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samedi 24 mai 2014

Repères n° 5 : l'école en France

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des témoignages et des réflexions basées sur l'observation, l'expérience et la théorie.



L'école : constat et propositions

1. Nul ne peut le contester, l'école française va mal ; depuis de longues années, des élèves sortent du système scolaire sans diplôme, certains maîtrisent à peine les notions de base et – fait très inquiétant – les inégalités ne cessent de croître.
Dans ce contexte, la vieille querelle entre anciens et modernes paraît dérisoire car elle est dépassée. En effet, comment peut-on encore défendre des méthodes qui ont pu donner satisfaction dans le passé lorsque le but premier de l'école primaire était de conduire les élèves au certificat d'études et lorsque la plupart des gens faisaient le même métier toute leur vie ?

Depuis un siècle, la société a changé et il paraît naturel que l'école évolue avec elle. Mais cela doit se faire sur une ligne claire : il ne s'agit pas de reproduire dans l'école les travers du système dominant mais il faut donner à chaque élève, quel que soit son milieu social, les outils qui lui permettront de vivre le mieux possible dans un monde changeant.

2 Lors de mes études à l'ENG (école normale de garçons) d'Arras, j'ai eu la chance de faire un de mes stages dans une classe où l'on pratiquait les techniques Freinet. Je rappelle pour les non-spécialistes que celles-ci s'appuient sur plusieurs principes : l'expression libre, le travail en groupe, le travail autonome, la coopérative scolaire. Cette pédagogie offre notamment l'avantage de tenir compte de la personnalité de chaque enfant ; le risque d'échec scolaire est ainsi fortement réduit. Hélas, cette pédagogie reste très minoritaire, l'Education nationale n'ayant jamais souhaité la vulgariser, la trouvant sans doute trop émancipatrice.

Par ailleurs, j'ai retenu de Condorcet la nécessité d'offrir à tous, les moyens de s'instruire tout au long de leur vie : d'où l'idée de l'éducation permanente. Mais il faut aussi qu'en dehors de l'apport de connaissances, l'école apprenne à apprendre afin de permettre à chacun d'enrichir sans cesse son savoir.

3. Sur quels points essentiels l'école doit-elle progresser ?
Dans un billet publié en 1966 dans le Monde, j'avais défini deux objectifs pour l'école du futur.
Le premier est de développer chez l'élève les qualités qui lui permettront  de comprendre le monde et d'être un homme ou une femme libre, sachant vivre en société ; l'école doit donc aider le jeune à devenir autonome, à travailler en groupe, à être créatif, à avoir l'esprit critique, à s'adapter en permanence.
Le second objectif  est de donner à chaque enseignant une formation de qualité. La pédagogie n'est pas un art pour lequel on serait plus ou moins doué. Elle est une philosophie (qu'il est nécessaire de connaître pour savoir le but qu'on poursuit), elle est aussi une science qui demande des connaissances pointues, notamment dans le processus d'apprentissage, celui de la lecture par exemple.
On remarquera que ces deux objectifs ne sont pas encore atteints aujourd'hui.

4. La lutte contre l'échec scolaire ne dépend pas seulement de l'école. Cela demande une action conjuguée de l'Etat, des collectivités locales et du milieu associatif. Ce principe, je l'ai défendu dans les responsabilités que j'ai exercées dans ma région.
Pour lutter contre les exclusions, il faut réduire les handicaps dans la période essentielle située entre la naissance et six ans et poursuivre cette action pendant toute la scolarité. Il est donc important d'encourager et d'appuyer toutes les initiatives qui peuvent contribuer à l'amélioration de l'environnement social des plus démunis : la réduction des handicaps liés au langage, la prévention en matière de santé, l'objectif d'un logement décent pour tous, l'accès aux activités d'épanouissement, conseils aux parents...
Ce travail nécessaire pour aller vers une égalisation des chances a démarré en maints endroits mais il reste encore beaucoup à faire.




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