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mercredi 23 décembre 2015

n° 1008 - Une certaine idée du bonheur (2)


2. Un instant de bonheur


Mille images du passé jaillissent de ma mémoire. 
( On garde de préférence les plus douces mais on ne peut effacer celles qui vous ont fait mal.)
Un enfant parcourt la campagne avec son grand-père. Un président est assassiné. La naissance d'un fils puis d'un second. De jeunes femmes belles meurent au printemps, comme des héroïnes de Jan Wolkers*.
Images confuses ressurgies de l'enfance, de la jeunesse, images que le temps n'a pas encore déformées.
Qu'on ne s'y trompe pas. Je ne me tourne pas vers elles par nostalgie, par goût exclusif des souvenirs.
Il faut vivre l'instant présent. 
Je vais vers elles pour comprendre le monde et  y trouver un art de vivre.
                                                      *
C'était un bel après-midi de juillet. Nous nous promenions sur la plage. Nous nous sommes assis sur un rocher et nous avons longtemps parlé...
Nous avons parlé de tout, de son pays, du monde, du bonheur.
Je lui parlais et elle m'écoutait. Elle donnait son avis et j'allais avec ravissement à la rencontre d'un autre être.
Il est important d'être écouté. Il est important d'écouter l'autre. L'écouter pour chercher à le comprendre et l'accepter tel qu'il est.
Ainsi commence l'échange, ainsi au moment où l'échange s'établit, vit-on un instant de bonheur.

( Images vues, introduction - 1975 )
* Wolkers : grand écrivain et artiste néerlandais ( 1925 - 2007)

NOTES ( 22 décembre 2015)

1. Le bonheur personnel ne peut être bâti sur l’égoïsme, on ne peut être indifférent aux évènements extérieurs. C’est ce que j’ai exprimé dans un texte publié en 2011, Quand minuit sonnerait, dont voici un extrait :

( A vingt ans nous étions / des rêveurs indolents
et puis le temps / nous a appris
à écouter le monde )

Minuit sonne, le piano s’est tu.
Et ce long cri plaintif
qui monte jusqu’à nous...

                                            *
2. Je n’ai guère aimé les années 70. 
Des utopies qui avaient enthousiasmé la jeunesse en 1968 il ne restait pas grand-chose. Au cœur des villes, on avait cru entendre le chant de la mer ( un slogan disait : Sous les pavés, la plage) et  la société s’enfonçait dans la religion de l'abondance qui appelait à consommer de plus en plus, et elle restait indifférente aux avertissements des sages qui annonçaient les crises futures.

L’ère de la politique  spectacle débutait ; dans une  mise en scène bien organisée, le Président s’invitait chez les gens et jouait de l’accordéon. Sur les plateaux de télévision qui remplaçaient les estrades, les petites phrases assassines et les bons mots jaillissaient ; la politique perdait peu à peu sa substance.

Dans ces années-là,  un courant poétique avait choisi l'hermétisme pour exprimer la solitude, la détresse, la résignation de certains auteurs. Ceux-ci promenaient sur le monde un regard désabusé. Il n'y avait pas d'espoir dans leurs vers qui disaient le mal de vivre, qui renvoyaient les images d'un monde déshumanisé, sans amour, sans issue. La tristesse avait gagné le style, on lisait sans plaisir des vers qui avaient oublié la musicalité.
Les poètes du nouveau réalisme s'enfermaient dans l'égocentrisme et subissaient leur destin. 

Tous n’avaient pas pris la même voie. Neruda, Guillevic, Prévert,  avaient choisi la simplicité, la beauté, la lutte.
C'est cette poésie-là que j'aimais et que j'aime toujours.

La lecture d'un poème doit être un moment de grâce, quel que soit le thème traité, qu'il soit léger, profond, joyeux ou triste. 




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