Sur le site
wikistrike.com, on peut lire un article qui pourrait troubler tous
ceux qui ont décidé d'abandonner la viande au profit des fruits et
des légumes ; on leur annonce que « les végétariens
tuent 25 fois plus d'animaux par kilo » que les omnivores.
Cet article part d'une
affirmation de Peter Singer, le philosophe
australien connu pour avoir écrit La libération animale,
livre qui lui a permis d'être considéré comme l'un des grands
défenseurs modernes des droits des animaux.
Peter Singer est souvent au cœur
de controverses causées par certaines positions manquant de
cohérence. Gary Francione, philosophe américain, lui aussi
défenseur des animaux et partisan du droit moral, s'est opposé à
Singer qui se veut utilitariste, c'est-à-dire favorable au bien-être
accordé à tout être sensible.
Au nom de l'éthique, Francione refuse
de tuer des animaux ; Singer, lui, reste dans une vision
dépassée qui donne à l'homme le droit de tuer des animaux,
dans un abattoir ou à la chasse.
Ceci étant précisé, analysons les
arguments présentés dans cet article.
La démonstration souffre de faiblesses
qui contribuent à déformer la réalité.
La première consiste à s'appuyer sur
un exemple local, l'Australie, pays où l'élevage tient une grande
place dans l'économie ( on peut d'ailleurs se demander si
l'influence du lobby des éleveurs n'a pas orienté l'article). Il
aurait été plus judicieux, pour faire un travail sérieux sur le végétarisme, de
s'appuyer sur une étude mondiale de l'élevage.
La seconde erreur – et elle me paraît
plus grave – est l'absence de vision écologique sur le long
terme.
Contrairement aux arguments exposés
dans le livre No steak qui place le végétarisme dans le cadre de l'évolution humaine qui se poursuivra dans les prochaines décennies et au-delà, on a dans l'article en
question une critique de la situation actuelle de l'agriculture,
limitée au territoire australien. L'auteur parle donc d'une
aggravation des problèmes environnementaux liée à la monoculture,
à l'emploi des pesticides, des engrais, des herbicides, il dénonce un
affaiblissement de la biodiversité causé par le défrichage des
pâturages qui cause la mort d'oiseaux de proie, de petits mammifères, de
serpents, de lézards...
En ce qui concerne la biodiversité, l'honnêteté aurait été de rappeler d'abord le rôle joué depuis deux siècles par les activités humaines dans la
destruction des milieux naturels (construction
d'autoroutes, de lotissements, agriculture intensive).
On remarquera enfin que la démarche de
transition entamée à l'échelle mondiale depuis huit ans et qui a
pour but de concevoir un autre mode de développement en réduisant les pollutions, en relocalisant les productions,
en économisant l'eau, est dans cet article complètement ignorée. L'agriculture de demain sera obligée d'intégrer l'aspect écologique.
Or le passage au végétarisme
s'inscrit dans une vision globale de la société dans laquelle il
s'agira de nourrir tous les habitants de la planète, de donner un
travail à tous, d'améliorer l'état de l'environnement et de ne
plus faire souffrir les êtres sensibles qui ont, comme les humains,
leur place sur la terre qui nous est commune.
C'est pourquoi le végétarisme est appelé à se développer.
C'est pourquoi le végétarisme est appelé à se développer.
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