Voilà que l’on parle à nouveau des devoirs à la maison, une question qui en principe aurait dû être réglée en 1956, année où leur suppression a été décidée.
Pourtant, de nombreux enseignants continuent d’en donner, à la demande — dit-on — des parents.
À l’école primaire, les devoirs écrits, c’est-à-dire des exercices de français et de calcul se rapportant aux leçons données en classe, sont inutiles, inefficaces et injustes.
Si tout le monde est d’accord pour affirmer que l’école n’est pas le seul lieu où l’enfant apprend, il lui appartient d’enseigner les notions de base indispensables à la poursuite des études ; son rôle est aussi d'apprendre à apprendre.
Les heures de travail en classe sont suffisamment lourdes pour des élèves âgés de 6 à 11 ans ; il n’est pas nécessaire d’y ajouter un temps supplémentaire de travail à la maison qui augmente leur fatigue.
D’autre part — et là aussi l’accord est quasi unanime — les devoirs à la maison aggravent le clivage entre milieux sociaux, certains parents n‘étant pas en mesure d‘aider convenablement leurs enfants. La disponibilité plus ou moins grande des parents est aussi un facteur d’inégalité. Elle peut être plus réduite quand les mères et les pères élèvent seuls leurs enfants .
Les devoirs sont inutiles, il ne suffit pas de le proclamer : il faut que l’école se donne les moyens de réduire les inégalités.
La seule réponse possible est dans une pédagogie différente, inspirée de celle que pratiquent depuis de longues années les adeptes de l’ École Moderne (créée par les époux Freinet) qui développe l’autonomie des élèves, organise le travail par groupes, met à disposition des élèves de nombreux documents, une bibliothèque. Cette organisation de la classe permet à l’enseignant de prendre en charge, à certains moments de la journée, les élèves en difficulté.
Les activités en dehors de l’école se limitent alors à l’apprentissage de poèmes, à la lecture de livres empruntés à la bibliothèque de l’école et à des activités libres épanouissantes.
Bien sûr cette pédagogie réclame des enseignants bien formés. Hélas les dernières mesures prises par l’Education nationale ne vont pas dans ce sens.
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