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vendredi 14 septembre 2018

La rumeur du temps : Banal


La pomme inspire le scientifique et le poète
      Chaque vendredi  la chronique intitulée La Rumeur du Temps aborde une question se  rapportant à notre époque, vue sous l’angle de la culture, ce mot étant pris dans son sens large : « ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines. »
(le Robert)

BANAL

« Newton voit une pomme tomber et découvre une loi de l'univers, Darwin voit des oiseaux des îles et découvre une loi de l'évolution biologique. Sachons nous interroger sur le banal et l'évident. »
(Edgar Morin sur Twitter – 11 septembre 2018)

« Pour celui qui sait la regarder,  la forêt est un lieu où les choses banales paraissent toujours neuves. » 
(Une autre route - Chronique du 26 mai 2018)

                                                                             ***

    Le tweet oblige celui qui l’écrit à concentrer sa pensée. Edgar Morin - l’auteur qui a le mieux expliqué la complexité – nous livre en quelques mots une idée très intéressante. Constatant la tendance de ses contemporains à s’égarer en oubliant le bon sens et en confondant l’essentiel et l’accessoire, il nous invite à réfléchir davantage sur le banal et l’évident. Pour cela il cite deux scientifiques, Newton et Darwin qui, à partir de faits d’une grande banalité, ont  fait avancer considérablement les connaissances, l’un dans le domaine de la physique, l’autre dans celui de la biologie.

    D’un côté, une pomme qui tombe, de l’autre la rencontre faite lors d’un voyage de pinsons dont les becs sont différents. La curiosité intellectuelle, la volonté de comprendre, ont permis à Newton et  Darwin, après de longues interrogations et un travail de déduction, de faire deux découvertes importantes.
      Savoir tirer des leçons de l'observation de choses banales est aujourd'hui encore nécessaire à la recherche.

     Cette  remarque ne concerne pas seulement les scientifiques. Elle s'applique aussi aux artistes, aux poètes. Francis Ponge est sans doute celui qui a su le mieux trouver l’inspiration en cherchant à comprendre ce qu'il voyait autour de lui. Voici quelques titres de poèmes de son livre Le parti pris des choses : les mûres, le cageot, la bougie, l’orange, le pain, les escargots, la crevette, le galet…Des choses et des animaux qui n’ont rien d’exceptionnel !
      Tout le monde n'est pas appelé à devenir un grand écrivain mais chacun peut, lors d'une promenade dans la nature ou dans une ville, découvrir des choses ou des scènes qui l'émerveillent  et provoquent une émotion. C'est la poésie qu'on porte en soi qui s'exprime.
Malheureusement la société industrielle brise dès l'enfance cette capacité en imposant des gadgets et des produits inutiles. Elle les enferme dans un monde illusoire qui leur fait oublier le réel.









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