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lundi 14 décembre 2015

n° 1003 - le Carnet de bord, semaine 51

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent».



De la monarchie républicaine
au pouvoir citoyen

Des élections régionales qui viennent d’avoir lieu, on retiendra surtout les résultats du  premier tour qui  ont confirmé la poussée du FN en tête dans six régions et la disparition de la gauche dans le Nord et PACA. Concernant la progression frontiste, les invectives ne suffisent plus, il faut répondre au désarroi des citoyens qui ne voient plus d’autre issue que ce vote pour s’exprimer.

La monarchie républicaine ne fonctionne plus. Il est temps d’entrer dans le 21e siècle.

Il y a quelques jours, la Conférence sur le climat a eu le mérite de montrer qu’on ne pouvait plus prendre des décisions importantes en ayant le regard fixé sur le court terme, c’est désormais une vision sur le long terme ( à l’horizon 2050 et même 2100) qui devra s’imposer.
Concrètement, l’action menée par un(e) élu(e) dans un mandat de cinq ou six ans doit s’inscrire dans une perspective de long terme  qui ne peut s’accomplir efficacement que dans le cadre d’un mandat unique ( empêchant ainsi les dérives que provoque le désir de réélection).

Le système démocratique  doit donc  être remis en cause. La république des notables héritée du 19e siècle est repoussée par de nombreux citoyens qui choisissent l’abstention ou se jettent dans les bras du FN.
La constitution de 1958 et l’élection au suffrage universel du président ont paralysé la vie démocratique. Trop de pouvoirs dans les mains d’un seul homme nuit à la démocratie.

Dans celle-ci  la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens ( c’est sa définition). Or elle n’existe même plus ans dans  le fonctionnement des grands partis où c’est le fait du prince qui est devenu la règle. On l’a de nouveau constaté après le premier tour des régionales quand il a été décidé de retirer les listes socialistes dans trois régions ( ce que l’un des leaders régionaux a refusé).
Les citoyens eux aussi ne sont pas écoutés. Un exemple : en 2005, le référendum sur  le projet de loi autorisant  la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe avait été rejeté  par  54,68 % des électeurs français. Malgré cela, la constitution fut acceptée plus tard, sous une forme pratiquement identique.

Le système doit être juste, il doit permettre la représentation des différents courants politiques grâce à la proportionnelle intégrale. Les modes de scrutin  tendant à masquer la réalité des forces politiques sont pervers ; ils ont  des effets négatifs : ils produisent la rancœur et la colère des électeurs qui se sentent floués et préparent les succès futurs du - ou des - parti(s) visé(s).

De nouveaux repères, de nouvelles pratiques

La politique française s’appuie  sur des repères qui ont perdu leur sens initial. Que signifie encore l’axe  extrême gauche - gauche - centre - droite - extrême droite ? 
Une porosité existe entre droite et gauche, entre droite et extrême droite...
La complexité du monde doit se traduire  dans l'action politique : il n’y a plus un seul axe mais de multiples axes.

Pour traiter le problème majeur de notre époque - l’avenir de la planète - l’axe principal concerne le choix de société : d’un côté, il y a les productivistes ( attachés à la croissance, ils veulent produire toujours plus), de l’autre les partisans de la sobriété ( écologistes, alternatifs, décroissants, ils veillent au respect des écosystèmes).

À côté de cet axe principal, de multiples axes existent : liberté / sécurité, universalisme / nationalisme, traditionalisme / tolérance ( en ce qui concerne les mœurs), etc...

Dans cette optique, la notion de camps s’opposant les uns aux autres  disparaît : des majorités peuvent se créer sur certaines questions quand elles concernent l’intérêt général.

Enfin la renaissance de la démocratie demande qu’on mette fin aux longues carrières politiques. C’est le citoyen qui est doit être le ferment du renouveau.

samedi 12 décembre 2015

n° 1002 - Une photo, une phrase (14) : Arras



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.


LA PHOTO : Arras
La photo de cette place d’Arras et de son beffroi a été prise un soir de décembre, l’an dernier.
Capitale de l’Artois, Arras, après avoir été une ville bourguignonne à la fin du Moyen-Age, a fait partie des Pays-Bas espagnols en 1529. Elle est devenue française en 1659, à la suite du traité des Pyrénées.


LA PHRASE

J’avais vécu, pendant mes études, quatre ans à Arras, ville endormie à l’époque,  où les dimanches m’avaient paru si ennuyeux, où les seuls souvenirs agréables que je gardais de la ville étaient les soirées passées au théâtre, lorsque, bien des années plus tard, me promenant sur les anciennes places qui rappellent son passé espagnol,  je fus brusquement saisi par le charme d’Arras ; je compris alors que les villes ont un point commun avec les œuvres littéraires et musicales : il faut parfois des circonstances favorables ( un état d’esprit, la maturité...) pour que leur beauté nous touche et que nous les aimions.

vendredi 11 décembre 2015

n°1001 - Les oubliés de la COP 21

La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être l’affaire des spécialistes, elle concerne tous les citoyens de France  et d’ailleurs.
Le but de ces billets est  d’apporter les informations de base permettant de préciser les enjeux de la COP 21 et de faire le point sur les travaux de celle-ci.



Les  oubliés de la COP 21


Alors que la Conférence du climat s’achève dans la douleur, on peut déjà tirer les premiers enseignements des travaux menés pour tenter de limiter le réchauffement de la terre à moins de deux degrés.
Avant que les communiqués officiels se réjouissent des avancées obtenues, dressons un bilan des dossiers qu’il aurait été nécessaire de traiter et qui ont été délaissés par manque d’ambition.

  On a beaucoup répété  que ce sont les pays les plus pauvres qui souffriront le plus du dérèglement du climat ; parmi eux : le Bengladesh, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, Haïti, le Soudan...Parmi les populations vulnérables, il y a aussi les habitants des archipels. A quelques heures de la clôture de la COP 21, les engagements en faveur de ces pays ne sont pas encore assurés.

Autres peuples ignorés, ceux qui ont réussi jusqu’à maintenant à échapper plus ou moins à la civilisation moderne, les peuples autochtones, tels que les Amérindiens. 

On savait avant le début de la Conférence que les objectifs des participants étaient limités. Que contiendra la déclaration finale ?
Dans un prochain billet, je ferai une analyse de celle-ci, en pointant les avancées réelles et les insuffisances.

mercredi 9 décembre 2015

La Rumeur du temps n° 1000

LA TERRE, LES GENS
Entre doute et espoir



    Le 6 mars 2009, j’écrivais le premier billet de ce blog. 
Après m’être beaucoup déplacé à travers la France et de temps à autre en Europe pendant près de vingt ans pour défendre des valeurs qui me semblent fondamentales telles que l’égalité des chances, la coopération,  l’écologie, la citoyenneté, j’ai  décidé de me consacrer davantage à l’écriture et à la réflexion sur la période de transition et la société à l’horizon  2050.
Dans ce premier billet, j’évoquais les choses que j’aime  et celles contre lesquelles il est indispensable de lutter. Je définissais ainsi les thèmes que je serais amené à traiter au fil des articles.

   La rêverie conduit à l’écriture. Celle-ci s’inspire des événements que j’ai suivis, des rencontres que j’ai faites, des spectacles que j’ai vus. L’écriture s’enrichit aussi de mes lectures ; les ouvrages de Camus, d’Edgar Morin, de Thoreau, de Guillevic, et de bien d’autres, ont nourri ma pensée. La liberté a besoin de livres, c’est pourquoi les régimes autoritaires les censurent ou les brûlent. 

Dans cette première chronique, j’abordais en quelques phrases la question essentielle de notre époque : l’état de la planète dont dépend l’avenir de l’humanité. La « loi du progrès » a oublié que l’homme, être vivant parmi les autres, ne peut se soustraire aux lois de la nature :  

L’année 2015 s’achève dans la douleur. Je viens de relire ce texte d’introduction écrit six ans plus tôt. Il finissait sur une note optimiste.
Aujourd’hui  le monde ne va pas mieux, la situation s’est même aggravée. La pauvreté perdure, la planète n’en peut plus. En France, la démocratie a perdu ses repères, le discours sécuritaire semble avoir gagné au détriment de nos libertés, la xénophobie gagne du terrain. Le doute s’est installé. ...
Poursuivre dans la voie du passé mènerait au chaos.



lundi 7 décembre 2015

n° 999 Carnet de bord ( semaine 50)






Les philosophes, la guerre, le climat, la haine de l’autre

Depuis quelques semaines, les évènements se bousculent et aucun d’entre eux ne permet de verser dans l’optimisme. 
Après les attentats du 13 novembre, la réponse n’a pas tardé ; sans réflexion de fond pour définir un avenir politique de la zone visée, c’est la guerre qui a été choisie, les bombes tombent sur la Syrie et chacune d’ elles risque de tuer des civils.

À Paris, la Conférence sur le climat se poursuit et malgré les propos rassurants de certains participants, on sait que les mesures qui permettraient de limiter la hausse de température à 1°5 ont peu de chance d'être prises. De grands groupes pollueurs et des pays qui ne veulent pas entendre parler de la fin des énergies fossiles sont présents à la COP 21 ; il ne faut pas compter sur eux pour que le monde adopte un type de développement écologique.

Et puis hier, dans les treize nouvelles régions françaises, les urnes ont rendu leur verdict : la progression du parti de Mme Le Pen a été confirmée, le PS s’est effondré et sera absent dans plusieurs régions au second tour, les écologistes et les autres partis de gauche n’ont pas pesé lourd. Cela n’est pas le fruit du hasard, il a fallu trente années de reniements, de promesses non tenues, de concessions faites au détriment de la démocratie, pour en arriver là.
Trente années pendant lesquelles on a laissé se développer les thèses xénophobes, les contre-vérités, sans beaucoup réagir. 

Les philosophes médiatiques sont le symbole de ce glissement qui a abouti à la situation actuelle. 
Au 18e siècle, Rousseau, Voltaire, Condorcet, Diderot...développaient les idées émancipatrices sur lesquelles on s’est appuyé pour bâtir la République.
Les philosophes modernes - du moins ceux qu’on voit souvent sur les écrans - parlent de tous les sujets, même de ceux qu’ils connaissent mal.

C’est ainsi que Luc Ferry écrivait en 1992 Le nouvel ordre écologique, un pamphlet dans lequel il montrait sa méconnaissance du sujet.
Le semaine dernière, on a vu Raphael Enthoven regretter, sur une chaîne de télévision, qu’on ne donne pas davantage la parole aux climatosceptiques. Au nom du débat. Or le dérèglement climatique ne peut être remis en cause par un débat philosophique,  c’est une vérité scientifique.

Il y a quelques années, Bernard-Henry Lévy se vantait d’avoir poussé l’ex-président Sarkozy à faire la guerre en Libye.

Quant aux idées qui ont triomphé hier ( repli sur soi, préférence nationale, xénophobie), elles ont été portées ces dernières années par des intellectuels tels que Finkielkraut, honoré l’an dernier par un titre d’académicien.

Les idées  qui rendent la période actuelle si douloureuse sont bien dans " l'air du temps "

samedi 5 décembre 2015

Une photo, une phrase n° 13 : Nederland, pays bas



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Nederland, pays bas

La photo :
Dans les Pays-Bas d’aujourd’hui, fortement industrialisés, où les autoroutes et les grands immeubles gagnent sans cesse du terrain, les espaces qui ne portent pas les stigmates de la modernité sont de plus en plus rares. C’est pourquoi j’ai pris cette photo ;  au sud d’Amsterdam, la campagne,  en certains endroits, a gardé son visage d’autrefois.
Ce paysage fait bien sûr penser au plat pays de Jacques Brel :

“Avec des cathédrales pour uniques montagnes 
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne [...]  
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir 
Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir 
Le plat pays qui est le mien ” 

La Belgique et les Pays-Bas ont en commun la Mer du Nord, les dunes, les vastes plaines...



La phrase

D’abord, on aperçoit au bord de la route trois arbres chétifs secoués par le vent qui vient de la mer, aucune cathédrale ne s’élève au loin, pas le moindre vieux moulin à l’horizon, seule une petite église se dresse au-dessus d'un pâté de maisons ; la plaine s’étend, interminable et paraîtrait monotone s’il n’y avait pas ces watergangs qui la traversent nonchalamment : on a devant les yeux un paysage qui semble venir d’un autre temps.

vendredi 4 décembre 2015

Ces chevaux qu'on abat ( poésie)




Itinéraire d’un poème : Ces chevaux qu'on abat

Comment naît un poème ? Chaque auteur a sa méthode et rien, dans le domaine de la création, n’est immuable. Mais cependant, il est possible de définir certains principes.
En ce qui me concerne, la démarche  comprend trois étapes. Illustrons cela par un exemple.

1. Le déclic ( l’inspiration)
Au printemps 2012, dans le cadre de la préparation à un entretien d’embauche, j’interrogeais une étudiante. 
Parlant de ses loisirs, elle me dit qu’elle aime les chevaux et qu’elle fait de l’équitation. Alors je lui dis :
- Vous  ne faites sûrement pas partie des amateurs  de viande de cheval !
Elle me regarde étonnée, avant de répondre :
- J’en mange, et c’est très bon.
Ce n’était pas le lieu qui convenait à un débat. Je passais à autre chose. Mais l’envie de partager la  tristesse  que j’éprouve devant la mort d’un animal (notamment celle d’un cheval qui a beaucoup couru, beaucoup travaillé pour l’homme et qu’on envoie à l’abattoir plutôt que lui offrir une vieillesse paisible) était forte.
Dans les jours qui suivirent, je notais quelques idées pour évoquer le sort de ces  chevaux. 


3. Le texte définitif *
‭( Il est rare qu’un premier jet donne satisfaction à son auteur.)

‭Le texte ci-dessus a été retravaillé à plusieurs reprises pour améliorer le rythme et  renforcer la  violence de la situation. Cinq mois plus tard le poème avait trouvé sa forme définitive.
Aux barbelés barbares de l'oubli
il a suspendu son galop,‭ ‬arraché sa crinière,‭
r‬etenu un sanglot.
Le vieux cheval attend la nuit
et dans les yeux de l'enfant qui passe‭ 
il ne voit plus la lumière‭
‬des grands espaces.
‬Il devine la mort,‭ ‬la porte qu'on referme,‭ 
la lame qui s’élance‭
‬vers son corps fatigué
‬Et le sang jaillissant‭
dans la pâleur de l'aube.


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