Il y a une vingtaine d'années, quand je défendais l'idée que les
animaux doivent avoir, en tant qu'êtres vivants, des droits, quand
je dénonçais les souffrances subies par les taureaux lors des
corridas ou celles des canards et des oies auxquels on impose le
supplice du gavage, on me disait souvent que je faisais preuve d'
« une sensiblerie exagérée ».
Les
choses ont peut-être légèrement évolué depuis 20 ans grâce à
la mobilisation des défenseurs des animaux, mais beaucoup reste
encore à faire.
Quand
on lit des ouvrages se rapportant à l’écologie, que leurs auteurs
soient des scientifiques, des philosophes ou des politiques, une
chose est frappante : c’est le peu de place accordée aux droits de
l’animal.
Les
mouvements écologistes s’intéressent peu à la question. S’ils
se prononcent pour le respect de la vie, s’ils défendent la
biodiversité ( dans un souci d’équilibre écologique), on les
entend peu s’exprimer sur les souffrances que l’homme fait subir
aux animaux d'élevage et aux animaux sauvages. Certains de leurs
leaders défendent même la corrida ou se prononcent en faveur de la
chasse au loup.
Dans
la période contemporaine, les philosophes, scientifiques et
personnalités du monde de la culture, prenant publiquement la
défense des animaux sont heureusement de plus en plus nombreux.
Après Théodore Monod,
l'homme du désert disparu en 2000, Pascal Picq, auteur notamment
d'une Nouvelle histoire de l’Homme, dans laquelle il traite de ce problème, Hubert Reeves
dont on connaît l’engagement au sein du ROC devenu Humanité et
Biodiversité, Michel Onfray, le philosophe engagé
dans la lutte contre la corrida,et d'autres encore, ont écrit de superbes pages pour
rappeler que les animaux sont des êtres sensibles qui connaissent la
douleur et le plaisir et qu'à ce titre ils méritent d'avoir des droits bien définis.
On
sait que le comportement humain vis-à-vis de l’animal s’explique
par son évolution à travers les siècles. Comme l’a écrit
Théodore Monod, « à partir d’un certain degré de puissance
l’homme (ne s’est plus senti) une des parties prenantes de la
chaîne écologique. » Il s'est cru autorisé à accomplir les actes les plus barbares.
L’esprit
de domination, le sentiment de supériorité, colportés par la
civilisation occidentale, par les religions monothéistes, par les
progrès scientifiques et les thèses de certains philosophes tels que Descartes sévissent depuis des siècles.
L’homme
du 21e siècle s’honorerait en révisant sa position vis-à-vis de
l’animal et en lui reconnaissant les droits que l’éthique
impose. Va-t-on « vers un modèle européen de protection de
l'animal ?» s'interroge Le Monde dans son édition du 27 octobre. Plusieurs pays
sont sur la bonne voie.
La
France restera-t-elle à la traîne en matière de protection
animale ? Il faut espérer que non.
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