Lorsqu'on visite une ville, il arrive fréquemment
qu'on croise quelques artistes de rue qui se
produisent dans les conditions les plus difficiles
qui soient, pour gagner leur vie et pour certains
pour se faire connaître.
Les uns chantent en s'accompagnant à la guitare
et ont un véritable talent, d'autres jonglent ou
crachent le feu. Dans un square, un marionnettiste
réussit à rassembler une vingtaine d'enfants et
leurs parents. Plus loin, un orchestre péruvien
anime la place.
Ces artistes ont du mérite : ils ont choisi la
liberté et ses risques plutôt que les contraintes
d'un travail en entreprise ; ils exercent leur passion
devant des passants pour la plupart pressés et
indifférents. Les retenir quelques instants est
pour eux un premier succès.
Parmi tous les artistes de rue, il est une catégorie
qui m'impressionne et que je voudrais saluer ici :il s'agit des statues vivantes.
Ces artistes sont nombreux dans les villes italiennes.
Je me souviens de celui rencontré à Vérone, à
deux pas des arènes. C'était au début de l'été et
le thermomètre marquait 35° à l'ombre. Il était
perché en plein soleil sur un tabouret recouvert
d'un tissu blanc qui faisait office de socle.
La main droite appuyée sur la hanche, le bras
gauche légèrement replié, le visage maquillé de
blanc, complètement figé, il restait ainsi pendant
de longues minutes, immobile, masquant tout
signe de vie. De temps en temps, il adressait un
léger clin d'œil à celui qui déposait une pièce
dans la corbeille et reprenait aussitôt son rôle
de statue.
Combien d'heures de travail avait-il fallu à cet
homme pour obtenir cette concentration parfaite?
Pourquoi avait-il choisi d'être une statue vivante
plutôt qu'un acteur déclamant des répliques ou
un mime se déplaçant sur une scène ?
Je ne le saurai jamais. Subrepticement, la
statue humaine a quitté son socle et a disparu
dans une ruelle, gardant son mystère.
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