, en ce 10 mai 2015, j’ai pensé :
-  Que diraient-ils aujourd’hui ?


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Ramon Ciuret : Souvenirs, souvenirs... 

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