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jeudi 9 mars 2017

Printemps des Poètes 2017

LA POÉSIE AFRICAINE FRANCOPHONE




" Non, jamais dans la balance de la connaissance, le poids de tous les musées du monde ne pèsera
 autant qu'une étincelle de sympathie humaine." 
Aimé Césaire (1913-2008), Discours sur le Colonialisme (1950)
 


I. Présentation

   Le 19e Printemps des Poètes a choisi de mettre à l’honneur la poésie africaine francophone. 
« Parole libérée, rythmes imprévus, puissance des symboles et persistance du mythe : écoutons le chant multiple des Afriques, du Nord et du Sud. Il va de soi que cette exploration ne peut ignorer les voix de la diaspora africaine des Antilles à la Guyane, de Madagascar à Mayotte ... » C’est ainsi que Jean-Pierre Siméon présente le Printemps des Poètes 2017.

   Personnellement ce choix me fait plaisir car mes liens avec l’Afrique - entamés dans ma jeunesse - m’ont permis de découvrir  une culture dont je ne soupçonnais pas la richesse. En effet, au milieu des années 60, en dehors de Léopold Sedar Senghor et Aimé Césaire pour la « négritude », Mohammed Dib et Tahar Ben Jelloum pour le Maghreb, peu d’auteurs étaient connus en France.
   Le goût de la poésie sur le continent africain remonte au 13e siècle, avec les griots qui étaient à la fois poètes, musiciens, troubadours et conteurs.
Cette poésie fut longtemps orale ; elle était liée à la danse et à la musique traditionnelle. Celle-ci a inspiré de nombreux chanteurs et musiciens contemporains tels que Youssou Ndour, Manu Dibango et Ray Lema avant de s’imposer dans les années 80 dans le monde entier.


   La poésie africaine a réussi à s’installer dans la littérature francophone grâce à son originalité.
Elle trouve ses racines dans les cultures ancestrales, dans la tradition qui se perpétuait dans les villages mais aussi dans le mode de vie des peuples nomades (Peuls, Berbères, Touaregs).
   La génération de Senghor, marquée par l’enseignement qu’elle a reçu,  a subi l’influence de l’Europe mais elle n’a pas oublié le passé du continent africain, les victimes de l’esclavage, les blessures du colonialisme.

  À partir des années 50, l’Afrique a connu un bouleversement que Jean Rouch, ethnologue et cinéaste, a très bien décrit dans ses films : l’exode rural  a poussé les jeunes vers les villes où ils se sont retrouvés sans travail, dans un monde où la solidarité avait disparu. La poésie est devenue plus militante, plus politique, parfois intimiste ou mystique.
   En 2017, elle reste bien vivante.

À suivre :
2. La poésie du Maghreb
3. La négritude
4 . Prose et poèmes africains, extraits de mes textes inspirés par l’Afrique





mardi 7 mars 2017

La bride sur le cou - Mars 2017



Une époque bien singulière


   Nous vivons une époque bizarre. Le modèle industriel-financier mondialisé ayant fait beaucoup de dégâts, toutes les énergies devraient être mobilisées depuis quelques années pour préparer un autre monde.
   C’est ce qu’on appelle communément la transition, d’autres parlent de manière plus poétique de métamorphose.
Au lieu de cela, que voit-on, qu’entend-on autour de nous ?


   Les décideurs responsables se font rares. Des politiques irresponsables sont au pouvoir, des prétendants aux plus hautes fonctions s’assoient sur les principes moraux et véhiculent de vieilles idées dangereuses. La puissance de l’argent domine le monde. La presse libre vit difficilement. La plupart des médias sont dans les mains de financiers ; dans leurs journaux, radios et chaînes de télé, c’est la pensée libérale qui distille jour après jour sa vision, laissant croire qu’aucune alternative à ce monde finissant n’est possible.
          *       
   La France n’échappe pas à la paralysie mondiale. Tant de choses devraient changer :
Pour sortir du marasme et éviter la catastrophe écologique (en produisant autrement et en changeant le modèle agricole). 
Pour parvenir au plein emploi et faire reculer la pauvreté.
Pour améliorer le système éducatif.
Pour partager équitablement les richesses…
Tout cela implique une autre politique. Or le système électoral actuel empêche la juste représentation des idées. 
   À quelques semaines de l’élection présidentielle, il vient de démontrer ses faiblesses et ses dangers.
  Jusqu’à ce jour, les questions essentielles n’ont pas été entendues, même si elles ont été abordées par certains candidats. Le débat démocratique a été occulté par les ennuis judiciaires des représentants de l’extrême droite et de la droite. La victoire de la première est devenue possible et l’attitude du second est une injure à la démocratie : accumulation de mensonges, non-respect des promesses, remise en cause de la justice et des journalistes, propos fantasmatiques (invention de complot, d’assassinat politique…).

   La Cinquième République qui donne un pouvoir exorbitant à un seul homme n’est plus adaptée à notre époque. Les péripéties des dernières semaines ont montré qu’elle risque de nous conduire au désastre.



samedi 4 mars 2017

La phrase du week-end (2017 - semaine 9)

VOYAGER

Chaque samedi La phrase propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une citation et d’un bref commentaire.

……
La phrase

   Voyager n’est pas une activité banale, c’est une véritable aventure culturelle et humaine qui ne nécessite pas forcément de parcourir de longues distances.

La citation

« La perception commence au changement de sensation ; d’où la nécessité du voyage. »
André Gide – Paludes (1895)

Le complément


André Gide le dit très bien en quelques mots :
l’intérêt du voyage est de sentir des perceptions nouvelles
provoquées par un changement.
Le voyage permet ainsi de sortir de son horizon habituel,
d’ouvrir les esprits,
de découvrir d’autres paysages, d’autres gens.
En cela l’Homme d’aujourd’hui a plus de chance que ses lointains ancêtres
dont la plupart n’avaient connu que leur village et ses environs.

Cependant il n’est pas nécessaire
d’aller au bout du monde
pour faire des découvertes enrichissantes.
Près de chez soi
il y a des choses qu’on croyaient banales
et qui soudain paraissent neuves
quand on les regarde différemment,
comme le fait le poète.




jeudi 2 mars 2017

Le Cheval et l'Homme

Tête de cheval blanc - Géricault
   
   C’était au milieu des années 60. L’image des chevaux de Camargue courant gracieusement en groupe dans l’eau est restée gravée dans ma mémoire. Ils étaient pour moi le symbole de la liberté.
Dix ans plus tard, ils m’inspirèrent le poème Liberté :
« Je veux comme un cheval sauvage
courir à l’aube sur les plages
traverser le soir les marais
rêver à l’ombre des forêts »

   J’ai connu l’époque où les chevaux faisaient partie de notre quotidien. On les voyait dans les champs tirant la charrue, les charrettes remplies de sacs ou de bidons traversaient les villages et les villes.
   En 1970, dans la banlieue de La Haye où j’étais en vacances, chaque matin le laitier passait avec son cheval. Dans un pays où les villes faisaient penser à l’Amérique, cette scène semblait anachronique. Quelques années plus tard, le laitier avait choisi de faire sa tournée en voiture et le cheval qui vivait sa retraite dans un pré semblait s’ennuyer.   C’est à lui que j’ai pensé quand j’ai écrit L’enclos en 2009 :
«  Parfois…
des chevaux fatigués accrochent
aux barbelés de l'enclos

un brin de rêve. »


   Et puis, en novembre 1993, alors que Cracovie était sous la neige, quel ne fut pas mon étonnement quand j’aperçus dans le centre-ville  des chariots rudimentaires tirés par des chevaux ! C’était là un des derniers signes du passé. Deux ou trois ans plus tard les tramways sillonnaient la ville. La Pologne était entrée dans le monde moderne.


   On a l’habitude de dire que le cheval est le meilleur ami de l’homme.
C’est un ami qui, depuis les temps préhistoriques, a rendu beaucoup de services aux humains. Il a été employé aux travaux agricoles, il a tiré des charrettes lourdes puis transporté des voyageurs. L’homme l’a utilisé, exploité, dans les circonstances les plus diverses, sur les champs de bataille ( plusieurs millions de chevaux sont morts pendant la première guerre mondiale), dans les mines de charbon où il partageait la vie rude des mineurs.
  De nos jours cette exploitation a pris d’autres formes. Le cheval est élevé pour les loisirs de l’homme, dans les cirques et les clubs hippiques,  pour les compétitions sportives et – ce qui reste incompréhensible – il reste un animal de boucherie.

   De nombreux chevaux n'ont pas la chance de connaître une retraite heureuse. Ce qui me pousse à dire que l’homme n’est pas toujours le meilleur ami du cheval.





mardi 28 février 2017

Bloc-notes (2017- du 22 au 27 février) n°78


Février



Le 22 : Dans les magazines, le débat sur la mondialisation est relancé. Les états vont-ils préférer à celle-ci le repli sur leurs frontières ? se demandent les journalistes. Ce serait une catastrophe : en effet la plupart des problèmes ne peuvent être traités qu''au niveau mondial. Mais la mondialisation doit changer de logique et cela porte un nom qu'on entend moins ces derniers temps  : altermondialisme. 

Le 23 : À part des textes de Pasternak, Pouchkine, Evtouchenko, Sergueï Essenine, Maïakovski trouvés dans une anthologie de poètes du monde entier, j’ai  lu peu de poètes russes. J’entame aujourd’hui la lecture de Requiem Poème sans héros, d’Anna Akhmatova, un livre qui regroupe la moitié de son œuvre et dont je parlerai prochainement.

Le 24 : François Bayrou poursuit depuis plusieurs décennies le même rêve : effacer le clivage entre la gauche et la droite afin de faire du centre un parti central. Même s’il est possible sur certains thèmes de rassembler beaucoup de monde, je ne partage pas son point de vue. Je ne vois pas par exemple, comment on peut lutter contre le réchauffement climatique sans remettre en cause l’ultralibéralisme de la société moderne.
Par contre, quand F.Bayrou demande une moralisation de la vie politique afin de mettre fin aux dérives constatées dernièrement, c’est un objectif qui devrait être partagé par tout le monde.

Le 25 : Direction Maintenon, près de  Chartres. La Beauce a la réputation d’être monotone avec ses immenses champs de blé. Il suffit de prendre de petites routes pour découvrir une campagne plus agréable et de petites villes pleines de charme comme Nogent-le Roi et Maintenon.
Celle-ci attire de nombreux touristes grâce à son château où séjourna Françoise d’Aubigné, petite fille d’Agrippa d'Aubigné, le poète calviniste. Elle épousa à l’âge de seize ans le poète Paul Scarron de 25 ans son aîné et à demi paralysé ; elle est plus connue sous le nom de Madame de Maintenon, maîtresse puis épouse de Louis XIV.
Le château est surtout remarquable par ses magnifiques jardins à la française.

Le 26 : Comme je l’écrivais en 2012, « le salon de l’agriculture est un grand show, un événement médiatique...On y fait des photos superbes qui donnent de l’agriculture une image positive.
Mais sous les lumières du Salon se cache une vérité toute différente. »
Cette année, les militants de la cause animale se sont invités pour rappeler la réalité de l’élevage industriel qui provoque tant de souffrances pour des animaux abattus très jeunes dans des conditions inadmissibles. Leur combat sera sans doute long mais il est nécessaire.


Le 27 : L'élection présidentielle se présente dans des circonstances bizarres. Un président sortant qui renonce, deux de ses anciens ministres candidats, deux postulants englués dans des affaires qui polluent la campagne. Des mensonges,  des propos xénophobes... Et le pire qui devient possible.

samedi 25 février 2017

La phrase du week-end (2017 - semaine n°8)


Chaque samedi la phrase propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une citation et d’un bref commentaire.
………………
L'art pour tous


La phrase

  Les spécialistes de l'art ont fait beaucoup de tort en se livrant à des commentaires savants qui ont fini par faire croire que le plaisir devant une œuvre de Van Gogh, Baudelaire ou Mozart demande une solide culture esthétique.

La citation

« Quand viennent s’installer les estrades pompeuses de la culture, sauvez-vous vite : l’art a peu de chance d’être de ce côté. »

Jean Dubuffet

Le complément


   On sait que ceux qui fréquentent régulièrement les théâtres, qui assistent à des concerts de musique classique, ceux qui vont voir une exposition de peinture, appartiennent à certaines classes sociales. Si le prix de certains spectacles peut expliquer ce fait, c’est aussi la conception actuelle de la culture qui est en cause.

    En disséquant les textes littéraires jusqu’aux moindres détails, ainsi que les morceaux de musique et les tableaux, l’enseignement et les spécialistes enlèvent ce qui est essentiel : le plaisir de lire, d’écouter, de regarder.


  Rien ne sert de tout savoir sur un artiste si l’on ne fait pas appel à sa sensibilité et à son imagination.







jeudi 23 février 2017

La symbolique du mur


Remparts de Boulogne-sur-mer


Mur, muraille


   Le couple qui rêve depuis plusieurs années d’avoir sa maison regarde avec joie le mur qui commence à monter. Il a hâte de voir la maison achevée.
Pour le particulier le mur représente l’abri, c'est l'un des éléments essentiels de la maison qui protège du froid, de la pluie et du soleil brûlant.

   Pour la collectivité – ville ou état – le mur a été dans le passé un moyen de se protéger de potentiels ennemis. 
   Dès le 3e siècle avant J.-C. les Chinois commençaient à construire la  Grande Muraille, la plus longue au monde (environ 6700 km) afin de protéger la frontière nord de la Chine.
   Plus tard, en Europe, à une époque où les risques d’attaques étaient grands, les hauts murs des châteaux forts exerçaient eux aussi une fonction protectrice. Dans les villes, les remparts, avec leurs murs de soutènement qui retenaient une imposante masse de terre, résistaient aux boulets qu’envoyaient les canons.

   À partir du 20e siècle, le mur a changé de statut ; il était protecteur, il est devenu outil de séparation, de ségrégation.

  En 1940, à Varsovie, les nazis persécutent les Juifs.  Dix-huit kilomètres de murs enferment la communauté dans un ghetto où s’entassent près de 400 000 personnes, 80 000 d’entre elles y perdront la vie. Aujourd’hui encore, des morceaux de mur subsistent, témoignage de la barbarie de l’époque.

   Autre mur de la honte : celui de Berlin dressé en pleine guerre froide en 1961 par la République démocratique allemande pour séparer Berlin-Ouest « la fasciste » selon les dirigeants de la RDA, et Berlin-Est « l’antifasciste ».
Ce mur surveillé par 14 000 gardes et 300 miradors ne fut détruit qu’en 1989.

   Plus près de nous, la préfecture du Pas-de-Calais annonçait le 12 décembre 2016 la construction d’un mur de quatre mètres de haut et d’un kilomètre de long près de la rocade de Calais, destiné à empêcher les réfugiés de partir en Angleterre. Ce n'était sûrement pas la meilleure réponse à apporter au problème des migrations causées par les persécutions ou la misère.

  Enfin, un autre mur de la ségrégation est annoncé le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, suite à l’élection du xénophobe Trump. Il s’agit en fait de renforcer la barrière existante pour la rendre imperméable. Le coût des travaux est estimé à 25 milliards de dollars.
En 2007, l’Union européenne avait estimé que « les immigrants doivent être traités « comme des personnes, pas comme des criminels ». Mais ce n'est pas la vision de M. Trump.









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