Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».
Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, sur mon carnet de bord, j’ ai noté :
Jeudi 2 avril : ce soir : théâtre à Boulogne ( Rollmops - Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand )
Théâtre : Cyrano de Bergerac
Le théâtre, ce fut d’abord pour moi la magie du rideau rouge.
Je repense à l’émotion ressentie quand je suis entré la première fois dans un théâtre. C’était à Arras :
Vous entrez dans une salle plus ou moins grande, vous vous asseyez et vous attendez patiemment que s’ouvre le rideau. Le brouhaha monte peu à peu ; il s’arrête brusquement lorsque le brigadier ( traditionnellement orné de clous dorés et de velours rouge) frappe trois fois le plancher. Le rideau s’écarte et le miracle de la rencontre débute. Car le théâtre, c'est aussi - ce que le cinéma n'offre pas - une rencontre avec des acteurs.
Ce cérémonial était impressionnant. Il tend à disparaître. Ce jeudi en pénétrant dans la salle du Rollmops, on pouvait déjà voir le décor de la pièce, un décor moderne composé de panneaux mobiles qui se déplacent facilement car ils sont équipés de roues.
Grâce aux jeux de lumières et aux projections d’images, ce décor prend vie. Il devient même impressionnant dans la scène qui évoque le siège d’Arras.
Le théâtre est très vivant à Boulogne-sur-mer grâce à plusieurs troupes. Le Rollmops ( un nom choisi pour rappeler que Boulogne est un grand port de pêche où ce filet de hareng mariné est apprécié) est une troupe professionnelle qui aime revisiter le répertoire classique en offrant une mise en scène moderne.
Le choix cette année de Cyrano de Bergerac est judicieux. Cette pièce, en effet, touche particulièrement les Boulonnais car c’est l’un des leurs - Constant Coquelin - qui tenait le rôle principal lors de la première en 1897.
Cet acteur, sociétaire de la Comédie française, a d’ailleurs participé à la création de l’œuvre et à sa mise en scène.
Le rôle de Cyrano demande beaucoup d’énergie... et une excellente mémoire : plus de 1600 vers doivent être mémorisés. Laurent Cappe s’est glissé dans le costume porté par Coquelin et l’inoubliable Daniel Sorano avec brio, fougue et maîtrise, entouré par des acteurs eux aussi excellents.
Cyrano de Bergerac
Le personnage a réellement existé. Savinien Cyrano de Bergerac est né à Paris en 1619 ; il est mort en 1655. Il était romancier et dramaturge. On sait peu de choses sur sa vie. On le disait libre penseur et libertin.
Le Cyrano présenté dans la pièce d’Edmond Rostand doit beaucoup à l’imagination de l’auteur. À partir d’un scénario somme toute simple ( un homme au physique ingrat à cause d’un nez imposant est amoureux de sa cousine - Roxane - qui aime un beau jeune homme, Christian de Neuvillette) il bâtit une pièce qui ne connaît pas de temps morts, passant par des moments de bravoure, d’émotion, de tendresse. Une pièce qui montre en définitive l’ambigüité et la complexité de l’amour.
Rostand
Un mot pour finir sur l’auteur, Edmond Rostand fils d’Eugène, économiste et père de Jean, savant et humaniste. Il est rare que dans une famille trois générations connaissent la renommée dans trois disciplines différentes.
Comme d’autres auteurs ( Cervantès, Dante, La Bruyère...) Edmond Rostand a connu la gloire avec une seule œuvre. Même si l’histoire de Cyrano semble en décalage avec notre époque, l’histoire de cet homme qui déclare son amour par l’intermédiaire d’un autre réussit toujours à nous toucher.
C'est une pièce qui devrait vivre longtemps encore.
Affiche du Rollmops théâtre ( détail) |
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