Le fait minoritaire peut
être vu sous différents angles. Je limiterai aujourd'hui la
réflexion à deux aspects : les minorités du point de vue des
libertés et de la démocratie, les minorités "actives" et
l'innovation sociale.
Qu'il s'agisse du premier
ou du deuxième sens, j'ai toujours éprouvé de l'empathie pour les
minoritaires, ceux qui sont privés de la liberté de penser, de
pratiquer leur religion, de parler la langue de leur région et les
autres, ceux qui avancent à contre-courant de la pensée dominante
pour faire germer des idées nouvelles.
Dès l'école primaire,
les souffrances endurées par les minorités m'ont révolté. C'est
ainsi que le récit des persécutions subies sous Louis XIV par les
communautés protestantes - lors des dragonnades – m'horrifiait ;
la suppression de l'édit de Nantes qui conduisit, en 1685, à
l'exil en Hollande ou en Suisse un grand nombre d'entre eux m'était
apparu comme un acte ignoble d'intolérance.
Aujourd'hui encore, dans
de nombreux pays, les brimades subies par des gens en raison de leur
appartenance à une religion minoritaire perdurent. Cela démontre
que la croyance religieuse qui devrait se limiter à la sphère
privée et être garantie pour tous dans tous les pays est dans la
réalité un fait social qui peut être instrumentalisé par des
chefs d'état totalitaires ou par des hiérarchies religieuses
essayant d'imposer à tous leur vision des choses.
Par ailleurs, dans une
démocratie où nul ne devrait être inquiété en raison de ses
opinions politiques et philosophiques, l'existence de réseaux
extrémistes constitue un danger pour les droits de l'homme :
ces réseaux ne cessent d'exprimer leur haine envers ceux qui
pratiquent une autre religion que la leur.
D'autres minorités
existent, traitées durement dans certains pays : minorités
ethniques telles que les Kurdes de Turquie et d'Irak, les Indiens des
Etats-Unis, minorités victimes de discrimination à cause de leurs
orientations sexuelles...
Sur un autre plan, dans
une démocratie comme la France, le sort des minorités politiques
n'est pas enviable : en effet le poids qu'elles représentent
dans l'électorat est fortement réduit en raison d'un système
bipolaire qui amplifie les résultats des grands partis. Il s'agit là
d'une injustice : seule la proportionnelle intégrale peut
exprimer la réalité de diversité des opinions des citoyens.
Enfin j'évoquerai une
autre forme de minorité, celle qui regroupe en France ( d'autres
pays sont plus évolués) les végétariens. Certes leur cas paraît
moins insoutenable que celui des minorités évoquées plus haut. Il
n'en reste pas moins que les personnes qui ont fait ce choix pour
des raisons éthiques, écologiques ou personnelles, sont trop souvent
l'objet de moqueries et voient leurs idées contrariées dans
la vie de tous les jours : en de nombreux lieux ( cantines,
réunions de travail...), la liberté de manger selon leurs
convictions n'existe pas.
En ce qui concerne le
respect des minorités, beaucoup de progrès restent donc à faire.
(À suivre)
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