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vendredi 10 janvier 2014

Agriculture (1) : LE BIO


La question agricole est l’une des plus importantes de ce siècle. L’enjeu est de nourrir 
sainement  l’ensemble des habitants de la planète tout en respectant l’environnement.

Aujourd'hui, l'agriculture productiviste exerce une domination incontestable. Pourtant d'autres formes existent : l'agroécologie que le gouvernement français souhaite promouvoir et l'agriculture biologique qui tente depuis quelques décennies de prendre sa place. Ses détracteurs  mettent en avant le prix élevé de ses produits et ses faibles rendements. On entend dire aussi que le label «  bio » n'est pas toujours fiable ou encore que la qualité du bio n'est pas démontrée.

Il me paraît utile d'apporter quelques arguments qui montrent que le bio est une solution d'avenir : il permettrait de nourrir l'humanité tout en préservant l'environnement.

Brian Halweil, chercheur à l'Institut Worldwatch a publié en 2006 une étude dont on a peu parlé au moment de sa sortie. Elle s'appuyait sur les rapports de scientifiques, d'experts agricoles internationaux et de dirigeants de l' industrie agricole. Elle disait qu'une transition massive vers l'agriculture bio permettrait d'augmenter l'approvisionnement alimentaire mondial et ainsi de lutter contre la famine.
Dans cette étude, l'auteur montre que, contrairement aux idées reçues, l' agriculture bio n'est pas un retour aux pratiques de nos aïeux mais qu'elle est “ une combinaison sophistiquée de sagesse ancienne et d'innovations écologiques modernes qui permettent d'aider à maîtriser les effets générateurs de rendement des cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la synergie des cultures”.

Les critiques portant sur la faiblesse des rendements de l'agriculure bio sont balayées par de nombreuses études convergentes. Celles-ci ( menées à grande échelle en Europe et aux Etats-Unis) montrent que les rendements de l'agriculture bio sont compris entre 80% à 97% de ceux de l'agriculture conventionnelle.
Mais, ce qui est plus intéressant, la différence de rendement disparaît dans les pays pauvres. Une étude réalisée sur des fermes biologiques dans les pays en voie de développement a montré une progression de 93% des rendements. Une autre, portant sur mille fermes dans le centre de l'Inde a fait ressortir que leur rendement était jusqu'à 20% supérieur à celui des fermes conventionnelles.

A partir de ces études, des chercheurs du Michigan ont travaillé à partir d'un modèle développé par l'IFPRI (International Food Policy Research Institute) pour déterminer les rendements qui seraient obtenus après une transition vers l' agriculture bio.
Dans l'hypothèse la plus faible, ils ont abouti à la conclusion qu'un rendement de 2641 kilocalories par jour et par personne pouvait être obtenu, ce qui est légèrement supérieur aux besoins moyens d'une personne ( entre 2200 et 2500).
Un autre modèle donnait le chiffre de 4831 calories par jour et par personne.
Une autre équipe -le groupe de Halberg - a cherché à évaluer les conséquences d'un passage au bio à grande échelle en Amérique du Nord et en Europe. En partant de l'hypothèse où la production augmenterait dans les pays du Sud, elle est arrivée à la conclusion que, malgré une baisse de la production en Europe et en Amérique du Nord, il n'y aurait pas de flambée des prix à l' échelon mondial.

Même en prenant avec prudence les conclusions de ces études, on peut affirmer que de nouvelles perspectives s'ouvrent pour l'agriculture bio qui pourrait sortir de sa marginalité si une volonté forte de favoriser son développement voyait le jour au niveau mondial.


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