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jeudi 27 mars 2014

L'urgence sociale ( Regard sur une élection)



Depuis dimanche soir, les commentaires sur le premier tour des élections municipales ont été nombreux. Qu'il s'agisse de ceux faits par les politiques ou de ceux des journalistes, ils abordent la question de manière superficielle : les premiers n'analysent pas : ils pensent au second tour, les seconds s'expriment dans l'immédiateté.
Ces commentaires incomplets se rejoignent sur certains points : ils soulignent le niveau élevé de l'abstention, les bons scores du FN dans certaines villes et – malgré quelques exceptions ici et là - la chute impressionnante du PS due à la déception des électeurs qui n'ont pas retrouvé dans les actions menées depuis deux ans par le gouvernement les promesses du candidat à la présidence.

Je voudrais pour ma part apporter un autre éclairage, lié aux réflexions que je mène en ce moment sur les enjeux de la transition écologique dont j'ai déjà présenté quelques principes dans ce blog ( notamment dans les billets intitulés Changer d'ère et récemment dans Les anonymes).
Rappelons au passage que l'idée de transition est née du constat que la société mondialisée était au bord du gouffre et qu'elle n'offrait aucune piste crédible pour s'attaquer aux problèmes environnementaux, mais aussi aux questions sociales et économiques.

Si dimanche dernier les questions environnementales n'ont pas joué un rôle fondamental dans le choix des électeurs ( malgré un score honorable des écologistes), l'aggravation des inégalités sociales et le rejet d'une certaine façon de faire de la politique ont conduit de nombreux électeurs à s'abstenir ou à voter pour la droite extrême.
Comment en est-on arrivé là ?
En France, l'Assemblée constituante avait jeté les bases d'une société plus juste en décidant, lors de la fameuse nuit du 4 août 1789, d'en finir avec le «  régime féodal » et avait supprimé tous les privilèges.
On s'est vite éloigné de l'idéal révolutionnaire de 89, exprimé par la devise républicaine. Dans son livre La société des égaux (éditions du Seuil), Pierre Rosanvallon écrit que l'égalité signifie que « nul n'est soumis à la volonté d'autrui »*, c'est-à-dire que chaque personne a droit à l'autonomie, que dans ses relations sociales, elle s'exprime librement, en toute indépendance.
Le rapport le plus inégal entre les hommes avait été l'esclavage ; en garantissant dès la naissance l'égalité pour tous, la République apportait la liberté, l'émancipation.

Or, cette égalité inscrite dans les textes, n'a jamais été une réalité. Dans les usines et les bureaux, la hiérarchie a imposé sa domination, les notables de la politique et les prétendues élites ont regardé les gens du peuple avec condescendance. L'égalité des chances devant les études et le travail n'a jamais existé. Mais grâce aux combats menés par les travailleurs au cours des 19e et 20e siècles, les inégalités sociales se sont progressivement réduites.
À partir des années 80, observe Pierre Rosanvallon, les choses ont changé : « Nous sommes au cœur d'une contre-révolution » écrit-il.
Les inégalités se sont accrues : il s'agit d'un phénomène mondial ( 3 milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars et demi par jour et 1% de la population mondiale détient la moitié des richesses * ).
La France n'échappe pas à ce phénomène : les droits fondamentaux n'existent plus pour ceux qui sont privés de travail ( on ne parle même plus de plein emploi), l'accès au logement devient de plus en plus difficile, la grande pauvreté à laquelle on avait promis de s'attaquer persiste.

Certains exploitent cette situation en proposant des idées contraires aux principes républicains : ils rejettent l'égalité et lui préfèrent l'idée de supériorité, ils rejettent la fraternité et prônent la division et l'exclusion. Sans égalité et sans solidarité, les libertés n'existeraient plus.
Aujourd'hui, dénoncer ces théories conservatrices et dangereuses ne suffit plus.
La seule issue possible est de s'attaquer dès maintenant à l'injustice sociale. 
C'est l'une des priorités de la transition : rétablir les équilibres écologiques et sociaux, et construire une société conviviale dans laquelle chacun serait libre et solidaire des autres.

* La société des égaux p.39

* source : Oxfam

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