Après la COP 21 :
L’urgence climatique attendra encore
La conférence de Paris sur le climat s’est terminée dans les conditions que j’avais prévues dans un précédent billet : des discours officiels enthousiastes, des commentaires enflammés ( n’a-t-on pas parlé d’un moment « historique » !).
Il est vrai que cette réunion a permis de rappeler au monde entier - certains l’ignoraient-ils encore ? - que le dérèglement climatique mettait en péril l’humanité et qu’on se dirigeait vers une hausse de température de la Terre d’au moins trois degrés avant la fin du siècle si rien n’était fait. On a même fixé un objectif clair : limiter cette hausse à 1,5 degré, soit 0,6 degré par rapport à la hausse constatée à ce jour.
Les195 états de la planète ont donné leur accord pour agir ensemble dans un même cadre international pour lutter contre le dérèglement climatique.
C’est le bilan positif de cette conférence. Tout le reste ( le contenu du texte adopté, les financements nécessaires, les contrôles...) ne garantit pas la réussite de l’objectif poursuivi.
La première question qu’on peut se poser : alors que l’on est devant une situation urgente pourquoi attendre avant d’agir ?
Imaginerait-on un médecin dire à un malade atteint d’une maladie grave :
- On va commencer votre traitement l’année prochaine.
Le contenu du texte :
La déclaration de 39 pages comporte 29 articles rédigés dans un style diplomatique, juridique, sans aucun préambule pour définir ce qu’est la transition écologique ( mot non cité) et ce qui la différencie du développement durable qui a échoué. Le risque étant que les pays continuent de parler de transition sans en appliquer les principes.
( À ce sujet on peut lire l’ouvrage de Rob Hopkins, fondateur du mouvement de Transition, Manuel de la transition.
Dans ce blog vous trouverez également dans les rubriques Changer d’ère* et Horizon 2050 les bases théoriques de la transition, articles rédigés dans le cadre des travaux que je mène sur ce thème)
Par ailleurs aucun objectif annoncé dans le texte n’est contraignant : on note à plusieurs reprises l’expression : la Conférence « invite les parties ». Il n’y a donc aucune obligation pour certains points.
Les engagements ne sont pas chiffrés ( par exemple pour la réduction d’émissions des gaz à effet de serre ).
Les techniques soutenables ne sont pas préconisées. On peut prévoir que les grands groupes pollueurs ( du pétrole, du nucléaire, de l’agroalimentaire, des transports aériens ) feront tout pour ne rien changer.
Quant aux financements permettant le changement, notamment pour accompagner les pays pauvres, ils sont pour la plupart soumis à de futurs arbitrages.
Enfin, aucun mécanisme de sanction n'est prévu à l’encontre des Etats qui lutteraient insuffisamment contre le réchauffement.
L’accord de Paris ne s’attaque pas aux causes du dérèglement climatique ( le productivisme, la mondialisation financière et économique). Il faut donc le faire évoluer pour que l'objectif visé soit atteint.
Conclusion
On est donc loin de l’accord historique annoncé. Heureusement la société civile se mobilise à travers le monde depuis dix ans pour mettre en place des initiatives citoyennes. La petite ville de Kinsale, en Irlande, a été grâce à Rob Hopkins, pionnière en la matière. C’est dans cette voie qu’il faut s’engager pour gagner la lutte contre le réchauffement du climat et contre tous les déséquilibres causés par la société actuelle.
* Pour cela, taper Changer d'ère dans le cadre Recherche en haut à droite
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