Rechercher dans ce blog

mardi 30 septembre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 40)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.




Les Caractères
C’est un livre dont je ne me lasse pas. J’en relis régulièrement quelques pages pour me replonger dans les portraits ironiques de personnes ayant vécu au 17e siècle ( mais qui ont tant de traits communs avec nos contemporains). Les Caractères de La Bruyère sont un chef d’œuvre qui décrit les travers et les qualités des êtres humains. On y croise des prétentieux, des jaloux, des vantards, des hommes d’esprit, des sots, des flatteurs, des arrivistes...On y trouve aussi des pensées, des aphorismes sur les femmes, l’amour, l’amitié, les hommes de pouvoir...
C’est une belle étude psychologique.

Principe de précaution
En 1979, le philosophe  Hans Jonas définissait le Principe Responsabilité ; celui-ci établit des règles claires ayant pour but d’empêcher  de mener -  au nom d'intérêts économiques - des actions ( produire, utiliser des matières...) qui nuiraient gravement à la santé et à l’environnement. Hans Jonas  demande aux hommes d’ « exiger le risque zéro de conduire à la destruction des conditions d'une vie authentiquement humaine sur Terre ».
Ce principe responsabilité, devenu nécessaire pour empêcher les catastrophes rendues possibles par certaines technologies actuelles, s’est traduit en 1996 par la création en France d’un Comité de la prévention et de la précaution.
Certains faits dans le passé ( sang contaminé, amiante, vache folle...) ont montré la nécessité d'appliquer le principe de précaution. Le remettre en cause serait redonner la priorité aux puissances d’argent, au détriment de la santé et de la nature.

Gaz de schiste
En lien avec ce qui précède, on peut s’étonner de la proposition faite ces jours-ci par l’ancien président de la République de relancer le dossier du gaz de schiste abandonné par lui-même et le gouvernement actuel pour des raisons écologiques ( la fracturation hydraulique présentant trop de dangers). Du point de vue économique, cette technique ne se justifie pas non plus, comme l’ont montré les expériences en cours.
Pourquoi donc relancer cette proposition en ce moment ?

L’échec de la pensée simpliste
Qu’il s’agisse de la politique économique mondialisée ou de l’attitude à prendre devant les pays en guerre, notre époque se révèle incapable d’apporter des solutions durables.
En cause, selon moi, le recours à une pensée inadaptée à notre époque, une pensée ancienne, linéaire, qui s’appuie parfois sur des idées fausses, une pensée simpliste, là où il faudrait  tisser des liens entre les questions.
Regardons l’Irak, ce pays où Bush fils a déclenché la guerre il y a 11 ans sur la base d’un mensonge. Les Américains pensaient avoir gagné parce que Saddam Hussein avait été abattu.
Rien n’a été résolu, bien au contraire.
Prendre une décision demande qu’on réfléchisse à toutes les conséquences possibles de ses actes. C’est l’un des principes de base de la pensée complexe.

Hommage
Je connais des bénévoles qui agissent dans l’ombre : des infirmières qui vont passer leurs vacances dans un pays pauvre pour soigner des enfants,  des hommes, des femmes qui tous les jours se mobilisent pour que des pauvres puissent manger, des retraité(e)s qui apprennent à lire à de jeunes étrangers. Le sourire d’un bébé guéri ou celui d’une vieille femme  est leur récompense. 
Ceux-là n’attendent pas la présence de caméras pour faire le bien autour d’eux.

Diane, Félix et les autres
Quel plaisir de retrouver samedi soir à la télévision Diane Dufresne, la chanteuse de Montréal à la superbe voix ! Je l’ai trouvée assagie. Elle était vêtue de façon moins fantaisiste que dans le passé, mais sa voix est toujours aussi pure. Elle nous entraîne dans son univers poétique, loin du brouhaha quotidien.
En l’écoutant, comment ne pas penser aussi à ses amis Canadiens Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Robert Charlebois chantant ensemble sur scène Quand les hommes vivront d’amour ? Un message d’utopie, de rêve, si agréable à entendre en ces temps de troubles.

jeudi 25 septembre 2014

Le temps des regrets ( les gens n° 29)

La catégorie Les gens comprend trois sortes de billets : les uns évoquent des personnes réelles, d’autres traitent de considérations générales ; enfin les  contes brefs mettent en scène des personnages imaginés à partir d’observations de la réalité.





Le temps des regrets ( conte bref)

Première partie

Sur la terrasse de sa villa rose plantée en haut de la colline, il regardait la mer, installé sur une chaise longue. La maladie qui le touchait depuis quelques années ne cessait d’empirer ; il ne distinguait plus les détails ; la mer n’était plus qu’une grande grande tache bleue au milieu de laquelle il  devinait  quelques points blancs. Il restait ainsi pendant des heures sans bouger, perdu dans ses pensées.
Il ne pouvait plus se déplacer seul et  était devenu difforme. Il venait d’avoir soixante-dix ans mais en paraissait vingt de plus. 
Il  était un  vieil homme sans espoir, sans amis, sans famille.
Chaque journée paraissait interminable. Il passait le temps  à repenser aux jours heureux, à l’époque  où tout lui réussissait. Aujourd’hui était venu le temps des regrets ; mais il était trop tard. Il lui faudrait endurer jusqu'au dernier jour ce calvaire.

Bruno Monti repensait souvent à son enfance, à la petite maison où il avait vécu  heureux entre ses parents et ses trois frères.
Son père était venu d’Italie pour travailler dans le bâtiment. Tout le monde dans le village savait qu’il était communiste. Il enseignait à ses enfants le partage et la révolte. La mère n'appréciait pas trop les discours enflammés de son mari. Elle faisait des ménages pour compléter le salaire du père. 
Bruno était l’aîné. Ils étaient pauvres mais les enfants ne manquaient de rien.
Après le certificat d’études, Bruno devint apprenti dans une fonderie où il travailla jusqu’au service militaire. Au retour,  il se maria avec une fille qu’il connaissait depuis l’enfance et ils eurent une petite fille. Quelques années plus tard, le jeune couple et l’enfant quittaient la région. Pendant plusieurs années, on ne sut pas ce qu’ils étaient devenus.

27 septembre 
Deuxième partie

Au début de 1994, un article paru dans les pages économiques d’un quotidien régional  attira l’attention de quelques lecteurs : les cimenteries Cimez venaient de  désigner leur nouveau PDG ; il s’agissait d’un homme de cinquante ans originaire du Sud-Ouest, un certain Bruno Monti.

- Il y avait bien, dans ma classe, au début des années 50, un élève qui portait ce nom ; ce ne peut être lui, pensa l’un d’eux. Monti n’a pas fait d’études, je l’ai revu plusieurs fois  au début des années 70, puis après son mariage ; il travaillait toujours à la fonderie.
Et puis au bas de l’article, il y avait une photo ; elle représentait le nouveau PDG.
L’homme, étonné, avait cependant  reconnu dans le visage de ce patron quelques traits lui rappelant celui qui pendant plusieurs années avait été son camarade d’école.
- Drôle destin  que le sien ! pensa-t-il.

L’ascension de Monti avait été fulgurante. Rien n’aurait pu laisser deviner un tel parcours.  Et comme cela arrive trop souvent quand une personne de milieu modeste accède à un statut plus élevé, elle change. La métamorphose de Monti  ne se produisit pas brutalement, elle se fit au fil des années. Plus le Monti ambitieux s’élevait dans l’échelle sociale, plus le fils de maçon cherchait à oublier ses origines.
D’abord, il se rendit  de moins en moins souvent chez ses parents et délaissa les repas de famille. Puis il annonça à sa femme son intention de la quitter. Elle trouvait injuste cette décision mais elle se résigna car elle avait compris qu’elle ne pourrait rien y faire.
 Pauline, leur fille - dix-huit ans - n’entendait pas subir la situation sans broncher. Elle avait hérité de son grand-père le caractère et le goût de la lutte.
Son père  représentait tout ce qu’elle détestait, elle tint à le lui faire savoir.
Il s’était peu occupé d’elle les années précédentes . Elle avait décidé de ne plus le voir mais avant la rupture qu’elle pensait définitive, elle voulut lui dire ce qu’elle avait sur le cœur.  
À ses yeux il était « un  patron inhumain, insensible au malheur des autres ». Elle lui reprocha d’être un fils ingrat, elle dénonça son goût immodéré pour l’argent, sa passion pour les belles voitures, ses chasses en Pologne, en Hongrie, en Afrique. Il avait trahi ses anciens camarades, un jour il comprendrait ses erreurs, il serait à son tour victime  de cette société terrible...
Quand elle eut terminé d’égrener la liste de ses critiques, elle laissa tomber  un  Adieu ! glacial. 
Ce fut leur dernière rencontre.
                                                           §  

Six ans après avoir été nommé PDG des cimenteries Cimez, Bruno Monti ne put empêcher son entreprise d’être rachetée par des étrangers. Il fut remercié et se lança alors sans grand succès dans des opérations hasardeuses en Afrique. C’est à cette époque que sa seconde femme le quitta. Puis vinrent les premiers signes de la maladie, les interminables souffrances et le temps de l'ennui.

Allongé sur la terrasse, la tête protégée par un chapeau de paille, Monti a le regard tourné  vers l’horizon. Ses pensées sont sombres. C'est un homme seul.
Il n’arrive pas à accepter  de s’être trompé de route.

mardi 23 septembre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 39 )

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.




Il est de retour
Il vient de faire son retour. Ce ne fut pas une surprise car ce retour était dans l’ordre des choses et la date était connue. Les journalistes en ont peu parlé, sans doute parce que d’autres événements retenaient leur attention.
L’automne est revenu. J’ai profité de l’occasion pour relire une trentaine de poètes qui ont parlé de lui : Apollinaire, Verlaine, Baudelaire, Lamartine, Hugo, Verhaeren, Charles Cros...
L'automne est source d'inspiration.

Le fait marquant 
Les marches de citoyens pour le climat qui se sont déroulées dimanche ont connu un succès encourageant. Agir pour ralentir le réchauffement climatique est sans aucun doute la priorité du moment, si nous voulons préserver des conditions de vie  convenables pour ceux qui connaîtront la fin de ce siècle ( et les autres siècles).
On gagnera ce combat si l'on agit efficacement sur trois niveaux : l’international, le  national et le local.
Le rôle des citoyens est primordial : leur investissement collectif fera changer les comportements et obligera les responsables (politiques et économiques) à prendre les bonnes décisions.

L’homme providentiel
Dans plusieurs journaux, cette semaine, des articles ont été consacrés à  « l’homme providentiel ». Cette référence à un homme exceptionnel tirant sa force d’un phénomène divin peut sembler anachronique dans un pays qui connaît la démocratie depuis un temps assez long.
En 1815 on pouvait comprendre la fascination pour Napoléon d’un  peuple qui n’avait connu auparavant que la royauté absolue et les soubresauts de la Révolution. Son retour triomphal de l’île d’Elbe fut pourtant illusoire et on sait comment s’acheva  cette aventure.
Mais deux siècles plus tard, le mythe de l’homme providentiel n’a plus de sens. Dans une période délicate, une démocratie ne peut abandonner son destin à un «sauveur», elle a besoin de l’énergie de tous ses citoyens pour s’en sortir.

La transition : une nouvelle approche 
À ceux qui souhaiteraient aller plus loin dans leur connaissance du processus de transition je recommande l’ouvrage de Rob Hopkins qui en a été le principal initiateur : Manuel de transition.
De ce livre, j'ai tiré deux phrases qui caractérisent la nouvelle approche proposée par la transition :
(dans la pensée ancienne) :  Les gens ordinaires sont la source du problème.
( pour les partisans de la transition) : Les gens ordinaires sont la solution.

samedi 20 septembre 2014

Repères 15 : Le rire


Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions  basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie.


LE RIRE
une question à prendre au sérieux
(traitée en quelques phrases)

1. Derrière l’image classique du clown enjoué qui fait rire l’assistance se cachent quelques mystères qui ne préoccupent pas le spectateur, et en particulier l’ enfant.
Pourtant on peut se demander : qui est-il ?  Qui est cet homme au visage blanc ou au nez rouge? Pourquoi a-t-il choisi ce métier ?  Quand il a quitté la piste, est-il un homme heureux ?

2. Le mécanisme du rire a fait l’objet de maintes études, ses fonctions sont bien connues : on peut rire et faire rire pour obtenir une cohésion sociale, pour uniformiser,  pour oublier le tragique de la condition humaine ; le rire peut avoir aussi une fonction subversive...
Je n’associe pas forcément le rire à l’idée de plaisir et de joie. 
Le rire peut être une manifestation de la cruauté de l’homme :
 «Ce n’est pas l’homme qui tombe qui rit de sa propre chute » écrivait Baudelaire dans De l’essence du rire.
Je n’ai jamais apprécié le rire ambigu qui est obtenu en  dénigrant d’autres personnes, d’autres communautés. La limite entre la moquerie bienveillante et la parole blessante aux relents de nationalisme ou de racisme n’est pas toujours facile à définir.

3. Une avancée scientifique récente a remis en cause la formule célèbre de Rabelais : « Le rire est le propre de l’homme». On sait aujourd’hui que les rats et les grands singes rient quand on les chatouille, comme le font les bébés, mais ils sont incapables de rire  lorsqu’on leur raconte une histoire amusante.
Cette constatation permet de fixer la frontière entre le rire et l’humour.

4. Dès le plus jeune âge, j'ai été attiré par la puissance de l’humour.
Charlie Chaplin et Jacques Tati sont parvenus à dénoncer dans leurs films les travers de la société moderne bien avant la plupart des sociologues. N’oublions pas que le film Les Temps modernes a été réalisé en 1936, trente ans avant la prise de conscience des problèmes écologiques !
Deux humoristes ont marqué - selon moi - le 20e siècle : Fernand Raynaud et Raymond Devos. Le premier a décrit la société française des années 50 à 70 avec une justesse remarquable. Son sketch L’étranger dans lequel il dénonçait le racisme est l’un des plus réussis et mérite d’être revu aujourd’hui.
Quant à Raymond Devos, il montrait sur scène l’étendue de son talent : conteur, clown, mime, musicien...Mais ses textes seuls  valent le détour : il jouait à merveille avec les mots et introduisait sans cesse des situations loufoques. Devos mettait en scène l’absurdité.

5. Rire ou pleurer ?
Dans le Barbier de Séville, Beaumarchais fait dire au Comte :
-  Qui t'a donné  une philosophie aussi gaie ? 
- Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer » répond Figaro.
Tout est dit dans ces deux phrases :  le rire est souvent utilisé comme une arme permettant de se débarrasser des soucis, des angoisses, d’échapper à la réalité qu’on a du mal à affronter.
Il est utilisé dans les sketches, au cinéma, en poésie dans ce but.
Les problèmes du couple, la condition humaine, les difficultés de communication entre les êtres sont abordés avec réalisme par Ingmar  Bergman et avec le sourire par Woody Allen.
Pour faire aimer la poésie, j’ai toujours préconisé de faire découvrir  les poèmes remplis d’humour de Georges Fourest, de Robert Desnos, de Prévert, de Supervielle plutôt que des textes ardus peu accessibles.

Le rire est plus complexe qu'on le pense. Il n'est pas toujours signe de sérénité.




mardi 16 septembre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 38 - 2014)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Tabous et vérité 
Dans le billet de jeudi dernier, j’évoquais la question de l’information en  regrettant les contraintes actuelles de la presse. 
Les obstacles mis devant ceux qui cherchent à décrire la vérité ne datent pas d’hier. Dans un livre concis et bien documenté paru il y a 10 ans, Marc Ferro retrace quelques épisodes de l’histoire ayant  été relatés avec  des erreurs, des falsifications entretenues par des dogmes religieux, républicains, idéologiques... Il s’agissait de tabous sur lesquels il était recommandé  de ne pas trop enquêter.
Cette vieille pratique continue d’exister, même dans des régimes démocratiques auxquels  il arrive encore d’adopter des  comportements d’une autre époque. Les tabous ne sont pas morts.

Climat
Chaque jour qui passe sans qu’on agisse concrètement contre le réchauffement climatique compte. Or depuis plusieurs années, malgré les déclarations d’intention qui se multiplient en France, pays que sa ministre de l’écologie présente - sans rire - comme étant «le plus en avance» pour sa loi sur la transition énergétique, comme  dans de nombreux autres pays développés, les scientifiques constatent que la quantité de GES ( gaz à effet de serre : CO2, méthane, ozone.., responsables du dérèglement climatique) ne cesse de grimper. Et rien ne bouge !

N’oublions pas, par ailleurs, que 4 millions de foyers français se trouvent déjà en situation de précarité énergétique. 

Pensée :
                                        Tendresse

De temps en temps, le regard tendre d’un chat ou le vol élégant d’un oiseau qui revient au nid vous repose du discours haineux de certains humains.

Patrick Besson
Je viens de lire le dernier ouvrage de Patrick Besson La mémoire de Carla. Je ne dirai pas que ce livre est un chef d’œuvre, mais je m’étonne  de  la sévérité de certains jugements à son égard.
Les critiques n’aimeraient-ils pas les œuvres iconoclastes ?
Patrick Besson a mis beaucoup de fantaisie dans cette histoire qui se passe en 2060 : la veuve d’un ancien président de la République tente d’écrire ses mémoires alors qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer. Le thème ne prête pas à rire, pourtant cela donne un livre pétillant et cocasse. 
On sent que l’auteur a pris plaisir à écrire cet ouvrage, et nous lecteurs, partageons son plaisir.

Venu présenter son livre ce samedi sur France 2, Patrick Besson a montré qu’il avait l'âme d'un poète. Interrogé sur sa vision  de la modernité , il a fait cette réponse :
- Je n’aime pas trop notre époque. Ce que j’aime c’est la mer, la nature, le vent, la plage...La modernité, c’est ce qui est éternel.
J’ai bien aimé cette réponse.

samedi 13 septembre 2014

Repères 14 : La culture



Il n’est pas facile de définir la culture.
Parmi les définitions qu’en donne le Robert, j’en ai retenu deux. La première, qui relève du plan personnel, me semble juste : la culture est l’«ensemble des connaissances qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement ».
La seconde précise que la culture est l’ " ensemble des aspects intellectuels propres à une civilisation, une nation".

La culture ne doit pas être confondue avec l’érudition ; elle refuse l’élitisme car elle est au service de tous.
Elle n’est pas non plus  une marchandise, ce qu’elle a tendance à devenir dans la société mondialisée qui donne la priorité à la rentabilité. Le livre, le film, le disque, deviennent alors des objets de consommation.  
Face à cette dérive, il est indispensable de soutenir une culture authentique  grâce à laquelle la  créativité peut s'exprimer dans toute sa variété, en favorisant l’originalité et le talent et en développant le goût les lecteurs, des auditeurs, des spectateurs.

Dans cet esprit, il est indispensable de dépoussiérer la conception de la culture.
Celle-ci ne peut plus être limitée aux domaines qui entrent dans la compétence des organismes culturels d'aujourd'hui ; elle doit s'élargir et prendre en compte les questions qui se rapportent à la vie quotidienne, aux sujets qui préoccupent les gens.
On en revient alors à la définition du  Robert donnée plus haut : la culture permet de mieux comprendre le monde dans lequel on vit ( et en particulier les autres cultures) et de  développer l’esprit critique. Elle est donc un outil indispensable à la démocratie.
Elle est aussi   une clé permettant de s’ouvrir sur les autres civilisations ; elle contribue alors à rapprocher les hommes et devient un facteur de paix.
Pour tous ces  raisons  il est nécessaire - dans les budgets des collectivités territoriales et des états - de lui accorder la place qu’elle mérite.
Les élus locaux, régionaux et nationaux doivent comprendre que la culture n’apporte pas seulement un supplément d’âme, elle contribue au "mieux vivre ensemble" et elle est aussi un outil de développement qui traduit le dynamisme d’une région, d’un pays. 


jeudi 11 septembre 2014

Information : où va la presse ?



En apportant des informations aux citoyens, la presse écrite, la radio, la télévision et Internet contribuent - en théorie - à l’exercice de la démocratie.
Où en est-on aujourd’hui ?
La presse écrite a beaucoup évolué  ces dernières années.
Le journal, héritier de la vieille gazette,  souffre de la concurrence des nouveaux modes de communication, ce qui se traduit  depuis 40 ans par la disparition de nombreux titres.
L’importance donnée à l'aspect financier s'est accentuée au détriment de la variété des opinions  et de la qualité des informations ; l'avis des actionnaires prend le pas sur celui des journalistes. Ceux-ci, pressés par les contraintes de la rentabilité, réduisent leurs investigations. On les oblige à reprendre  souvent les dépêches des agences. Dans la plupart des régions, un journal dominateur a écrasé la concurrence.
Cette semaine, le quotidien régional La Voix du Nord a présenté sa nouvelle formule comme étant une formidable avancée pour ses lecteurs dont certains ont été associés, nous dit-on, aux journalistes pour définir les changements opérés.
Que note-t-on de nouveau dans ce journal ?
Il a été décidé de réduire la place réservée au texte au profit de la photo ; les informations, les analyses, sont reléguées au second rang. Ce qu’on nous présente comme une avancée est en réalité une dégradation de la qualité.
Au bout du compte, celui qui pâtit en premier lieu de cette évolution, c’est  bien le  lecteur qui reçoit une information appauvrie ; ce sera ensuite la presse écrite qui risque de perdre à nouveau des lecteurs qui iront  chercher l'information ailleurs. 
Mais qu’il se tourne vers la radio, la télé, ou Internet et ses divers moyens d’information ( certains sites, les réseaux sociaux), le citoyen sera confronté  au même problème : la difficulté de trouver les lieux où l’on dispense une information libre, honnête, qui vérifie ses sources et fait le tri entre ce qui est essentiel et ce qui est dérisoire.
N'oublions pas que garantir la qualité de la presse pour éviter les manipulations et exprimer  la diversité des pensées est indispensable à la démocratie.

mardi 9 septembre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 37 - 2014)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Temps difficiles
Nous vivons une époque difficile parce qu’elle se situe à la fin douloureuse d’un cycle   et que de nombreuses incertitudes existent en ce qui concerne le monde de demain.
Pour vaincre ces difficultés, il n'y a qu'une solution : modifier nos habitudes et  chercher d’autres voies qui seront une nouvelle phase de l’évolution de l’humanité. 

DEUX OBSTACLES :

Le manque d’imagination
Ce mois-ci, le magazine L’Expansion fait sa couverture avec ces mots : « France, état critique. Un pays au point mort.». Et il annonce que 23 personnalités présentent « leurs idées radicales» pour sauver le pays. Quand on lit leurs propositions, on s’aperçoit qu’il n’y a aucune idée originale mais seulement des aménagements allant le plus souvent vers plus de libéralisme. 
Ces personnalités n’ont pas encore intégré le fait que nous sommes dans une période de transition et que celle-ci demande de concevoir une nouvelle économie dont le but sera de réduire l’impact écologique des activités humaines et les inégalités.
Pour réussir cette mutation, il faut d’abord abandonner les recettes qui ont échoué et faire travailler l’imagination.

Le conservatisme
Certes, la mondialisation et certaines contraintes européennes ont leur part de responsabilité dans la situation actuelle de la France. Mais on constate que certains pays s’en sortent mieux que nous. Pourquoi ?
Il existe en France une tendance conservatrice qui s’oppose à tout changement. On l’a constaté ces deux dernières années  avec les mouvements hostiles aux propositions sociétales du gouvernement. On voit actuellement apparaître une hostilité à la réforme des rythmes scolaires, réforme justifiée qui s’appuie sur le progrès des connaissances en ce domaine. Au-delà de cette question, il existe dans le domaine de l’éducation,depuis des décennies, un conservatisme qui empêche la mise en place d’une grande réforme qui permettrait le nécessaire redressement.
Ce conservatisme est un obstacle au progrès.

Exploitation d’une rupture
Dans le quotidien de ma région un article a attiré mon attention. On y voit la gérante de la plus grande librairie boulonnaise exprimer sa joie car il n’a fallu que cinq minutes pour que s’épuise le stock du dernier livre  qu’elle venait de recevoir, celui dont tout le monde parle en ce moment, celui dans lequel  l’auteure  déverse son ressentiment vis-à-vis de son ancien compagnon.

 Cette nouvelle me navre parce que j’aime la littérature, parce  que je sais les difficultés que rencontrent les jeunes écrivains pour être publiés, parce que de nombreux livres de qualité  ne trouvent pas assez de lecteurs.

Elle me navre parce que le livre, objet de culture depuis des siècles, perd ici sa vocation pour devenir une marchandise  bénéficiant d’une médiatisation exceptionnelle,  d’un tirage   inhabituel ... pour faire le plus d’argent possible.

Un bon écrivain peut tirer d’une expérience personnelle ou de son imagination ( ici, une rupture) une   belle œuvre.  Les extraits que j’ai lus ou entendus suffisent pour affirmer que  cet ouvrage n’a rien de littéraire.  
Bravo aux libraires qui ont invité ces jours-ci les gens à lire les grands auteurs du passé et les bons écrivains actuels !

samedi 6 septembre 2014

La paix, la guerre (Repères n°13)

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre  temps ; des réflexions  basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la  théorie.



La paix, la guerre


Dans son livre La guerre au XXe siècle, l’historien Pierre Vallaud nous rappelle qu’au cours du siècle précédent, il y a toujours eu une guerre quelque part sur notre planète.
La première guerre mondiale avait fait des millions de tués et de blessés  et les conditions de vie des soldats dans les tranchées avaient été horribles.
La seconde s’est caractérisée par la barbarie impensable des camps de concentration et par une nouvelle forme de guerre :  la bombe atomique qui a sévi à Hiroshima et Nagasaki.
Bien d’autres guerres eurent lieu après.

John Keegan, historien militaire décédé en 2012, pose dans le livre Histoire de la guerre cette question :
- La guerre est-elle liée à la culture humaine ?
Selon lui, toutes les civilisations doivent leurs origines à la guerre.
On admet généralement que trois faits sont à l’origine des civilisations : la maîtrise de l’irrigation, le développement du commerce et la guerre. En effet la peur de celle-ci aurait poussé les gens à se regrouper pour mieux se défendre.
Cette théorie est remise en cause depuis la fin des années 90 et la découverte du site de Caral, au Pérou ( 3000 à 1800 avant JC) où les archéologues ont trouvé les traces d’urbanisme complexe, de cultures et de commerce (sous forme de troc). Par contre, aucune trace de fortifications ou d’armes.
La règle rappelée par John Keegan a donc des exceptions.

Revenons à l’époque présente. La permanence de guerres dans certains continents devient un anachronisme.
Si on remarque ( notamment dans l’éducation et dans la manière de concevoir les commémorations des guerres) une progression des discours appelant à la paix, on sait que le chemin menant à celle-ci sera encore long.
Nous devons prendre conscience du fait que nous habitons une même planète ; la préserver tous ensemble devient une nécessité.


mardi 2 septembre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 36)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Bloc-notes,  le retour
La Rumeur du temps avait pris un air de vacances pendant le mois d’août, délaissant pendant quatre semaines les sujets d’actualité - rarement réjouissants - et ceux qui depuis quelques décennies touchent la plupart des habitants de la planète, désespérant ceux qui trouvent  que l’éclaircie tarde à venir et les pessimistes  qui ne voient pas d’issue à la situation actuelle.
C’est donc la rentrée dans la plupart des secteurs. 
Dans ce bloc-notes, pas de résignation, pas d’indifférence devant les menaces et les souffrances.
Après quelques semaines de vacances, il est temps de se confronter à la réalité, aussi dure soit-elle.

Un triste été 
Plusieurs régions du monde ont à nouveau connu la tragédie des guerres, des combats, responsables de la mort  de civils ( parmi eux des enfants et de femmes ) comme ce fut le cas dans la bande de Gaza, dans cette zone où la population vit depuis des décennies dans des conditions déplorables. 
L’horreur est revenue aussi en Irak, démontrant ainsi que la guerre voulue par Bush avait été inutile.
La situation reste tragique en  Ukraine où sévissent les séparatistes.
Et puis il y a eu cet acte barbare, l’assassinat par des djihadistes du reporter américain James Foley.
Triste été, triste monde frappé par la folie meurtrière.

Rentrée et sorties
Du côté de la politique, la rentrée s’est effectuée dans des conditions inhabituelles. Pour certains membres du gouvernement, la rentrée s’est transformée  en sortie plus ou moins volontaire.
Cependant, ce n’est pas le départ de quelques ministres - vite remplacés - qui est inquiétant. Cette péripétie est révélatrice d’une situation bien plus grave : telle qu’elle est pratiquée actuellement, la politique n’a plus de crédibilité ; aux yeux de nombreux citoyens, elle ne semble plus  être en capacité de créer les conditions permettant à chacun d’eux de vivre décemment. À force de  mener une politique contraire aux promesses qu’ils avaient faites pour être élus, les responsables politiques  exposent la démocratie aux dangers que la désillusion peut entraîner.

Rentrée des classes

Dans la presse, c’est surtout la question des rythmes scolaires qui  attire l’attention.
L’essentiel pourtant n’est pas là : en France, l’éducation n’atteint pas son but qui devrait être d’accorder les mêmes chances à tous les élèves, quel que soit le milieu social dans lequel ils vivent.

Prochain billet : jeudi  4 septembre

Chroniques les plus lues