Rechercher dans ce blog

mercredi 14 décembre 2011

Le mythe de la mobilité



Il y a quelques jours, je me trouvais à Hesdin, gros bourg du Pas-de-Calais situé entre Montreuil  ( rendu célèbre par Victor Hugo qui y situa quelques scènes fameuses des Misérables) et Arras. Je me promenais à travers la ville qui a gardé son charme d’autrefois, admirant ici l’hôtel de ville et son beffroi, plus loin la vieille église Notre-Dame, m’arrêtant à plusieurs reprises pour voir la Canche couler paisiblement. Je passais devant la maison  qui avait abrité l’abbé Prévost, l’auteur de Manon Lescaut et je me disais que cette petite ville, avec son riche patrimoine et son histoire ( son destin a été lié au 16e siècle à celui de Charles Quint) ne devait pas seulement avoir pour vocation d’attirer les touristes, elle devrait — comme bien d’autres en milieu rural  — pouvoir retenir ses jeunes, ses cadres, obligés de quitter un cadre de vie très agréable pour trouver du travail ailleurs, dans une région plus prospère, souvent à proximité d’une grande ville où ils ne trouvent pas la même qualité de vie.



Cette situation d’une ville qui voit sa population décliner tout en ayant  beaucoup d’atouts m'amène à remettre en cause le mythe moderne de la mobilité qu’on présente aux jeunes de notre époque comme une panacée, un préalable incontournable à l’obtention d’un emploi.
Bien sûr, il n’est pas question de refuser  catégoriquement toute mobilité mais de dénoncer la mobilité subie — conséquence avant tout d’un mauvais aménagement du territoire — qui  a des effets néfastes pour les gens et pour la société.
La désertification des zones rurales est dramatique. Prenons l’exemple d’Hesdin : à l’époque de la Révolution, la ville comptait 3768 habitants ; depuis, elle a perdu 35% de sa population pendant qu’en France on passait de 27 à 65 millions d'habitants. Cet appauvrissement des campagnes a entraîné peu à peu la disparition de services publics et a conduit à une perte d’attractivité. Cela est devenu un cercle infernal.
Pour les personnes obligées de quitter leur région, le déracinement est souvent mal vécu car leur nouveau cadre de vie n’a pas la qualité de celui qu’elles viennent de quitter. Elles perdent du temps dans les déplacements, découvrent le stress des grandes villes, les loyer plus chers, parfois la solitude…
Faut-il se résigner à cette situation ?  Non car la recherche d’une qualité de vie meilleure devient un objectif de plus en plus répandu ; d’autre part la création de nouvelles activités, de nouveaux services liés au numérique, au développement durable, au bien-être, à la culture, en dehors des grands axes,  peut désormais être viable.
Une  nouvelle politique d’aménagement du territoire contribuant au renouveau des campagnes, impensable il y a dix ans, n’est plus une utopie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Chroniques les plus lues