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mercredi 1 avril 2009

WELCOME ( le film)


Par temps clair, les falaises blanches de Douvres paraissent si
proches quand on les regarde de Calais.

WELCOME

Je vis  à une trentaine de kilomètres de Calais. J'ai eu l'occasion de me rendre plusieurs fois au centre de Sangatte. J'y ai rencontré réfugiés et bénévoles. Avant même d'avoir vu  Welcome, je me suis réjoui de constater que le film de Philippe Lioret suscitait un  débat sur la question de l'immigration. C'était déjà un premier succès.
Je viens de voir le film. C'est une réussite à plus d' un titre, grâce à la qualité de l'interprétation ( Vincent Lindon, dans le rôle d'un maître nageur calaisien, Audrey Dana, sa femme, en instance de divorce, et Firat Ayverdi,  un jeune Kurde de 17 ans dans le film, dont le rêve est de rejoindre son amie en Angleterre en traversant le détroit à la nage. La mise en scène est sobre et efficace et les images de Calais sont superbes.
  On suit avec intérêt l'histoire d'un couple qui se déchire et d'un autre qui veut se retrouver, mais le coeur de l'histoire, c' est le destin de tous ces réfugiés kurdes, afghans, africains... qui ont fui leur pays soit parce qu'il était en guerre ou parce qu'il ne respecte pas les droits de l' homme ou bien encore parce qu'il ne leur permettait  pas, pour des raisons
économiques, de vivre dignement.

Jusqu'à  maintenant, aucune  réponse satisfaisante n'a été apportée à la détresse de ces immigrés.
Les mesures répressives prises notamment par la France et la Grande-Bretagne n' ont eu aucun effet. 
La fermeture de Sangatte, en 2002, voulue par le ministre de l'intérieur de l'époque et  applaudie par de nombreux élus de droite et de gauche n'a rien résolu. Certes ce centre de transit et d'accueil humanitaire ne pouvait être qu'une solution provisoire, mais il a permis - grâce notamment à l' action des associations impliquées - d'accueillir des milliers de personnes qui y trouvaient momentanément  la nourriture,  l'hébergement et un peu de réconfort.
Six ans après, des centaines de réfugiés errent dans les rues de Calais et vivent dans des conditions plus déplorables que par le passé, avec toujours le même espoir: celui de rejoindre l' Angleterre, par  n' importe quel moyen, mais toujours au péril de leur vie.
Seuls les soutiennent des bénévoles qui, en les aidant, risquent à tout moment des ennuis judiciaires.
Si le film de Philippe Lioret est une fiction, il dépeint avec beaucoup de justesse la réalité: l'indifférence des clients d' un magasin lors de l'intervention des policiers, la dénonciation d'un voisin de Simon, le maître-nageur, la distribution des repas par les bénévoles. Et il n'élude pas le problème des passeurs qui profitent de la détresse humaine pour gagner beaucoup d'argent.
On peut rappeler d'ailleurs que c'est au nom de l'éradication de cette pratique que le gouvernement français a justifié sa politique répressive d'immigration, et que cela n'a pas empêché les passeurs de poursuivre leur besogne.

On peut souhaiter que tous ceux qui ont vu "Welcome" et qui regardaient les clandestins avec suspicion, les verront désormais comme des victimes qui ont droit à la dignité.


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