Il
y a quarante ans, séjournant aux Pays-Bas en pleine campagne
électorale, je fus surpris de voir, fixées sur les vitres des
maisons, les affiches des candidats. Dans certaines rues, on
remarquait ainsi une majorité écrasante de portraits représentant
la même couleur politique, dans d'autres, les tendances étaient
plus équilibrées. Cette pratique offrait l'avantage d'éviter
l'affichage sauvage et prouvait que les gens ne craignaient pas de
montrer leurs opinions. Elle m'étonna ; je pensais en effet
à l'époque ( et encore aujourd'hui) qu'une telle initiative était
impossible en France : certains osant faire la même
chose auraient sans doute été victimes de représailles.
Pourquoi
évoquer ce souvenir maintenant ? Parce que nous constatons
chaque jour des faits consternants qui démontrent que nous vivons dans une démocratie encore balbutiante.
Au
cœur de l'expression
démocratique, il y a le débat. Celui-ci doit concerner tous les
citoyens et garantir la liberté de parole de toutes les parties
concernées. Le débat fécond opposant deux idées ou deux groupes
suppose d'abord qu'il ait lieu dans une ambiance sereine, chacun
apportant des arguments sincères et vérifiables ; il suppose aussi que chacun
respecte l'autre et, au final, que la décision soit prise en
connaissance de cause.
On
est loin de ces conditions dans les débats d'aujourd'hui. L'utilisation des nouveaux modes de communication, en particulier
à travers les réseaux sociaux, ne fait que renforcer l'idée qu'on se dirige vers une dérive
inquiétante. Le recours aux petites phrases tendant à
stigmatiser telle partie de la population de la part de responsables
politiques, les invectives, les injures, les propos nauséabonds
visant des politiques, des journalistes, des minorités, sous la
plume ou dans la bouche de militants ou d'anonymes qui se cachent derrière un écran, constituent un grand danger
pour la démocratie car ils expriment la haine. Et on sait jusqu'où
celle-ci peut entraîner des personnes exaltées.
La démocratie gagnerait à ce que ces pratiques disparaissent et que chacun respecte les règles qui permettent de vivre ensemble de manière apaisée.
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