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vendredi 7 septembre 2018

La rumeur du temps : La mer



     Chaque vendredi  la chronique intitulée La Rumeur du Temps aborde une question se  rapportant à notre époque, vue sous l’angle de la culture, ce mot étant pris dans son sens large : « ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines. »
(le Robert)

LA MER

    La semaine dernière, j’évoquais le rôle important des forêts indispensables à la vie. On peut en dire autant des océans. C’est vraisemblablement mon intérêt pour l’écologie qui me pousse à les associer lorsque j’écris  ce texte publié en 1983 :
«  Et je m'enfoncerai dans ces forêts profondes où les arbres frissonnent comme des épidermes.
Je boirai à la source le suc de vérité.
Puis j'irai vers la mer où la vague dessine sur le roc de granit les fleurs de l'avenir. »

                                                                 ***     

    L’humanité doit beaucoup à la mer. Les premières formes de vie sur la Terre sont apparues dans des zones aquatiques. Les océans abritent des végétaux qui fournissent plus d’oxygène que les forêts. Ils assurent aussi la régulation du climat.
De tout temps, les poètes ont célébré la mer. Baudelaire l’a associéé à la liberté :
« Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame... »
Lamartine a chanté la mer calme du golfe de Gênes :
« Que j’aime à contempler  dans cette anse écartée
La mer qui vient dormir sur la grève argentée,
Sans soupir et sans mouvement ! »
Pour d’autres poètes, la mer représente les voyages et l’aventure mais elle est aussi celle qui entraîne les marins vers la mort, ce que Victor Hugo a si bien décrit dans Oceano Nox.

    Oui, l’humanité doit beaucoup à la mer mais depuis deux siècles des hommes sans morale  l'exploitent abusivement et la polluent : les marées noires défigurent les côtes, les produits toxiques utilisés dans les champs et les usines sont rejetés à la mer, les navires de croisière perturbent les écosystèmes (à Venise la situation est devenue catastrophique), le plastique s’accumule en certains endroits et entraîne la disparition de toute vie. La pêche intensive met en péril la reproduction des espèces...
Tout être responsable ne peut constater ces actes destructeurs sans exprimer sa colère et son envie de bâtir un autre monde.
    Pourtant il y en a qui continuent de regarder la mer sans voir qu‘elle est en danger, sans chercher à la comprendre. C’est ce que j’exprime dans le poème en prose Chant de la mer dont voici deux extraits :

1. Ȏ mer grise des jours de brume, mer verte des matins d'été !
Je pleure pour ces gens pressés qui ne t'ont jamais vue,
pour ceux qui traînent leur ennui dans des tours de béton,
pour ceux qui s'enferment dans des prisons
qu'eux-mêmes construisirent,
pour ceux qui plus tard ne te verront pas telle
que tu étais jadis.

2. Je regarde la mer que le soleil enflamme
et je pense à ceux qui ne savent voir la beauté du soleil 
triomphant à midi sur la mer,
à ceux qui n'entendent pas la musique des vagues, 
le murmure du vent sur la dune.

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