On véhicule depuis longtemps une image fausse des poètes. Ceux-ci seraient des êtres asociaux à l’âme tourmentée, des hommes bizarres vivant dans des conditions difficiles, parfois misérables, retirés dans leur tour d‘ivoire.
La plupart des poètes sont des gens comme les autres. Beaucoup se sont insérés dans la société ; certains dans les siècles passés, à l’époque de la Renaissance et au 17e siècle ont été proches du pouvoir. Ils y perdaient sans doute un peu de leur liberté mais la protection d’un roi ou d’un prince leur permettait de vivre de leur poésie.
Après la Révolution de 1789, on a vu maints poètes s’impliquer dans la vie politique.
Alfred de Vigny, issu de la vieille noblesse, après avoir commencé une carrière militaire, tenta de devenir député de Charente à l’âge de 51 ans. Ce fut un échec et il ne renouvela jamais l’expérience.
Autre grande figure du romantisme, Lamartine se lança dans une carrière politique à 40 ans.
Elu député en 1833 alors qu’il était monarchiste, il devint républicain et siégea à l’Assemblée jusqu’en 1851. Très actif pendant la Révolution de 1848, il devint même chef du gouvernement provisoire cette année-là.
Mais c’est Victor Hugo qui fut sans conteste l’auteur le plus engagé du 19e siècle. D’abord par ses écrits. Dans Les Misérables et les Travailleurs de la Mer, il peint les injustices de la société de l’époque et les dures conditions de travail des marins. Le dernier jour d’un condamné est une belle plaidoirie contre la peine de mort.
Elu à la Chambre des Pairs, à l’Assemblée constituante puis à l’Assemblée législative, il eut l’occasion de prononcer des discours forts pour dénoncer le travail des enfants, la misère, les problèmes de la condition féminine. Visionnaire,il fut l'un des premiers à évoquer l'idée d'une Europe politique. Il utilisa son talent de poète pour dire dans les Châtiments son mépris pour le régime autoritaire de Napoléon III.
Ces quelques exemples montrent que l’univers du poète englobe aussi les questions sociétales.
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