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Tête de cheval blanc - Géricault |
C’était
au milieu des années 60. L’image des chevaux de Camargue courant
gracieusement en groupe dans l’eau est restée gravée dans ma
mémoire. Ils étaient pour moi le symbole de la liberté.
Dix
ans plus tard, ils m’inspirèrent le poème Liberté :
« Je
veux comme un cheval sauvage
courir
à l’aube sur les plages
traverser
le soir les marais
rêver
à l’ombre des forêts »
J’ai
connu l’époque où les chevaux faisaient partie de notre
quotidien. On les voyait dans les champs tirant la charrue, les
charrettes remplies de sacs ou de bidons traversaient les villages
et les villes.
En
1970, dans la banlieue de La Haye où j’étais en vacances, chaque
matin le laitier passait avec son cheval. Dans un pays où les villes
faisaient penser à l’Amérique, cette scène semblait anachronique.
Quelques années plus tard, le laitier avait choisi de faire sa
tournée en voiture et le cheval qui vivait sa retraite dans un pré semblait s’ennuyer. C’est à lui que j’ai pensé quand
j’ai écrit L’enclos en 2009 :
«
Parfois…
des
chevaux fatigués accrochent
aux
barbelés de l'enclos
un brin de rêve. »
Et
puis, en novembre 1993, alors que Cracovie était sous la neige, quel
ne fut pas mon étonnement quand
j’aperçus dans le centre-ville des chariots rudimentaires tirés par
des chevaux ! C’était là un des derniers signes du passé. Deux ou
trois ans plus tard les
tramways sillonnaient la ville. La
Pologne était entrée dans le monde moderne.
On
a l’habitude de dire que le cheval est le meilleur ami de l’homme.
C’est
un ami qui, depuis les temps préhistoriques, a rendu beaucoup de
services aux humains. Il a été employé aux travaux agricoles, il a
tiré des charrettes lourdes puis transporté des voyageurs. L’homme
l’a utilisé, exploité, dans les circonstances les plus diverses,
sur les champs de bataille ( plusieurs millions de chevaux sont
morts pendant la première guerre mondiale), dans les mines de
charbon où il partageait la vie rude des mineurs.
De
nos jours cette exploitation a pris d’autres formes. Le cheval est
élevé pour les loisirs de l’homme, dans les cirques et les clubs hippiques, pour les compétitions
sportives et – ce qui reste incompréhensible – il reste un
animal de boucherie.
De nombreux chevaux n'ont pas la chance de connaître une retraite heureuse. Ce
qui me pousse à dire que l’homme n’est pas toujours le meilleur
ami du cheval.
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