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mardi 18 avril 2017

Le bloc-notes n°83




Avril

Le 12 : Dans les librairies, le rayon consacré à la poésie est souvent pauvre. Si les auteurs qu’on étudie en classe sont toujours présents, les livres de poètes moins connus ou étrangers sont plutôt rares. Aujourd’hui, à côté de Prévert dont on célèbre le 40e anniversaire de la mort, j’ai la surprise de voir les ouvrages de l’Américain Stephen Crane, de l’Espagnol Luis de Congora, de la Libanaise Venus Khoury-Ghata et du Marocain Abdellatif Laâbi  dont j’ai eu l’occasion de parler dernièrement dans le cadre du Printemps des poètes. En poésie aussi l’ouverture sur le monde est une bonne chose.

Le 13 : Les menaces qui pèsent sur le monde sont de plus en plus lourdes. En réalité depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les conflits ont toujours été présents ; l’arrivée au pouvoir de personnages imprévisibles ravive les inquiétudes. C’est le cas notamment des relations entre les États-Unis et la Corée du Nord qui pourraient dégénérer et avoir des conséquences gravissimes puisque l’usage des armes nucléaires a été évoqué.

Le 14 : King Kong est un film culte. Je n’avais vu que la version de 1976 avec Jessica Lange. L’original, réalisé en 1933 par Ernest Schoedsack et Merian Cooper est d’une autre dimension. On est d’abord étonné de la qualité des trucages malgré les maigres moyens de l’époque. Mais c’est surtout l’histoire qui retient l’attention. Au-delà du mythe de l’île et de ses animaux préhistoriques, du thème de la belle (interprétée par Fay Wray) et de la bête (un singe gigantesque), ce film est une critique du monde des marchands. Pour attirer les curieux, King Kong est capturé et exhibé à New-York. Jusqu’au jour où il réussit à s’enfuir. Réfugié au sommet de l’Empire State Building, tenant dans une main la jeune femme qu’il aime, il subit les tirs venant des avions qui s’acharnent sur lui jusqu’à ce qu’il meure. C’est la victoire des cupides.

Le 15 :  À une heure tardive, On n’est pas couché réunit ce soir tous les chroniqueurs qui ont participé à l’émission (à l’exception de Michel Polac, décédé). Débat ayant pour thème l’élection présidentielle.
Quand la question de l’écologie a été abordée, on a vu à quel point certains d’entre eux – Zemmour et Naulleau – étaient déconnectés de la réalité. L’un et l’autre ignoraient les menaces (le réchauffement climatique, les pollutions, le pillage des ressources naturelles...) qui pèsent sur l’humanité. Un évident manque de culture.

Le 16 : Pâques est la fête de tout le monde, celle des chrétiens, celle des non-croyants qui, au printemps, fêtent la lumière et la renaissance de la nature.

Le 17 : J’ai ce matin une pensée pour celles et ceux qui en Turquie résistent à la dictature d’Erdogan dont la courte victoire semble avoir été acquise de manière douteuse. Et bientôt ce sera le retour de la peine de mort.
Encore un dirigeant national peu fréquentable.




samedi 15 avril 2017

Le tableau du week-end

En alternance avec la phrase du week-end, voici le tableau du samedi. Le but de ce billet n’est pas de présenter une œuvre avec le regard du critique d’art  mais de traduire les sensations provoquées à la vue de celle-ci.





Le lyrisme dans la forêt

Un tableau d'Alphonse Osbert : pastel réalisé en 1910, exposé au Petit Palais, à Paris.
   Le lyrisme est l’expression d’une émotion personnelle intense (amour, mort, nostalgie, le temps qui passe...)

Le peintre :   
Alphonse Osbert est né en 1857, il est mort en 1939. À ses débuts, il choisit le style naturaliste, puis à la fin des années 1880, il rejoint le mouvement symboliste qui concerne aussi la poésie ( Mallarmé, Paul Verlaine…)

Le symbolisme est apparu en France à la fin du 19e siècle. Il fait appel à l’imagination, à la spiritualité, aux rêves…

Ce que ce tableau m'inspire : 

   Quand j'ai vu ce tableau pour la première fois, c'est d'abord l'atmosphère onirique qu'il dégageait qui m'a frappé. Les rêves inspirant fréquemment les symbolistes, j'ai imaginé     comment Le lyrisme dans la forêt aurait pu être conçu.

C'est Osbert qui parle :
- Il faut tout de suite que je prenne mes crayons pour garder une trace du beau rêve que j’ai fait cette nuit. 
(Et il reconstitua peu à peu la scène).
  "Je marchais au crépuscule dans une forêt qui m’était inconnue quand soudain j’entendis une douce musique. Je me dirigeai vers l’endroit d’où elle provenait. Trois jeunes femmes étaient au bord d’un lac, l’une était assise, une amie la regardait, la troisième jouait de la lyre. 
   Aux sons qui sortaient de l’instrument et aux longues robes des femmes, je compris que je venais tout à coup de faire un retour en arrière de plus de deux mille ans. Pendant de longues minutes, devant l'étrange paysage, je restais là, figé, en regardant la scène".
- Ce rêve fera un beau tableau, ajouta-t-il.


mardi 11 avril 2017

Le bloc-notes 2017 (du 29 mars au 11 avril)



MARS
Le 29 : Il y a longtemps que le parti socialiste n’a plus de ligne claire. Certains de ses membres les plus en vue – comme M. Valls – sont en train de le discréditer un peu plus en ne respectant pas la parole donnée : voter pour le candidat choisi lors de la primaire. Et l'on s'étonne après que beaucoup d'électeurs boudent les urnes.

Le 30 : Lassés d’une situation sociale insoutenable, les Guyanais décident de lancer une grève générale.
  La crise qui éclate dans ce département français trouve ses racines dans son histoire. La Guyane fut d’abord amérindienne ; la colonisation entraîna la capture de nombreux Africains réduits en esclavage.  À partir de 1624, sous le règne de Louis XIII, arrivèrent les colons français. Puis on y envoya les bagnards. Au début du XXe siècle, la ruée vers l’or décima une grande partie des Amérindiens. 
Les inégalités qui provoquent la colère de la population sont une survivance du colonialisme. Donnons à la Guyane les moyens de rattraper son retard.

AVRIL
1er, 2, 3 avril : Trois jours consacrés à la poésie. Je retravaille des textes écrits ces dernières années avant de les publier sur mon site. J’ai parfois le sentiment qu’un poème n’est jamais tout à fait achevé.

Le 4 : En Syrie, un raid aérien provoque la mort de plus de 80 personnes – dont une vingtaine d’enfants et l’on dénombre 160 blessés. Il s’agit d’une attaque chimique. Choquant, révoltant.

Le 5 : J’ai regardé hier le long débat qui réunissait les onze candidats à la présidentielle. Dans cette campagne décevante, perturbée par les affaires, ternie par les mensonges, marquée par l’accentuation de la politique-spectacle, le débat sur les programmes et la moralité des candidats restent des éléments qui éclairent le choix des électeurs.
Les intervenants étaient trop nombreux pour que les questions soient traitées en profondeur. La forme l'a emporté sur le fond.  Philippe Poutou, lui, a su trouver le langage de la vérité.

Le 6 : La promesse de fermer la centrale de Fessenheim ne sera pas tenue, les pronucléaires ayant réussi à remettre la fermeture à plus tard.
Il faut dire que le gouvernement s’y est pris bien tard pour tenir cette promesse de F. Hollande.

Le 7 : Au jardin  les arbres fruitiers sont en fleurs. C'est l'occasion de prendre quelques photos (ci-dessus, une branche de poirier).

Le 9 : Après l’attentat de Stockholm, la tuerie ayant touché la communauté chrétienne en Égypte confirme le mauvais état de notre monde où la haine s’est installée.
Cérémonie émouvante au Mémorial national du Canada à Vimy (62) en présence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, pour rendre hommage aux 60 000 soldats canadiens qui sont venus défendre nos libertés en 1917 ; près de 12 000 d’entre eux n’ont jamais revu leur pays et leur famille.

Capture d'écran - CBC News - Mother Canada mourning the Death (détail)

Le 11 : Jacques Prévert est mort le 11 avril 1977. L’Institut français commémore cet anniversaire.
Quarante ans après sa mort, Prévert est encore boudé par certains intellectuels ; des anthologies ne contiennent aucun texte de lui. On lui reproche d’avoir produit une poésie populaire. C’est oublier que le vrai poète doit être compris de tout le monde.


samedi 8 avril 2017

La phrase du week-end (2017 - semaine 14)


La phrase du week-end propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une citation et d’un bref commentaire.


Le passé et l’oubli

La phrase
Oui, il faut vivre pleinement l’instant présent et ne pas céder à la nostalgie mais cela ne veut pas dire qu'il faut oublier les étapes et les repères qui ont contribué à construire la personne qu’on est devenue.

La citation
« Nul bonheur, nulle sérénité, nulle espérance, nulle fierté, nulle jouissance de l’instant présent ne pourrait exister sans la faculté d’oubli »
Friedrich Nietzsche


Le complément : quelques réflexions sur ce thème

   À l’échelle d’une vie, les rapports au temps ne sont pas simples. Ils sont la cause de maintes souffrances, de désordres. Les uns se réfugient dans le passé, d’autres voient leurs souvenirs s’effacer, d’autres encore sont incapables de se projeter dans l’avenir.

   Le regard sur le passé ne doit pas être nostalgique. Mais on ne peut ignorer que l’être humain se construit progressivement et que son passé compte.

  Comme l’écrit Nietzsche, la faculté d’oublier est indispensable car sans elle la résilience serait impossible ; il faut se débarrasser des souvenirs traumatisants.

  Vivre dans le présent ne doit pas empêcher de faire régulièrement référence au passé pour se projeter dans le futur.
Ce principe ne concerne pas seulement chaque individu ; une société doit elle aussi fonctionner selon ce principe.




jeudi 6 avril 2017

Nous n'avons qu'une Terre n°4


«Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde » 
(Gandhi)   


L'écologie et les politiques


  Une seule terre : Rappelons que cette expression   est le titre d’un rapport qui avait été demandé en 1972 par le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement pour faire le point sur l’état écologique de la planète.
Pendant quatre décennies, on a laissé se développer un système mondialisé qui a aggravé les problèmes qu’on connaissait déjà en 1972.

  En 2015, une communication gouvernementale bien organisée a laissé croire que la COP 21 avait été un succès. Or celle-ci ne chiffrait pas les engagements, elle ne prévoyait pas de mécanisme de sanctions pour les pays fautifs et surtout elle ne s’attaquait pas aux causes du dérèglement climatique : le productivisme et la mondialisation financière responsables des atteintes à l’environnement.
La COP 22 qui s’est déroulée à Marrakech en 2016 est passée inaperçue. Aucune décision nouvelle n’y a été prise.
En 2017, le problème le plus grave au niveau mondial reste l’état de la planète. Celui-ci risque de s’aggraver ces prochaines années.
L’élection du climato-sceptique D. Trump est une menace forte. Poutine inquiète lui aussi. Et les orientations actuelles de l’Europe ne permettent pas le virage attendu.
Dans ce contexte inquiétant, l’élection présidentielle en France est importante. Le prochain président pourrait avoir un rôle moteur pour amorcer le changement.

  À trois semaines de l’élection, la question écologique devrait être centrale. Ce n’est pas le cas. Nous avons eu droit mardi à un débat réunissant les onze candidats : l’écologie n’était pas à l’ordre du jour .
Tournons-nous vers le programme des candidats. Quel est leur positionnement vis-à-vis de l’écologie ?
Pour cela plusieurs critères doivent être pris en compte : l’environnement, la démocratie, le social, la paix et la prise en compte de la vision globale (les problèmes écologiques ne peuvent se régler au niveau national).

   Le dérèglement écologique étant lié au système mondialisé, on peut classer les candidats en deux groupes : ceux qui proposent de changer de modèle et ceux qui l’acceptent.
  Dans le premier groupe, il y a Ph. Poutou, N.Arthaud, J-L.Mélenchon et B. Hamon. Les deux premiers sont attachés aux questions sociales, au rôle important des citoyens ; ils ne cherchent pas à être élus, leur ambition est de faire avancer leurs idées.
J-L. Mélenchon et B.Hamon défendent tous les deux un programme écologiste et social renforçant le rôle des citoyens. Ils proposent une véritable conversion écologique basée sur une agriculture respectueuse de l’environnement et des animaux. On regrettera que la position du premier sur l’Europe ne soit pas très claire et que le second ne propose pas de baisser les dépenses militaires.

   E. Macron a largement inspiré le programme économique de F.Hollande.
Il ne propose pas une rupture avec le système qui a échoué mais il est attentif à certains problèmes environnementaux. Il refuse les gaz de schiste, souhaite une sortie des énergies fossiles, une baisse de la production énergétique nucléaire…
Cette vision ne permettra pas de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.

  Enfin, il y a ceux dont le programme tourne le dos aux enjeux écologiques.
M. Le Pen, hostile depuis toujours aux écologistes, défend un projet nationaliste incompatible avec la réalité écologique qui concerne les citoyens du monde entier.
F. Fillon – dont le comportement personnel pose question – continue de défendre le modèle dominant : l’agriculture productiviste, les OGM, le gaz de schiste ; il dit non au principe de précaution. Ses propositions sur le social aggraveraient les inégalités.
N. Dupont-Aignan veut « placer l’écologie  au cœur des projets de société et non la reléguer au rang de gadget ou d’alibi ». Mais il oublie lui aussi que l’écologie ne peut être traitée dans le cadre des frontières nationales.

(Les autres candidats s’étant peu exprimés sur l’écologie, il n’est pas possible de porter un jugement sur leurs idées.)

   En conclusion, tout en sachant que le fonctionnement actuel de notre démocratie n'est pas satisfaisant,  le vote de chaque citoyen le 23 avril aura son importance.

mardi 4 avril 2017

La bride sur le cou - Avril 2017


La bride sur le cou : décontracté, détendu, lâché, libre

(Le Robert, dictionnaire des synonymes) 


L'humain, le chimpanzé et le petit pois

  Plus que toutes les autres, notre époque est traversée par des phénomènes contradictoires.
  Elle est désespérante par le comportement de certains représentants de l’espèce humaine, notamment les politiciens. On trouve parmi eux des menteurs, des corrompus, des pervers, des malhonnêtes, des êtres malfaisants, d’autres incapables de faire face aux problèmes réels…
  Elle est désespérante parce qu’elle donne l’impression que rien ne peut changer en profondeur.

  Et puis de l’autre côté, il y a celles et ceux qui agissent – souvent dans l’ombre – pour faire évoluer l’humanité, pour développer les connaissances, ouvrant la voie à d’autres comportements humains. Je pense en particulier aux chercheurs.


  Grâce à eux, nous commençons à mieux comprendre le monde vivant, ce qui devrait amener l’être humain à changer son comportement vis-à-vis de la nature. En ce qui concerne les animaux non-humains, le processus est déjà en cours. Mais régulièrement surviennent de nouvelles découvertes.
  Dans son dernier livre Le Bonobo, Dieu et nous, Frans de Waal aborde la question de l’éthique chez les primates. Ses observations lui ont permis de constater que les chimpanzés et les bonobos sont capables d’empathie.

  D’autres études ont montré que la mémoire des chimpanzé est supérieure à celle des humains.
  Pendant un temps très bref (quelques dixièmes de seconde) on leur a présenté une série de chiffres de un à neuf, disposés sur un écran tactile de manière aléatoire. Puis on a remplacé les numéros par des carrés blancs. Les chimpanzés et les humains ont dû remettre les chiffres un par un dans l'ordre croissant.
C’est un chimpanzé de cinq ans qui a obtenu le plus de réponses justes (80 %) soit le double de bonnes réponses que les étudiants !

  Après les animaux, ce sont les plantes qui nous étonnent. Le magazine Sciences et Avenir d’avril consacre un hors-série à La vie secrète des plantes qui « dialoguent, séduisent, pensent… »
  Toute personne qui possède un jardin a pu observer le phénomène curieux qui se produit quand on place des rames à proximité des pois qui sont sortis de terre.
Rapidement les vrilles de la plante s’allongent et se dirigent vers le tuteur pour s’y accrocher et croître. Les scientifiques ont trouvé l’explication : ce sont des signaux physico-chimiques qui permettent cette action.

   Grâce aux travaux des botanistes (Francis Hallé, Marc-André Salosse, Bruno Moulia, René Lafont…) nous pouvons désormais regarder les plantes autrement.
On retiendra notamment cette phrase de Francis Hallé : si les animaux sont des individus « la plante est organisée comme une colonie, avec une structure articulée en unités vivantes interagissant entre elles. » (1)
ou encore
Avec les plantes« nous sommes face à une prodigieuse intelligence en essaim... » dit Stefano Mancuso. (2)

On sait désormais beaucoup de nouvelles choses sur les animaux et les plantes. Et tout à coup l’homme dominateur et prétentieux tombe de son piédestal.

1. Sciences et Avenir Hors-série n° 189 page 8
2. idem page 72


samedi 1 avril 2017

La phrase du week-end (2017- semaine 13)


La phrase du week-end propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une citation et d’un bref commentaire.


Art et nature
La phrase
Ce qu’on va chercher dans les musées quand on regarde des tableaux (l’émotion, la beauté, l’harmonie, la maîtrise des couleurs…), on le trouve aussi dans la nature : c'est le miracle du vivant.

La citation
« L'art est une démonstration dont la nature est la preuve. »
George Sand (La Mare au diable)


Le complément






  Un paon du jour aux couleurs éclatantes, à la parfaite symétrie, est venu se poser à proximité d’un rameau de lierre qui s’accroche au muret et pendant plusieurs minutes reste immobile, les ailes grandes ouvertes...
  La citation de George Sand ne nécessite pas de longs commentaires. Il suffit de regarder la scène que j’ai eu la chance de saisir il y a quelques jours pour être convaincu de sa véracité.


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