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samedi 26 décembre 2015

n° 1010 - Une photo, une phrase : la grande roue




Tous les photographes ont le réflexe de fixer l’instant qu’ils ont apprécié ou qui les a émus. C'est pourquoi lors de leurs promenades, de leurs déplacements, de leurs voyages,ils emportent  toujours  avec eux  un appareil photo, outil qui ne sert pas seulement à  garder  les images que la mémoire pourrait oublier mais aussi à créer des œuvres originales.

Ramon Ciuret s’est promené dans sa région, dans l’est de la France, pour saisir l’esprit de la fête aux alentours de Noël

La photo : la grande roue

   
    PHOTO : Ramon CIURET

La phrase

Entre les maisons et l’église, au milieu de la place, elle impose sa masse  de métal aux promeneurs ; les uns, de nature peureuse, se contentent de regarder tourner la grande roue, ils aimeraient connaître l’impression ressentie quand elle parvient au sommet de sa course mais n’osent pas franchir le pas, les autres, plus hardis, attendaient son retour depuis des mois pour éprouver ces sensations fortes qui permettent de sortir du train-train quotidien et ils s’installent  dans la nacelle, heureux comme de jeunes enfants qui ouvrent leurs cadeaux le jour de Noël, pour voir à nouveau la ville sous un autre angle.  


vendredi 25 décembre 2015

n°1009 - Un Noël sans neige

  
PHOTO : Ramon CIURET


C’est dans une ambiance particulière que nous sommes entrés dans la période des fêtes de fin d’année.
D’abord à cause des évènements douloureux qui se sont déroulés en France et dans le monde ces derniers mois. Et puis à cause de la douceur du temps que nous avons actuellement, douceur qui nous éloigne des hivers traditionnels, ceux des contes et des légendes, ceux qui inspiraient les poètes :

" Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits
Si douce, toi la soeur pensive du silence,
Ô toi l'immaculée en manteau d'indolence
Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits..."
( Georges Rodenbach)

Il n’y a pas si longtemps, Noël, c’était pour les enfants l’espoir de voir le paysage se cacher sous une belle couche de neige et la joie de regarder, émerveillé, dans la nuit claire  la multitude des étoiles qui semblaient briller davantage que d’habitude, c’était le plaisir de courir dans la neige, la tête couverte d’un bonnet de laine, les mains protégées du froid par des moufles qu’une délicieuse grand-mère  avait tricotées, les batailles de boules de neige, le bonhomme qu’on espérait ne pas voir fondre trop vite...

Faudra-t-il  désormais s’habituer au cours perturbé  des saisons ou aura-t-on la volonté d’agir pour que la nature retrouve les cycles d’antan ? Nul ne le sait à ce jour.

Cependant, nous devons continuer d’offrir  aux enfants d’aujourd’hui des occasions  de rêver, de s’émerveiller comme leurs parents, leurs grands-parents avaient pu le faire.

Des promenades le soir dans la plupart des villes, qu’elles soient grandes ou petites, apportent un peu de rêve. En marchant dans les rues illuminées, on découvre des sapins lumineux, des demi-lunes bleues, des étoiles de toutes les couleurs.
Certes la neige n’est pas là mais on retrouve en marchant dans la ville un peu de la magie de Noël.

mercredi 23 décembre 2015

n° 1008 - Une certaine idée du bonheur (2)


2. Un instant de bonheur


Mille images du passé jaillissent de ma mémoire. 
( On garde de préférence les plus douces mais on ne peut effacer celles qui vous ont fait mal.)
Un enfant parcourt la campagne avec son grand-père. Un président est assassiné. La naissance d'un fils puis d'un second. De jeunes femmes belles meurent au printemps, comme des héroïnes de Jan Wolkers*.
Images confuses ressurgies de l'enfance, de la jeunesse, images que le temps n'a pas encore déformées.
Qu'on ne s'y trompe pas. Je ne me tourne pas vers elles par nostalgie, par goût exclusif des souvenirs.
Il faut vivre l'instant présent. 
Je vais vers elles pour comprendre le monde et  y trouver un art de vivre.
                                                      *
C'était un bel après-midi de juillet. Nous nous promenions sur la plage. Nous nous sommes assis sur un rocher et nous avons longtemps parlé...
Nous avons parlé de tout, de son pays, du monde, du bonheur.
Je lui parlais et elle m'écoutait. Elle donnait son avis et j'allais avec ravissement à la rencontre d'un autre être.
Il est important d'être écouté. Il est important d'écouter l'autre. L'écouter pour chercher à le comprendre et l'accepter tel qu'il est.
Ainsi commence l'échange, ainsi au moment où l'échange s'établit, vit-on un instant de bonheur.

( Images vues, introduction - 1975 )
* Wolkers : grand écrivain et artiste néerlandais ( 1925 - 2007)

NOTES ( 22 décembre 2015)

1. Le bonheur personnel ne peut être bâti sur l’égoïsme, on ne peut être indifférent aux évènements extérieurs. C’est ce que j’ai exprimé dans un texte publié en 2011, Quand minuit sonnerait, dont voici un extrait :

( A vingt ans nous étions / des rêveurs indolents
et puis le temps / nous a appris
à écouter le monde )

Minuit sonne, le piano s’est tu.
Et ce long cri plaintif
qui monte jusqu’à nous...

                                            *
2. Je n’ai guère aimé les années 70. 
Des utopies qui avaient enthousiasmé la jeunesse en 1968 il ne restait pas grand-chose. Au cœur des villes, on avait cru entendre le chant de la mer ( un slogan disait : Sous les pavés, la plage) et  la société s’enfonçait dans la religion de l'abondance qui appelait à consommer de plus en plus, et elle restait indifférente aux avertissements des sages qui annonçaient les crises futures.

L’ère de la politique  spectacle débutait ; dans une  mise en scène bien organisée, le Président s’invitait chez les gens et jouait de l’accordéon. Sur les plateaux de télévision qui remplaçaient les estrades, les petites phrases assassines et les bons mots jaillissaient ; la politique perdait peu à peu sa substance.

Dans ces années-là,  un courant poétique avait choisi l'hermétisme pour exprimer la solitude, la détresse, la résignation de certains auteurs. Ceux-ci promenaient sur le monde un regard désabusé. Il n'y avait pas d'espoir dans leurs vers qui disaient le mal de vivre, qui renvoyaient les images d'un monde déshumanisé, sans amour, sans issue. La tristesse avait gagné le style, on lisait sans plaisir des vers qui avaient oublié la musicalité.
Les poètes du nouveau réalisme s'enfermaient dans l'égocentrisme et subissaient leur destin. 

Tous n’avaient pas pris la même voie. Neruda, Guillevic, Prévert,  avaient choisi la simplicité, la beauté, la lutte.
C'est cette poésie-là que j'aimais et que j'aime toujours.

La lecture d'un poème doit être un moment de grâce, quel que soit le thème traité, qu'il soit léger, profond, joyeux ou triste. 




lundi 21 décembre 2015

n° 1007 - Regard - Semaine 52





FRATERNISATIONS ET PACIFISME

Dans notre société, les pacifistes apparaissent comme des utopistes déconnectés de la réalité.
C’est le signe d’une civilisation qui n’a pas encore atteint sa maturité. Si des gens sont par nature belliqueux, il appartient à la culture - donc à l'éducation - de leur apprendre la tolérance, la fraternité, le respect de la vie.

Il y a quelques jours, on a inauguré dans le Pas-de-Calais un monument des fraternisations. De quoi s’agit-il ?

L’histoire officielle a longtemps décrit la guerre de 1914-1918 en  mettant en valeur le patriotisme des soldats. Les manuels scolaires de la première moitié du 20e siècle préparaient les jeunes à défendre la patrie.
On a caché pendant des années les mouvements de colère et de lassitude qui ont secoué les tranchées.

À‭ ce jour, on ne connaît pas encore toute la vérité sur les mutineries qui ont eu lieu ‬ du côté des alliés. Dans le Pas-de-Calais, en 1917, un millier de soldats britanniques et du Commonwealth  se soulevèrent et il y eut des répressions. (les archives militaires seront accessibles en 2017)

On doit au cinéaste Christian Carion d’avoir popularisé en 2005 - dans son film Joyeux Noël - les épisodes de fraternisation qui se sont produits sur le front, à partir de l’hiver 1914.

Dans les environs d’Arras , il y eut alors une « trêve de Noël » qui  réunit pendant quelques jours des soldats allemands, britanniques et français, dans une démarche spontanée de rejet d’une situation qu’ils jugeaient inhumaine.
Ces soldats  épuisés,  avaient vu de nombreux camarades mourir les uns après les autres, la vie dans les tranchées était insupportable. Ce matin-là, on entendit soudain des chants monter du côté allemand où des sapins de Noël avaient été plantés. Les soldats allemands appelèrent les Français et les Britanniques à venir les rejoindre et l’on assista alors à des scènes improbables de fraternisation  lourdes de signification. 
L’un des soldats, Louis Berthas, avait écrit dans ses carnets de guerre :
 « Qui sait ! Peut-être un jour sur ce coin de l’Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entretuer. »
C’est aujourd’hui chose faite.

                                                 *

Dans une tribune qui ouvre le dernier numéro de Terra Eco, Edgar Morin écrit qu’« il faut tout faire pour gagner la paix en Syrie » si l’on veut lutter efficacement contre Daech. Il nous rappelle que les bombes ne servent à rien si l’on ne retourne pas  à « la source même » du conflit, en l’occurrence le Moyen-Orient et les banlieues.
Il faut dire qu’Edgar Morin est le philosophe de la complexité, une  manière de penser que de nombreux décideurs n’ont pas encore intégrée dans leur analyse des problèmes.

samedi 19 décembre 2015

n°1006 - Une photo, une phrase (15) Juliette Capulet




J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

LA PHOTO

Quand on est de passage à Vérone, on pense irrémédiablement aux jeunes amoureux que Shakespeare a immortalisés, au tragique destin de Juliette et  Roméo, amants dont les familles se méprisaient, les Capulet et les Montaigu.
La « maison de Juliette », devenue musée,  attire chaque année de nombreux touristes ; on sait que la maison n’est pas celle de Juliette, on sait que le balcon a été rajouté pour évoquer la fameuse scène de la pièce de théâtre, mais cela ne rebute pas les visiteurs. Il arrive que le talent d’un grand auteur permette de confondre légende et réalité.


JULIETTE ( Capulet)

LA PHRASE

Ainsi, la jeune héroïne qui m’avait tant ému lorsque j’avais lu son histoire quand j’étais adolescent avait enfin un visage et un corps, figés à jamais dans le bronze grâce à un artiste * du siècle dernier ; elle était là devant moi, abritée du soleil par un maigre feuillage, mince dans sa robe dorée, jeune fille frêle au regard un peu triste qui devait mourir pour avoir bravé l’autorité des adultes, symbole des amours contrariées et des  victimes de la haine que peuvent se vouer  des gens pour des raisons irrationnelles. 



* Nereo Costantini  a réalisé cette statue en 1969

vendredi 18 décembre 2015

n° 1005 - Une certaine idée du bonheur ( 1)


Les signes qui démontrent que nous sommes dans un monde finissant sont de plus en plus visibles. Pourtant certains, par aveuglement et surtout par égoïsme  et cynisme, continuent de nier la réalité. Je n’ose imaginer ce qu’il adviendrait demain si un Donald Trump devenait président des Etats-Unis.

Dès la fin des années 1960, il devenait évident qu’il serait nécessaire de changer nos modes de vie. On a malgré cela, pendant les décennies qui ont suivi, ignoré les messages envoyés par les scientifiques et des philosophes tels qu’Edgar Morin.

Au début des années 1970, dans mes chroniques et mes poésies, j’évoquais souvent les rapports de l’homme avec la nature, l’avenir de l’humanité.
En 1975, je publiais mon deuxième recueil de poésies ; il s’intitulait Images Vues - Une certaine idée du bonheur. 
Le recueil s’ouvrait sur une réflexion sur le monde moderne et le bonheur.

Quarante ans après, en relisant ce texte, j’ai l’impression de l’avoir écrit hier.




mercredi 16 décembre 2015

n° 1004 - Horizon 2050 : Après la COP 21


Après la COP 21 : 
L’urgence climatique attendra encore 


MOBILISATION CITOYENNE POUR LE CLIMAT

La conférence de Paris sur le climat s’est terminée dans les conditions que j’avais prévues dans un précédent billet : des discours officiels enthousiastes, des commentaires enflammés ( n’a-t-on pas parlé d’un moment « historique » !).
Il est vrai que cette réunion a permis de rappeler au monde entier -  certains l’ignoraient-ils encore ? - que le dérèglement climatique mettait en péril l’humanité et qu’on se dirigeait vers une hausse de température de la Terre d’au moins trois degrés avant la fin du siècle si rien n’était fait. On a même fixé un objectif clair : limiter cette hausse à 1,5 degré, soit 0,6 degré par rapport à la hausse constatée à ce jour.

Les195 états de la planète ont donné leur accord pour agir ensemble dans un même cadre international pour lutter contre le dérèglement climatique.
C’est le bilan positif de cette conférence. Tout le reste ( le contenu du texte adopté, les financements nécessaires, les contrôles...) ne garantit pas la réussite de l’objectif poursuivi.

La première question qu’on peut se poser : alors que l’on est devant une situation urgente pourquoi attendre avant d’agir ?
Imaginerait-on un médecin dire à un malade atteint d’une maladie grave :
- On va commencer votre traitement l’année prochaine.

 Le contenu du texte :

La déclaration de 39 pages comporte 29 articles rédigés dans un style diplomatique, juridique, sans aucun préambule pour définir ce qu’est la transition écologique ( mot non cité) et ce qui la différencie du développement durable qui a échoué. Le risque étant que les pays continuent de parler de transition sans en appliquer les principes. 
( À‭ ce sujet on peut lire l’ouvrage de Rob Hopkins, fondateur du mouvement de Transition, Manuel de la transition.
‭Dans ce blog vous trouverez également dans les rubriques Changer d’ère* et Horizon 2050 les bases théoriques de la transition, articles rédigés dans le cadre des travaux que je mène sur ce thème)

Par ailleurs aucun objectif annoncé dans le texte n’est contraignant : on note à plusieurs reprises l’expression : la Conférence « invite les parties ». Il n’y a donc aucune obligation pour certains points. 
Les engagements ne sont pas chiffrés ( par exemple pour la réduction d’émissions des gaz à effet de serre ).
Les techniques soutenables ne sont pas préconisées. On peut prévoir que les grands groupes pollueurs ( du pétrole, du nucléaire, de l’agroalimentaire, des transports aériens ) feront tout pour ne rien changer.

Quant aux financements permettant le changement, notamment pour accompagner les pays pauvres, ils sont pour la plupart soumis à de futurs arbitrages.

Enfin, aucun mécanisme de sanction n'est prévu à l’encontre des Etats qui  lutteraient insuffisamment contre le réchauffement.

L’accord de Paris ne s’attaque pas aux causes du dérèglement climatique ( le productivisme, la mondialisation financière et économique).  Il faut donc le faire évoluer pour que l'objectif visé soit atteint.

Conclusion
On est donc loin de l’accord historique annoncé. Heureusement la société civile se mobilise à travers le monde depuis dix ans pour mettre en place des initiatives citoyennes. La petite ville de Kinsale, en Irlande, a été grâce à Rob Hopkins, pionnière en la matière. C’est dans cette voie qu’il faut s’engager pour gagner la lutte contre le réchauffement du climat et contre tous les déséquilibres causés par la société actuelle.

* Pour cela, taper Changer d'ère dans le cadre Recherche en haut à droite

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