Cette
rubrique - Choses vues, lues, entendues – est en quelque sorte un
carnet de bord. On y trouve des impressions et des réflexions nées
de scènes que j’ai vues (dans la réalité ou sur des écrans), de
propos entendus, d’autres inspirées par des lectures (articles,
livres)...
Vu : Les déracinés
Les
images qu’en donne la télévision sont d’une profonde
tristesse. Un jeune homme qui ne doit pas avoir plus de seize ans
montre à une
journaliste sa
sacoche :
dedans, il n’y a que quelques sous-vêtements, des
crayons, des cahiers, un ou deux livres. C’est tout ce qu’il
possède.
Le
commentaire est affligeant. On a pris l’habitude d’appeler ce
lieu où vivent plusieurs milliers d’êtres humains la jungle.
Pourquoi employer ce mot qui n’a que deux sens : c’est un
lieu où vivent les grands fauves, ou un endroit où les plus forts
imposent leur loi.
À Calais,
survivent
des femmes, des hommes, des enfants qui ont tout perdu. Leur vie
était devenue un enfer, ils ont quitté leur village ou leur ville
pour trouver la liberté, pour vivre normalement. Ce sont des
victimes des dictatures, des guerres qui enrichissent
les marchands d’armes ; ils
subissent les
injustices générées par la société globalisée.
Ils
sont partis parce qu’ils
espéraient trouver sur
leur chemin
un peu de solidarité. Celle-ci existe mais de façon très
insuffisante. De
nombreux pays refusent de les accueillir ; en France, dans les
communes qui doivent
les recevoir, des xénophobes et des racistes manifestent leur
colère. Le
bidonville sera rasé car le
gouvernement français a choisi, une fois encore, la voie du
démantèlement. Il
est probable que celui-ci
ne résoudra rien.
La
façon dont les réfugiés, déracinés malgré eux, sont traités en
dit long sur le monde d’aujourd’hui, incapable de gestes d'empathie et de justice.
Lu :
La grande histoire du monde
En
me promenant dans les allées d’une librairie, j’ai découvert un
livre qui vient de sortir : La grande histoire du monde, de François
Reynaert (700 pages).
Cet
ouvrage sort dans une période qui voit les pays se replier sur
eux-mêmes, où l’Occident n’a pas encore compris que le temps de
la domination s’achève.
Depuis
une vingtaine d’années, des historiens ont cessé de regarder le
monde avec la vision étriquée des Occidentaux, ils ont développé
une nouvelle façon de concevoir l’histoire : la global
history.
L’auteur
adresse un message clair aux nationalistes :
« ...le
strict enfermement dans ses frontières, sa culture, ses grands
hommes, son passé, n’est pas un service à rendre à son pays »
François
Reynaert, adepte de l’histoire globale, contribue avec cet ouvrage
à ouvrir les esprits.
Entendu :
Le diable (Brel)
Un
autre regard intéressant sur le monde, c’est celui de Jacques
Brel. Bien avant les multiples crises qui ont secoué la planète, il
dénonçait dans son premier disque, en 1954, la haine et la bêtise ;
avec optimisme, il nous invitait à regarder, au-delà de la saleté « ce qu’il y a
de beau ». C’était l’époque où Brassens le taquinait
gentiment en l’appelant « l’Abbé ».
Dans
ce disque figurait la chanson Le diable dans laquelle Brel dit
notamment :
« Les
hommes s'amusent comme des fous /Aux
dangereux jeux de la guerre, ça va...
Rien
ne se vend mais tout s'achète/ L'honneur et même la sainteté
ça va »
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