(Cette
chronique paraît le premier mardi de chaque mois)
Révolution
Comme
beaucoup d’autres, le mot révolution prête à confusion
car il a plusieurs sens (du mouvement d’un astre au renversement
d’un régime par la force, en passant par une simple évolution ou
une transformation (la révolution industrielle).
Cette
multitude de sens a permis à l’ancien ministre Emmanuel Macron de
prendre ce mot pour titre de son récent livre, sans risquer
d’apparaître comme le nouveau Danton ou le Robespierre du 21e
siècle.
Révolutionnaire
Le
nom révolutionnaire est plus clair :
Le
révolutionnaire est celui « qui apporte des changements
radicaux et soudains (Le Robert).
Ces
deux adjectifs sont importants : la radicalité s’oppose au
réformisme, la soudaineté à l’évolution lente.
*
La
Révolution éclate toujours pour mettre fin à un régime qu’une
partie de la population juge insupportable à cause du manque de
libertés, de la corruption des dirigeants, de la misère du peuple.
C’est
ce qui s’est produit à Cuba au milieu du 20e siècle.
Un mouvement est né pour chasser du pouvoir le dictateur Batista. À
sa
tête, deux révolutionnaires indiscutables : Che Guevara et
Fidel Castro.
Le premier connut un destin tragique. Exécuté en 1967
par l’armée bolivienne, il est
aujourd’hui encore le
symbole du
révolutionnaire romantique ; des jeunes de tous les pays
portent un tee-shirt orné
de sa photo et ont accroché un poster du héros dans leur chambre.
Le second n’a pas su éviter les dérives qu’on observe dans de
nombreuses révolutions : le culte de la personnalité, la
persécution des adversaires, les atteintes à la liberté
d’expression…
Pourtant on
ne peut nier des avancées sociales (notamment
dans le domaine de la santé),
ainsi
que les
efforts pour améliorer l’éducation. Les témoignages de Cubains
entendus ces derniers jours à l’occasion de son décès montraient
leur reconnaissance pour celui qu’ils appelaient « El
Comandante ».
On ne peut cependant accepter qu'une révolution apporte quelques améliorations sur certains points si cela se fait au détriment des libertés.
C'est le
problème des révolutions telles qu’on les a connues jusqu’à ce
jour : elles ne garantissent pas un avenir forcément
meilleur. Inspirées par des intellectuels (Rousseau, Élisée
Reclus, Marx, Bakounine…), elles portent au pouvoir des hommes qui
dénaturent la pensée de ceux-ci, les uns pour satisfaire des
ambitions personnelles ; les autres, parce que leur extrémisme
les aveugle.
La
« révolte radicale » parfaite reste encore à inventer.
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