La question agricole est l’une des plus importantes de ce siècle. L’enjeu est de nourrir
sainement l’ensemble des habitants de la planète tout en respectant l’environnement.
Aujourd'hui,
l'agriculture productiviste exerce une domination incontestable.
Pourtant d'autres formes existent : l'agroécologie que le
gouvernement français souhaite promouvoir et l'agriculture
biologique qui tente depuis quelques décennies
de prendre sa place. Ses détracteurs mettent en avant le prix élevé de ses produits et ses faibles
rendements. On entend dire aussi que le label « bio »
n'est pas toujours fiable ou encore que la qualité du bio n'est pas
démontrée.
Il
me paraît utile d'apporter quelques arguments qui montrent que
le bio est une solution d'avenir : il permettrait de nourrir
l'humanité tout en préservant l'environnement.
Brian
Halweil, chercheur à l'Institut Worldwatch a publié en 2006 une
étude dont on a peu parlé au moment de sa sortie. Elle s'appuyait
sur les rapports de scientifiques, d'experts agricoles internationaux
et de dirigeants de l' industrie agricole. Elle disait qu'une
transition massive vers l'agriculture bio permettrait
d'augmenter l'approvisionnement alimentaire mondial et ainsi de
lutter contre la famine.
Dans
cette étude, l'auteur montre que, contrairement aux idées reçues,
l' agriculture bio n'est pas un retour aux pratiques de nos aïeux
mais qu'elle est “ une combinaison sophistiquée de sagesse
ancienne et d'innovations écologiques modernes qui permettent
d'aider à maîtriser les effets générateurs de rendement des
cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la synergie des
cultures”.
Les
critiques portant sur la faiblesse des rendements de l'agriculure
bio sont balayées par de nombreuses études convergentes.
Celles-ci ( menées à grande échelle en Europe et aux Etats-Unis)
montrent que les rendements de l'agriculture bio sont compris
entre 80% à 97% de ceux de l'agriculture conventionnelle.
Mais,
ce qui est plus intéressant, la différence de rendement disparaît
dans les pays pauvres. Une étude réalisée sur des fermes
biologiques dans les pays en voie de développement a montré une
progression de 93% des rendements. Une autre, portant sur mille
fermes dans le centre de l'Inde a fait ressortir que leur
rendement était jusqu'à 20% supérieur à celui des fermes
conventionnelles.
A
partir de ces études, des chercheurs du Michigan ont travaillé à
partir d'un modèle développé par l'IFPRI (International Food
Policy Research Institute) pour déterminer les rendements qui
seraient obtenus après une transition vers l' agriculture bio.
Dans
l'hypothèse la plus faible, ils ont abouti à la conclusion qu'un
rendement de 2641 kilocalories par jour et par personne pouvait être
obtenu, ce qui est légèrement supérieur aux besoins moyens d'une
personne ( entre 2200 et 2500).
Un
autre modèle donnait le chiffre de 4831 calories par jour et par
personne.
Une
autre équipe -le groupe de Halberg - a cherché à évaluer les
conséquences d'un passage au bio à grande échelle en Amérique du
Nord et en Europe. En partant de l'hypothèse où la production
augmenterait dans les pays du Sud, elle est arrivée à la
conclusion que, malgré une baisse de la production en Europe et en
Amérique du Nord, il n'y aurait pas de flambée des prix à l'
échelon mondial.
Même
en prenant avec prudence les conclusions de ces études, on peut
affirmer que de nouvelles perspectives s'ouvrent pour l'agriculture
bio qui pourrait sortir de sa marginalité si une volonté forte de
favoriser son développement voyait le jour au niveau mondial.
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