Repères :
une série de billets qui présentent de manière synthétique les
questions de notre temps ; des témoignages et des réflexions
basées sur l'observation, l'expérience et la théorie.
L'école : constat et propositions
1. Nul ne peut le contester, l'école française va mal ; depuis de longues années, des élèves sortent du
système scolaire sans diplôme, certains maîtrisent à peine les
notions de base et – fait très inquiétant – les inégalités
ne cessent de croître.
Dans ce contexte, la vieille querelle
entre anciens et modernes paraît dérisoire car elle est dépassée.
En effet, comment peut-on encore défendre des méthodes qui ont pu
donner satisfaction dans le passé lorsque le but premier de l'école
primaire était de conduire les élèves au certificat d'études et
lorsque la plupart des gens faisaient le même métier toute leur
vie ?
Depuis un siècle, la société a
changé et il paraît naturel que l'école évolue avec elle. Mais
cela doit se faire sur une ligne claire : il ne s'agit pas de
reproduire dans l'école les travers du système dominant mais il
faut donner à chaque élève, quel que soit son milieu social, les
outils qui lui permettront de vivre le mieux possible dans un monde
changeant.
2 Lors de mes études à l'ENG (école
normale de garçons) d'Arras, j'ai eu la chance de faire un de mes
stages dans une classe où l'on pratiquait les techniques Freinet. Je
rappelle pour les non-spécialistes que celles-ci s'appuient sur
plusieurs principes : l'expression libre, le travail en groupe,
le travail autonome, la coopérative scolaire. Cette pédagogie offre
notamment l'avantage de tenir compte de la personnalité de chaque
enfant ; le risque d'échec scolaire est ainsi fortement
réduit. Hélas, cette pédagogie reste très minoritaire,
l'Education nationale n'ayant jamais souhaité la vulgariser, la
trouvant sans doute trop émancipatrice.
Par ailleurs, j'ai retenu de
Condorcet la nécessité d'offrir à tous, les moyens de s'instruire
tout au long de leur vie : d'où l'idée de l'éducation
permanente. Mais il faut aussi qu'en dehors de l'apport de
connaissances, l'école apprenne à apprendre afin de permettre
à chacun d'enrichir sans cesse son savoir.
3. Sur quels points essentiels l'école
doit-elle progresser ?
Dans un billet publié en 1966 dans le
Monde, j'avais défini deux objectifs pour l'école du futur.
Le premier est de développer chez
l'élève les qualités qui lui permettront de comprendre
le monde et d'être un homme ou une femme libre, sachant vivre en
société ; l'école doit donc aider le jeune à devenir
autonome, à travailler en groupe, à être créatif, à avoir
l'esprit critique, à s'adapter en permanence.
Le second objectif est de donner à chaque enseignant une formation de qualité.
La pédagogie n'est pas un art pour lequel on serait plus ou moins
doué. Elle est une philosophie (qu'il est nécessaire de connaître
pour savoir le but qu'on poursuit), elle est aussi une science qui
demande des connaissances pointues, notamment dans le processus
d'apprentissage, celui de la lecture par exemple.
On remarquera que ces deux objectifs ne sont pas encore atteints aujourd'hui.
4. La lutte contre l'échec scolaire
ne dépend pas seulement de l'école. Cela demande une action
conjuguée de l'Etat, des collectivités locales et du milieu
associatif. Ce principe, je l'ai défendu dans les responsabilités
que j'ai exercées dans ma région.
Pour lutter contre les
exclusions, il faut réduire les handicaps dans la période
essentielle située entre la naissance et six ans et poursuivre cette
action pendant toute la scolarité. Il est donc important d'encourager et
d'appuyer toutes les initiatives qui peuvent contribuer à
l'amélioration de l'environnement social des plus démunis : la réduction des handicaps liés au langage, la prévention en matière de
santé, l'objectif d'un logement décent pour tous, l'accès aux
activités d'épanouissement, conseils aux parents...
Ce travail nécessaire pour
aller vers une égalisation des chances a démarré en maints endroits mais il reste encore beaucoup à faire.
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