Un
mot : Algérie
Une
question : Peut-on justifier des actes barbares au motif qu'ils
ont été commis « à une autre époque ? »
J'ai
entendu ce week-end, sur une chaîne de télévision*, les propos
édifiants d'une responsable politique. Cette femme qui fait partie
des dirigeants du principal parti de l'opposition et qui, à ce
titre, jouera peut-être un rôle important ces prochaines années, a
été interrogée sur le passé de son père, ancien membre de l'OAS,
cette organisation clandestine qui lutta au début des années 60
pour que « l'Algérie reste française ».
Rien ne peut justifier les méthodes de l'OAS.
D'abord,
parce que la cause qu'elle voulait défendre s'appuyait sur un
postulat erroné : l'Algérie fait partie du Maghreb ; elle
est devenue française parce qu'elle a été envahie, La domination
violente qu'elle a subie s'est traduite pendant 40 ans par la
destruction de villages, par de nombreux massacres de civils et de
prisonniers. La population algérienne est passée à cette époque (
1830 – 1872) de 3 millions à 2,125 millions d'habitants, soit une
diminution de près d'un tiers.
Ensuite,
parce que les méthodes utilisées par l'OAS sont indéfendables :
assassiner des civils, personnalités politiques ou anonymes,
commettre des attentats, préparer des putschs, sont des actes
contraires à la morale, à la démocratie.
Bien
sûr, il n'est pas facile pour un enfant de désavouer les actes
commis par son père. Mais quand on a une responsabilité politique,
on doit avoir le courage, si on désapprouve ces agissements,
d'exprimer publiquement son désaccord. Ce ne fut pas le choix de
l'intervenante. Bien au contraire, elle reprit, pour se défendre, un
argument mille fois entendu, celui qui consiste à dire qu'on ne peut
juger aujourd'hui, une action, aussi horrible soit-elle, qui s'est
déroulée il y a mille ans, un siècle ou 50 ans en ce qui concerne
cet épisode de la guerre d'Algérie.
Cet
argument ne tient pas la route. Que l'on ait un jugement distancié
sur des comportements remontant à la préhistoire, à l'époque où
l'Homo sapiens se distinguait à peine de l'Hominidé, cela est
compréhensible. Mais comment excuser les crimes commis par l'homme
moderne nourri de morale et de culture et qui a appris qu'il ne
fallait pas tuer et qu'il fallait respecter les autres ?
Les
tortures imposées par des soldats, les viols, les assassinats,
toutes les barbaries que l'Histoire a connues depuis 2000 ans,
lors des invasions passées, celles liées au colonialisme, celles
commises par le nazisme, tous ces actes ne trouvent aucune excuse.
On
ne peut justifier des actes de barbarie au motif qu'ils ont été
commis à une autre époque.
*
On n'est pas couché – France 2