Rechercher dans ce blog

vendredi 30 mars 2012

Contes brefs ( 20) : L'heure de vérité

1. L'attente

Dans son bureau de l’hôtel de ville où il s’était isolé, Maurice Darieu couvrait de gribouillages le journal qui était étalé devant lui. C’était une de ses petites manies. Dès qu’il était contrarié il barbouillait le papier qui était à sa portée.
Il tourna la tête vers la large baie vitrée qui donnait sur la grand- place. Il aperçut au loin, entre deux immeubles, le port et la jetée. Les Parisiens avaient profité de ce premier week-end  ensoleillé pour se rendre sur le littoral. Les promeneurs avaient envahi le bord de mer. Ils se pressaient le long de la digue ou buvaient une bière à la terrasse des cafés, près de la plage.



Maurice Darieu éprouvait le besoin de souffler un peu. Il savait que la soirée allait être longue et fatigante. C’était d’ordinaire un homme jovial. Son humour plaisait aux journalistes qui se délectaient des petites phrases qu’il lançait dans les réunions, des bons mots qui faisaient rire l’assistance. Cet après-midi là, pourtant, dans la solitude de son bureau, il y avait sur son visage un mélange de tristesse et d’inquiétude apparemment inexplicables. Les  derniers sondages réalisés  pronostiquaient sa victoire avec quatre ou cinq points d’avance sur son  adversaire. Sa victoire semblait acquise pour beaucoup de gens.  A quelques heures du verdict, cet avantage le laissait indifférent.
Pour Maurice Darieu, l’essentiel était ailleurs.

( à suivre)



mercredi 28 mars 2012

Ecole : À propos des devoirs




Voilà que l’on parle à nouveau des devoirs à la maison, une question qui en principe aurait dû être réglée en 1956, année où leur suppression a été décidée.
Pourtant, de nombreux enseignants continuent d’en donner, à la demande — dit-on — des parents.

À l’école primaire, les devoirs écrits, c’est-à-dire des exercices de français et de calcul se rapportant aux leçons données en classe, sont inutiles, inefficaces et injustes.

Si tout le monde est d’accord pour affirmer que l’école n’est pas le seul lieu où l’enfant apprend, il lui appartient d’enseigner les notions de base indispensables à la poursuite des études ; son rôle est aussi d'apprendre à apprendre.
Les heures de travail en classe sont suffisamment lourdes pour des élèves âgés de 6 à 11 ans ; il n’est pas nécessaire d’y ajouter un temps supplémentaire de travail à la maison qui augmente leur fatigue. 
D’autre part — et là aussi l’accord est quasi unanime — les devoirs à la maison aggravent le clivage entre milieux sociaux, certains parents n‘étant pas en mesure d‘aider convenablement leurs enfants. La disponibilité plus ou moins grande des parents  est  aussi un facteur d’inégalité. Elle  peut être  plus réduite quand les mères et les  pères élèvent seuls leurs enfants .
Les devoirs sont inutiles, il ne suffit pas de le proclamer : il faut que l’école se donne les moyens de réduire les inégalités. 
La seule réponse possible est dans une pédagogie différente, inspirée de celle que pratiquent depuis de longues années  les adeptes de l’ École Moderne (créée par les époux Freinet) qui développe l’autonomie des élèves, organise le travail par groupes, met à disposition des élèves de nombreux documents, une bibliothèque. Cette organisation de la classe permet à l’enseignant de prendre en charge, à certains moments de la journée, les élèves en difficulté.
Les activités en dehors de l’école se limitent alors à l’apprentissage de poèmes, à la lecture de livres empruntés à la bibliothèque de l’école et à des activités libres épanouissantes.
Bien sûr cette pédagogie réclame des enseignants bien formés. Hélas les dernières mesures prises par l’Education nationale ne vont pas dans ce sens.





lundi 26 mars 2012

22 avril 2012




Les écologistes savent que le 22 avril, depuis 1970, se déroule la Journée mondiale de la Terre.
En France, le même jour, aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle.
Les deux événements se télescopent, c’est un fait du hasard.
Chez nous, l’attention se portera certainement davantage sur le second. Même si les Français subissent les désordres d’une économie mondialisée, ils savent que le rôle du Président de la République, s’il bénéficie d’une majorité au parlement, continue d’être important. Différents sondages montrent qu’ils attendent de lui une baisse du chômage, l’amélioration des conditions de vie, la garantir des libertés,  l’indépendance de la justice,  plus de justice sociale, le rassemblement des  citoyens de toutes origines et de toutes confessions, l’évolution de l’Europe qui doit cesser d’être un espace d’austérité et d’injustice…
Du point de vue de la démocratie, l’élection présidentielle est bien un fait qui compte. Elle laisse malheureusement peu de place à l’écologie.

En même temps, le Jour de la Terre est là pour nous rappeler que chaque citoyen dans le monde  a un rôle à tenir en vue de protéger la planète.

mercredi 21 mars 2012

Haine, le mot de la semaine (70)


Chaque semaine, voici — à partir d’un mot —  une   réflexion développée brièvement. 

          Aujourd’hui,  le mot :   haine



 " L'égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; la fraternité n'en a pas ! "   (Lamartine)

Quelle  est la nature profonde de la haine ? Pourquoi un membre d’une communauté se laisse-t-il gagner par ce sentiment  violent qui le pousse à mener des attaques destructrices répétées contre une autre personne ou une autre communauté ? Pourquoi cette volonté de l’homme haineux de tuer virtuellement celui qui travaille dans la même entreprise que lui ou  celui qui appartient au même mouvement politique ? 
La psychanalyse nous fournit  des éléments de réponse. La haine est une perversion observée depuis des lustres. Elle est une manifestation lamentable  de la négation de l’humain,  un enfermement dans des certitudes qui perturbe le jugement. 
Lorsque celui qui tient un discours haineux abandonne le terrain virtuel pour  passer à l’acte et cause la mort d’innocents, la haine  bascule dans l’horreur ; elle  montre le côté sombre de certains hommes. 
Si la folie meurtrière ne peut dans certaines circonstances être évitée, il appartient à la société d’œuvrer sans relâche pour faire reculer l’intolérance, le fanatisme, la violence.

lundi 19 mars 2012

Ecrire



Dans un récent billet, j'ai évoqué  le bonheur de lire.  A propos de l’acte d’écrire  je n’associerai pas le mot «bonheur» car certains livres ou poèmes sont écrits dans la douleur, les auteurs cherchant à se reconstruire grâce à  l’écriture ou à exister — je pense notamment à ceux qui vivent sous la dictature.
Mes réflexions sur la culture m’ont conduit depuis longtemps à privilégier la créativité plutôt que la « consommation » qui reste même, si elle est éclectique, un acte passif. Cela ne signifie pas qu’il faille négliger la seconde, au contraire. Tout écrivain se nourrit de ses lectures ; il en est de même pour le compositeur ou le peintre qui après avoir étudié l’œuvre de ses maîtres, s’émancipe de leur influence pour créer des morceaux ou des tableaux révélant leur originalité.
Les raisons qui poussent à écrire sont nombreuses. Dans certains cas, c’est la volonté de transmettre un savoir qui est le moteur. Le désir  de convaincre pousse le philosophe, le scientifique, à s’exprimer : c’est ce qui explique le grand nombre de livres consacrés ces dernières années à l’avenir de la planète.
Certains écrivains veulent être des témoins de leur temps ; leurs personnages traduisent les travers de leur époque.
Pour d’autres, l’ambition est tout simplement de distraire, d’emmener le lecteur dans des aventures variées, en le conduisant dans des intrigues qui ménagent le suspens.
Tous (en principe) écrivent parce qu’ils aiment les mots et n’oublient pas qu’au-delà de l’histoire, des idées véhiculées, la littérature est appréciée pour la beauté et l’originalité du style.
Et puis il y a ceux qui s’expriment par le biais de la poésie. Leur exigence est très forte ; ils luttent avec les mots jusqu’à ce que jaillisse l’image qui n’a jamais été utilisée, l’assemblage qui surprendra le lecteur. Leur insatisfaction les pousse à retravailler longuement le vers qui a surgi, à supprimer ceux qui leur paraissent manquer de vigueur. Ceux-là sont dans un autre registre, celui de l’Art. 

vendredi 16 mars 2012

Austérité, le mot de la semaine (69)


Chaque semaine, voici — à partir d’un mot —  une   réflexion développée brièvement. 

          Aujourd’hui,  le mot : 

  austérité


Le mot austérité évoque, lorsqu’il s’agit de  personnes, la dureté, le refus des plaisirs, la sévérité ; on pense tout de suite à la vie menée dans les monastères.
Quand il s’agit de choses, l’austérité dégage une impression de froideur, de tristesse : la pièce austère dans laquelle  vit cet homme, la robe austère que porte cette femme s’harmonisent souvent avec le caractère de ceux-ci.
Dans la société, les périodes d’austérité correspondent toujours à des moments difficiles. Durant les guerres, les gens connaissent les restrictions, le rationnement. Quand surgit une crise économique grave comme celle que nous traversons actuellement, les gouvernements ont tendance à  voir dans la politique d’austérité la seule réponse possible. Ils augmentent les impôts et souvent bloquent — et parfois même diminuent — les revenus. Cette solution hélas ! n’est pas la bonne car elle ne fait qu’aggraver la situation ( voir ce qui se passe en Grèce). Elle ne résout pas les problèmes car elle touche essentiellement les personnes modestes et ne s’attaque pas à la racine du mal.
Si l’austérité n’est pas la bonne réponse, il y a une alternative à celle-ci : la simplicité volontaire qui demande à chacun de participer à l’effort collectif, les  plus riches y contribuant plus fortement, dans un esprit de justice.

dimanche 11 mars 2012

Il y a un an : FUKUSHIMA


  Il y a un an se produisait  la catastrophe de Fukushima. Aujourd’hui dans le monde entier des manifestations sont organisées pour exprimer la solidarité envers les victimes japonaises et pour rappeler les dangers du nucléaire.
En France, le réseau Sortir du Nucléaire organise une grande chaîne humaine entre Lyon et Avignon  pour demander la sortie du nucléaire. Stéphane Hessel soutient cette initiative. « La technologie nucléaire est mortifère et prétendre la contrôler est une illusion » écrit-il dans une lettre à l’association.
Cette manifestation  doit être un grand succès afin d’exprimer clairement :
- notre solidarité envers les Japonais.
N’oublions pas que la   catastrophe  a  provoqué  près  de 
20 000 morts (et on ignore à ce jour les conséquences précises sur la santé de millions de gens), contraint plus de 340 000 personnes à abandonner leur domicile, détruit un million de bâtiments, rendu des villes inhabitables, causé des souffrances morales qui ont conduit à une augmentation du nombre de suicides ( plus 20%)
- notre volonté de changer de politique énergétique
en accélérant la sortie du nucléaire. 
Pour des raisons morales : laisser aux générations futures des déchets dangereux est irresponsable.
Pour des raisons de sécurité : malgré les propos rassurants des lobbies pro-nucléaires, des accidents graves peuvent survenir.
Pour des raisons économiques : le coût réel de l’énergie nucléaire est nettement supérieur à ce qui est officiellement annoncé ; en terme d’emplois, les énergies renouvelables sont plus efficaces.
Pour une meilleure démocratie : le nucléaire fonctionne dans l’opacité, les énergies renouvelables permettent la transparence.
Tirons la leçon de Fukushima.

Lundi 12 mars 2012 :

La chaîne humaine entre Lyon et Avignon a connu un beau succès. Cela montre que  de nombreux citoyens n'acceptent pas le nucléaire et sont déterminés à poursuivre leur lutte..
Cliquez  ci-dessous pour en savoir plus sur 
cette manifestation .

vendredi 9 mars 2012

En marchant (13)



Sentiers, chemins et routes

Dans cette série de billets consacrés à la marche, j'ai à plusieurs reprises évoqué Henry David Thoreau, marcheur infatigable et  précurseur de l'écologie moderne.  

Toute la pensée de Thoreau s'appuie sur son amour de la nature : « Je reste en plein air à cause de l'animal, du minéral, du végétal qui sont en moi » écrivait-il dans son Journal. Il était persuadé que l'homme tirerait de l'observation attentive de la nature les leçons qui lui permettraient de comprendre la vie.
Cette philosophie élaborée au milieu du 19e siècle reste pertinente aujourd'hui. Elle ne signifie pas que les défenseurs de la nature, comme on le dit trop souvent, se désintéressent des problèmes humains. Elle rappelle simplement que l'homme ne doit pas oublier son appartenance au monde du vivant et que tout comportement humain responsable impose de respecter la planète et la vie sous toutes ses formes.

Chaque pas que l'on fait sur un chemin forestier, sur une petite route de campagne, sur une avenue de grande ville, illustre la pensée de Thoreau.

Le sentier forestier nous permet d'être en harmonie avec la nature. 

Le chemin de campagne démontre l'intelligence humaine qui a su tirer profit des lignes droites, des courbes, des bosses et des creux naturels sans défigurer le paysage. 

Et l'avenue qui traverse la ville traduit  soit le génie des bâtisseurs soit  l'arrogance destructrice de ceux qui ignorent la nature.

mercredi 7 mars 2012

Enfance et poésie


Le 14e Printemps des Poètes a pour thème l’enfance.
Beaucoup de  poètes (parmi eux les plus grands) ont écrit sur ce thème. Les enfants de leur côté aiment la belle poésie, celle de Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire, Desnos, Supervielle, Follain...
Faire se rencontrer l’enfance et la poésie, cela semble si évident !

Contribution au Printemps des Poètes




L'adulte qui a la nostalgie des rentrées des classes de son enfance ne regrette pas le temps qui a passé mais les espérances déçues.
_______

Souvenirs d’enfance

En ce temps-là dans le bosquet,  nous nous prenions pour des héros. Nous rêvions de pampas lointaines dans les herbes folles des prés et des chevaux imaginaires nous emmenaient au bout du monde.
Je me souviens du pont rustique où nous traversions la rivière ; l'eau coulait avec nonchalance, nous regardions filer l'anguille entre les roseaux et les pierres.
─ Nos enfances furent heureuses ─
                                      _______

L’enfant et la pomme

Le pépin, raison d’être du fruit, n’intéresse pas l’enfant qui regarde la pomme.  Il est émerveillé par ses belles couleurs vives  où se mêlent le jaune orangé, le rouge et le vert et   il ne pense qu’à une chose en la voyant : prendre cette pomme et mordre avidement sa chair sucrée.  


Chroniques les plus lues