La photo est un loisir ; elle est parfois un art. Technique à la portée de tous, elle permet de garder une trace d’instants qu’on a vécus, de scènes auxquelles on a assisté…
Elle enrichit un article ; outil pédagogique, elle aide à la compréhension d’un fait, d’un événement. Elle peut aussi être source d’inspiration pour un auteur.
LE PELICAN BLANC
LE PELICAN BLANC
LA PHOTO
Le
pélican n’a pas l’élégance du cygne ni la beauté du paon,
mais cela n’a pas d’importance. Tout être vivant – qu’il
soit humain ou animal – mérite le respect quel que soit son physique et ses compétences.
C’était
au milieu du mois d’avril et je visitais une réserve naturelle en
Hollande du Sud. Quelques instants avant de rencontrer cet oiseau, j’avais aperçu de loin une colonie de pélicans (ces oiseaux aiment vivre en groupe).
Celui-là était seul et il glissait sur l’eau à bonne allure, les
ailes repliées (quand elles sont déployées, le spectacle est
impressionnant : l’envergure peut atteindre plus de trois
mètres). Mais ce sont les yeux – gros et noirs – et surtout le
bec qui ont d'abord attiré mon attention
Ce
long bec qui frôlait la surface de l'eau, étonnant par sa longueur - une quarantaine de centimètres - comportait une
poche verdâtre volumineuse. Celle-ci
a été convoitée par les humains qui, en Europe, ont tué le
pélican pour fabriquer des blagues à tabac et des étuis et en
Asie pour en faire des médicaments.
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage »
L’espèce
est aujourd’hui en diminution car les sites de nidification sont
perturbés et la nourriture (essentiellement le poisson) se fait plus
rare.
L'ALLÉGORIE DU PÉLICAN,
par Musset
Dans
son poème Le pélican qui fait partie de la Nuit de Mai,
Alfred de Musset fait de cet oiseau le symbole du poète. Dramatisant
la réalité qui veut que l’adulte aille pêcher des poissons pour
en nourrir ses petits, Musset décrit des petits «
affamés
(qui)
courent
sur le rivage ...quand ils aperçoivent leur père. Hélas celui-ci n'a rien pêché :
« En
vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'océan
était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur...
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur...
Pour toute nourriture il apporte son cœur...
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur...
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage »
Baudelaire
a comparé le poète à l’albatros, Musset , son contemporain, utilise le même procédé
dans le poème Le pélican. Pour les deux auteurs, le poète
est celui qui souffre dans le processus de création pour apporter
aux autres une nourriture spirituelle.
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