Dans
les années 1930, des intellectuels africains (parmi eux Aimé
Césaire et Léopold Sédar Senghor)
défendent l’idée que l’homme noir se distingue culturellement
de l’homme blanc. Ils sont convaincus
que la fraternité entre les humains est possible, mais elle impose
que la personnalité de chacun soit respectée.
Pour définir cette idée, ils créent un
mot : la
négritude.
La
négritude est l’ensemble des valeurs qui caractérisent les
peuples d’Afrique noire, mais aussi les minorités noires de
l’Amérique ainsi
que
les peuples des Antilles et de l’Océan Indien : Guyane,
Haïti, Martinique, Madagascar, Île Maurice…
Dans le cadre d’un billet de taille restreinte, le choix de ces poètes n’a pas été
facile.
Comment
évoquer en peu de lignes une
poésie qui représente une dizaine de cultures ?
J’ai
choisi de faire découvrir des auteurs peu connus en France ; c’est
la raison pour laquelle Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire ne
figurent pas dans ce billet mais je pourrai revenir sur leur œuvre plus tard.
J’ai d’autre part fait le choix de
présenter deux poètes d’Afrique Noire et deux autres originaires
d’autres territoires.
Ces
quatre écrivains ont
un
point commun : la littérature n’est pas leur seule activité ;
tous sont - ou
ont été - des
hommes engagés ; ils
ont exercé des responsabilités politiques importantes et ont défendu les idées
humanistes.
Lamine
Diakhaté (Sénégal)
Il
est né en 1928 à Saint-Louis. Il a été un collaborateur du
président Senghor.
Le
prix Edgar Poe lui a été décerné en 1971.
Diakhaté est mort à Paris en 1987.
Le poème Nigérianes donne une idée assez juste de son style et de ses thèmes préférés; il y décrit « les
images vivantes » de l’Afrique,
« la prêtresse adossée à la mer », les jeunes
filles-lianes aux « yeux qui vous brûlent ...les
chameliers entre deux oasis »
Jean-Baptiste
Tati Loutard (Congo)
Né
en 1938 à Ngoyo (Pointe-Noire) il a été professeur. Engagé dans
le mouvement culturel congolais, il a été ministre à deux
reprises.
Sa
poésie chante la nature - et en particulier la mer – source de
contemplation et de réflexion.
Il
est mort à Paris en 2009.
Voici un extrait de Baobab :
Voici un extrait de Baobab :
« Baobab,
je suis revenu planter mon être près de toi,
Et
mêler mes racines à tes racines d’ancêtre ;
je
me donne en rêve tes bras noueux... »
René
Depestre (Haïti)
Il
est né en 1926. Opposé au régime militaire il quitte Haïti pour
Paris puis rejoint Cuba en 1959. Déçu par Fidel Castro il quitte
l’île en 1978 et s’installe à Paris dans les années 80.
Romancier
et poète, Depestre a reçu le prix Renaudot en 1988.
Quelques vers issus de Lettre à ma mère :
Quelques vers issus de Lettre à ma mère :
« Ici
l’argent n’a rien laissé à l’homme
il
lui a même pris son ombre
c’est
un alcool terrible l’argent...
Jacques
Rabémananjara (Madagascar)
Né
en 1913, il meurt en 2005. Héros de l’indépendance malgache,
poète et homme politique, il s’exile en France après la révolution
de 1972.
En
1988 il a reçu le Grand Prix de la francophonie de l’Académie
française.
Extrait de Cantate pour Valiha :
«
Salut à toi Vahina…
Ta
marche aussi est un chant.../ Ton nom lui-même est un jet d’éclair,
un hymne à la découverte /de l’ombreuse savane…
Toi,
la danseuse aux reins frénétiques... »
à
suivre : n°4 – Scènes africaines, hommage à l’Afrique.
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