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vendredi 31 août 2012

La beauté des jours ordinaires (14)


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant tout le mois d’août, la Rumeur du temps  a pris un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret. Nous voilà déjà au terme de cette série qui m’a permis de vous présenter quelques-unes des œuvres de Ramon. Je remercie celui-ci de m’avoir laissé la liberté de choisir les photos qui m’inspiraient le plus.

Pour terminer, voici aujourd’hui :

La fête 





Quel meilleur thème que celui de la fête alors que s’annoncent septembre, la rentrée et le retour à une réalité qui sourit à peu de gens ?
Car la fonction première de la fête, depuis des milliers d’année, c’est d’abord de faire oublier les difficultés de la vie quotidienne, c’est pour les plus pauvres l’occasion d’améliorer l’ordinaire, de manger de manière excessive  pour compenser les privations qu’on connaît tout au long de l’année,sans penser au lendemain ; c’est depuis des siècles le moyen d’effacer les barrières sociales dans les carnavals qui permettent  aux subordonnés de choisir le déguisement, le masque, qui les transformeront en princes. 



La fête, c’est aussi la possibilité de s’émerveiller, ce qui est naturel chez l’enfant mais de plus en plus rare chez l’adulte ; c’est ce besoin de rêver qui fait le succès de la grande roue illuminée qui tourne dans la nuit aux alentours de Noël, du feu d’artifice du 14 juillet ou du corso fleuri.

Enfin la fête, c’est le plaisir de se retrouver en famille, entre amis, entre habitants du même quartier ou du village pour discuter, échanger, à l’occasion d’un anniversaire, d’un événement heureux. 

La fête est une pause qui ne change rien à la vie des gens mais qui leur apporte quelques heures de plaisir.







mercredi 29 août 2012

La beauté des jours ordinaires (13)


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Hiver



L’eau est partout ; elle est en nous, elle coule de la source à la mer, elle dort dans l’étang et le lac, elle tombe fine ou drue, trop souvent ici, trop rarement ailleurs, elle se fige en hiver sur la vitre froide et sur le sol. 
Elle apaise et effraie. On l’aime et il arrive qu’on la déteste, mais on ne peut oublier que sans elle la vie ne serait pas.
L’eau, sous toutes ses formes, inspire les artistes ; les photographes lui doivent de splendides photos. Pour eux, l’hiver est la saison idéale, celle qui transforme les paysages, qui les embellit quand une couche de neige les recouvre.

Regardons cette photo. À priori la scène pourrait inspirer un sentiment de tristesse : on y voit un arbre qui dérive ; le tronc creux porte les traces du déracinement, c’est un arbre mort. Bien sûr, on préfère les  arbres qui se dressent fièrement vers le ciel. 
Cependant une impression de beauté se dégage de cette photo. Elle vient du mouvement des vagues, bien visible à l’arrière-plan, de la présence de neige sur le tronc et surtout de ces morceaux de glace qui pendent sous l’arbre comme des stalactites dans une grotte et  qui ont la transparence du cristal.

Quel que soit son état, quel que soit le lieu, l’eau attire le regard, provoque une émotion.







lundi 27 août 2012

La beauté des jours ordinaires (12)


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Automne



Matin froid d’automne —
Une feuille solitaire
s’accroche à la vie. 

L’automne, avec sa palette de couleurs variées parmi lesquelles dominent les bruns et les rouges, inspire les photographes. Ils nous montrent souvent de superbes  paysages de forêts, d’arbres longeant une rivière, de parcs jaunissants aux allées couvertes de feuilles…
Ici l’automne est représenté de manière minimaliste : une simple branche sur un fond grisâtre… et une feuille.

Cette photo  me plaît à cause de sa simplicité qui convient parfaitement à la saison ; elle évoque le dépouillement de l’arbre  et, en plus, elle apporte une pointe d’ironie : cette unique feuille rougeâtre qui ne s’est pas détachée, comme les autres, de la branche semble nous adresser un message.

Elle nous rappelle le cycle immuable des saisons qui veut que chaque année, sur beaucoup d’arbres, les feuilles se détachent et vont rejoindre le sol où elles se décomposeront lentement pour enrichir la terre et permettre ainsi le renouvellement de la vie.
Celle-là a échappé provisoirement à  ce cycle, ce qui arrive de temps à autre. Cela nous  permet ainsi  de découvrir dans un jardin une rose ou une fraise au milieu de l’hiver.




vendredi 24 août 2012

La beauté des jours ordinaires (11)


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Ondulations



De cette photo je ne sais qu’une chose : elle a été prise un jour de mai où il faisait très chaud.
Ce que nous avons sous les yeux est surprenant. Est-il vraiment nécessaire de comprendre l’ensemble des phénomènes qui ont contribué à ce résultat ? Je ne pense pas. Lorsque vous assistez à un numéro de magie et que vous voyez l’assistante du magicien transpercée par de multiples épées puis sortir indemne de sa boîte, vous savez bien qu’il y a quelque part un tour de passe-passe, mais vous ne cherchez pas à le connaître, l’important c’est d’avoir frissonné.
Il en est de même pour cette photo. Il suffit de la regarder et de laisser faire l’imagination. Elle percera le mystère, à sa façon.
Les ondes vertes verticales au premier plan, les quelques anneaux verts, jaunes et blancs ici et là, sur un fond sombre qui semble lui aussi en mouvement, le tout a l’apparence d’une œuvre abstraite.
La nature, à maintes reprises, nous offre ainsi des spectacles remarquables qu'un filtre, un microscope, peuvent mettre en évidence et que l'artiste parvient à recréer.

mercredi 22 août 2012

La beauté des jours ordinaires (10)

L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Le cygne

« Il glisse sur l' eau
avec la grâce de ceux
qui côtoient les dieux. »






Ce qui frappe avant tout chez le cygne, c’est l’élégance des lignes. Bien qu’il soit un des oiseaux les plus lourds, il donne une impression de légèreté, de finesse. La blancheur pure du plumage a sûrement contribué à forger les légendes qui l’entourent ( on associe son nom notamment à Zeus et à Apollon).
On apprécie sa beauté quand il avance d’une manière impériale au milieu d’un lac, mais le spectacle du cygne en train de voler est lui aussi magnifique. L’instant le plus impressionnant  est celui de l’amerrissage : il positionne ses ailes de telle manière qu’elles offrent la plus grande surface possible à l'air, afin de perdre de la vitesse et de se poser en douceur sur l’eau. C’est ce  moment magique qui a été fixé par l’objectif de Ramon. L'impression de mouvement  est créée  par les remous de l'eau et le déploiement des ailes.

vendredi 17 août 2012

La beauté des jours ordinaires n°8


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Le lac



Nous regardions « le lac
renaître de la brume…

Nous avons goûté le silence
et figé
dans nos mémoires labiles
l'intimité de l'instant qui nous faisait vivre. »
 ( extrait du poème L’instant )

Ce que notre mémoire risque d’oublier, le dessin ou le tableau d’un artiste peut le fixer sur la feuille de papier ou la toile ; l’invention de la photo le permet également.
Mieux même, ces différents modes d’expression nous font partager l’émotion ressentie par celui qui l’a vécue.

Aujourd’hui, nous avons sous les yeux le lac de Michelbach, en Alsace. La photo a été prise au milieu du mois d’août, tôt le matin. Dans un tableau ou une photo, la lumière joue un rôle important, qu’elle provienne du soleil, d’une bougie ou d’une lampe.
Quand il s’agit de paysages, c’est au lever et au coucher du soleil que leur beauté apparaît le mieux. Le ciel  et l’eau prennent alors des couleurs chaudes ( orange, rouge), les arbres, les plantes, s’enveloppent de mystère et deviennent des ombres.
C’est toute la magie d’un lever de soleil sur un lac qui transparaît dans cette photo. 



lundi 13 août 2012

La beauté des jours ordinaires n°6


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

L’épeire



L’attitude de l’être humain vis-à-vis des animaux est étrange, irrationnel et influencé par de vieilles croyances qui n’ont aucun fondement scientifique. On peut aussi constater que l’aspect physique des bêtes ( qu’elles soient minuscules ou énormes) a son importance : beaucoup de gens aiment la coccinelle, le paon du jour (pour ses belles couleurs), le rouge-gorge, et détestent les araignées ou les crapauds.
Pendant des siècles, les scientifiques ont contribué à déformer la réalité en classant les animaux et les végétaux en deux catégories: les nuisibles et les utiles. Leur jugement était tronqué car il résultait de l’idée de domination de l’homme sur la nature.
Nous savons aujourd’hui que la biodiversité, c’est-à-dire la variété des  espèces, permet au milieu de rechercher en permanence son équilibre.
Regardons alors autrement tout ce qui vit.

Pourquoi faudrait-il détester ou craindre, par exemple, cette épeire que Ramon a surprise au bord de l’eau, en train de recommencer, comme elle le fait chaque matin, à filer patiemment sa toile ? Ce spectacle est superbe.

Certes, l'épeire risque de vous piquer comme le ferait un moustique, mais dans la chaîne de la vie, elle tient son rôle : elle se nourrit d’insectes et elle-même sera un jour avalée par un reptile ou un oiseau.
Ne jouons pas les trouble-fête, regardons pour mieux comprendre.

vendredi 10 août 2012

La beauté des jours ordinaires n°5


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Il pleut sur Paris




J’aime cette photo pour l’ambiance qu’elle crée. Le décor fait penser aux  films d’après-guerre ; s’il n’y avait pas la  lumière projetée par les lampadaires, l’endroit paraîtrait sinistre : un pont, un canal, un quai sous la pluie, une atmosphère digne des romans de Simenon.
Heureusement, il y a cette lumière qui éclaircit le pont, qui joue avec les vaguelettes et donne à l’eau des reflets verdâtres, cette lumière qui sous la pluie fait briller les pavés bruns.
Et puis il y a a ce couple qui marche d’un pas décidé, à l’abri d’un parapluie partagé. On ne sait rien d’eux, on ne distingue pas leur visage, on ne voit que deux silhouettes : celle, très fine de la femme, celle, plus  imposante, de l’homme.

Qui sont-ils ? Où vont-ils ?
Comme la poésie, la photographie fait appel à notre sensibilité, à notre imagination. Chacun donne la réponse qui lui convient.

mercredi 8 août 2012

La beauté des jours ordinaires n° 4


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

Le papillon



Un papillon qui vient se poser sur une fleur, dans un jardin ou dans un pré, c’est — hélas — une scène de plus en plus rare aujourd’hui. La diminution des espaces naturels pour cause de constructions diverses, la pratique de la monoculture, l’emploi d’insecticides, en sont la cause.

Certains qui prétendent être passionnés par les papillons, les chassent, les tuent puis les enferment, parfaitement alignés. Ces collectionneurs n’ont pas fait le bon choix : la beauté de ces lépidoptères ne peut véritablement s’apprécier que lorsqu’ils sont en vie.
Il suffit de suivre quelques instants leur trajectoire imprévisible pour apprécier leur grâce, leur légèreté et, pour le photographe patient, d’attendre l’instant où ils se poseront  sur une fleur pour aspirer le nectar dont ils vont se repaître (ou sur un arbre dont ils suceront la sève).

Alors, avec un peu de chance, pour le plaisir des yeux, ce beau spectacle qui fait se mêler les couleurs vives de l’insecte et celles du végétal, sera fixé pour longtemps. Scène vivante que la nature nous offre tous les jours et que Ramon a si bien su saisir !

lundi 6 août 2012

La beauté des jours ordinaires n° 3


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret
Aujourd’hui :

La nuit tombe  sur Venise






Venise. Cette ville  fait rêver ceux qui n’y sont jamais allés et ceux qui souhaitent y retourner un jour… 
Venise et son Grand Canal, le pont du Rialto, ses palais, ses gondoles noires et asymétriques, son carnaval, la place Saint-Marc envahie par les pigeons, le Lido et tant d’autres merveilles…

Bien sûr les photographes ont fait d’elle des milliers de clichés ; on retrouve ces photos dans les guides touristiques, les livres d’art, certaines sont devenues des cartes postales. Comment le photographe du 21e siècle  doit-il s’y prendre pour faire une œuvre différente, originale ?
J’aime la démarche de Ramon : il a choisi de photographier Venise à la tombée du jour, à l’heure où le soleil disparaît à l’horizon et où la ligne noire du toit des maisons, des palais, des dômes de basiliques, se découpe sur le ciel jaunissant. Un réverbère au premier plan domine la scène. On ne voit pas de gondoles, mais on sait qu’elles ne sont pas loin.

vendredi 3 août 2012

La beauté des jours ordinaires n°2

L’œil de Ramon Ciuret


Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances grâce aux photos de Ramon Ciuret.
Aujourd’hui :

La vie sur l’étang




Les photographes de talent ont une qualité commune : ils nous procurent un instant de bonheur quand on regarde leurs œuvres. On est séduit par la beauté de la composition, par les couleurs ; on ressent une émotion devant la scène qui se déroule.
Dans certains cas, la photo a un autre rôle ; elle donne la possibilité de voir ce qui échappe à l’œil humain. Grâce à la patience du photographe, à sa discrétion qui lui permet de passer inaperçu, grâce aussi à la technique, ce qui est minuscule voire microscopique devient visible. Nous pouvons alors avoir devant les yeux de superbes scènes qui nous font mieux connaître le monde environnant.
Cette photo de Ramon en est un bel exemple : il a pu saisir, au bord d’un étang, le spectacle d’un insecte ( en l’occurrence un anax empereur) en train de pondre.
Sur la terre 3 animaux sur 4 sont des insectes. Le nombre d’espèces est si grand que les scientifiques sont incapables de dire exactement combien il y en a. Certains sont détestés des hommes, pourtant chacun d’eux contribue à la richesse de la biodiversité, chacun d’eux est une expression de la vie.

C’est ce que je ressens en regardant cet anax vert et bleu que les grandes ailes translucides rendent élégant.
Le reflet de la petite bête dans l'eau, superbement rendu, ainsi que l'environnement végétal donnent à cette scène naturelle un côté féérique. Oui, la nature est belle !

mercredi 1 août 2012

La beauté des jours ordinaires n°1


L’œil de Ramon Ciuret

Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances : Ramon Ciuret  a accepté de partager quelques-unes de ses œuvres ; ce  talentueux photographe qui vit à Mulhouse nous démontre qu’il n’est pas nécessaire de voyager loin pour faire de beaux clichés, il suffit d’avoir sur les gens, la nature et les choses un regard bienveillant, et un sens aigu de l’observation. 
Avec lui  retrouvez la beauté des jours ordinaires, quel que soit le temps, quelle que soit la saison.

Vous avez dit : Objectif




Au premier regard, ce qui frappe dans cette photo, c’est la couleur dominante : le bleu. Bleu sombre du ciel qui annonce la nuit, bleu pâle du visage énigmatique qui emplit une grande partie de l’espace. On connaît la valeur symbolique du bleu ; il invite au rêve, il représente l’infini, la paix (on pense alors à Verlaine) :
«  Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme ! »

Et puis il y a  ces arbres longs et fins qui se dressent vers le ciel et tendent la tête  pour pénétrer dans l’espace de clarté.
Photo magnifique ! Avec elle, le mot objectif (pris dans tous les sens) vient immédiatement à l’esprit.
Il y a d’abord l’aspect technique bien sûr: quel objectif le photographe a-t-il choisi ? Mais là n'est pas l'essentiel.
On peut se demander aussi quel a été son objectif quand  il a  appuyé sur le déclencheur : a-t-il cherché à nous surprendre, à nous étonner ? 
Enfin a-t-il été objectif en prenant ce cliché ? L’angle sous lequel les arbres ont été photographiés montre que l’auteur a  pris nettement parti : il a représenté la nature en l’interprétant à sa façon. Cette démarche est celle de l’artiste, du poète. 

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