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vendredi 29 novembre 2013

NAZ : le théâtre engagé



J'ai vu, il y a quelques jours, une pièce qui ne ressemble à aucune autre, Naz, un spectacle qu'on apprécie pour la performance de l'acteur seul en scène, Henri Botte,  pour la force du texte écrit par Ricardo Montserrat et le message qu'il porte.
Un spectacle dont on sort troublé par la violence du personnage, un homme jeune au crâne rasé, préoccupé par sa forme physique et sa musculature, non pas pour un bien-être du corps mais pour mieux assouvir ses instincts de brute, un homme qui ne cesse de parler de sa haine des homosexuels et des SDF, un personnage appartenant à une mouvance extrémiste qui rêve d'un chef à l'image de Hitler.

Le personnage de la pièce est donc antipathique et effrayant.
Mais il n'est pas sorti de l'imagination de l'auteur. En effet Ricardo Montserrat a écrit son texte à la demande de Culture Commune, scène nationale du bassin minier de la région Nord-Pas-de-Calais et de l'association Colères du Présent qui désiraient, à partir de cette pièce, mener une action d'information sur le développement des mouvances extrémistes.
C'est à partir des propos recueillis auprès de plusieurs centaines de jeunes nordistes fréquentant ces milieux que le texte a été écrit.
Le spectacle est toujours suivi d'un débat avec la salle, ce qui permet à l'auteur, au metteur en scène Christophe Moyer et à l'acteur de préciser leur intention : attirer l'attention sur les dangers de groupuscules inspirés par le nazisme.
Cette forme de théâtre engagé est bien plus qu'un spectacle, c'est un travail salutaire en faveur de la démocratie.

lundi 25 novembre 2013

Sur mon bloc-notes ( semaine 48 - 2013 )

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.






LE RAPPORT DE L'IG SUR L'ĖCOLE

L'Inspection Générale vient de livrer un rapport sur l'école qui n'a pas étonné ceux qui suivent de près la question scolaire : l'école française pourrait faire beaucoup mieux. En cause notamment, le problème de la formation des maîtres.
Comme dans la plupart des autres domaines, le débat sur l'école scolaire se focalise souvent sur des points certes importants mais non essentiels, comme les rythmes scolaires en ce moment. Or il serait nécessaire de repenser l'école d'aujourd'hui en profondeur pour lui donner un cap et des orientations claires.
Dans cette optique, c'est bien la formation des enseignants qui devrait être la priorité des prochaines années.
Le problème n'est pas nouveau. Si l'on excepte ceux qui ont bénéficié de la formation dispensée par les écoles normales primaires jusqu'en 1990, on sait que de nombreux enseignants se sont présentés, depuis des décennies, devant leurs élèves sans aucune formation ou insuffisamment formés : la formation dans les IUFM était mal adaptée, les professeurs du secondaire et du supérieur n'ont pas les bases essentielles de la pédagogie qui est la science des processus d'apprentissage ( et non un art comme on entend dire parfois)
La  formation qu'on exige dans tous les autres métiers car elle est la base d'un bon exercice de toute profession est négligée dans l'enseignement. Cela paraît paradoxal.

JOHN KENNEDY

Le 22 novembre 1963, le monde entier apprenait avec stupeur l'assassinat du président des Etats-Unis. La légende des Kennedy, bâtie sur l'image d'un couple présidentiel jeune, allait grandir rapidement. Les malheurs de cette famille touchée par les deuils et les accidents ont contribué à bâtir la légende, jusqu'à ce que paraissent des informations écornant le mythe (en particulier sur la personnalité du père).
Le mandat de John Kennedy a été court, et son bilan est donc difficile à faire. Ce qui est sûr, c'est qu'avec Kennedy, le vote politique a pris une nouvelle forme ; l'apparence du candidat, la mise en scène de sa famille, sont devenus des arguments séduisant l'électeur. Et cela n'est pas une avancée pour la démocratie !


UNE SOCIĖTĖ INQUIÈTE

Fermeture d'usines, de magasins, crise agroalimentaire, persistance du chômage, stress au travail... La liste des craintes et du mal-être d'une grande partie de la population est longue. Aussi le résultat d'une étude commandée à BVA sur « La France dans dix ans » n'est-il pas étonnant. L'inquiétude des gens se traduit par une vision pessimiste de l'avenir du pays. Ce climat n'est pas propice au redressement. Il est temps de donner des signes concrets à ceux qui sont dans le doute.


FOOTBALL

Le football est un sport étonnant, capable d'enflammer les foules et de faire perdre la raison à des supporters
Au départ, c'était un sport sympathique. L'habileté de certains joueurs, les actions collectives atteignant parfois une grande beauté, les prouesses d'un gardien paraissant certains jours invincible, en ont fait un spectacle apprécié.
Quand l'aspect financier a pris le pas sur ce sport, entraînant une dérive des salaires des joueurs, le foot de haut niveau a perdu son charme.
Les réactions immodérées entendues après la qualification de l'équipe de France ont de quoi laisser perplexe.





vendredi 22 novembre 2013

Conférence climatique de Varsovie

La société civile se fâche


Depuis plusieurs années, les catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique se multiplient et des milliers de personnes ont été touchées. Le récent typhon Haiyan a montré avec brutalité les impacts du dérèglement climatique sur lequel les activités humaines ont une grande part de responsabilité.
Parallèlement, avec un manque affligeant de responsabilité, les dirigeants internationaux continuent, de conférence en conférence, à refuser de prendre les décisions qui s'imposent pour ralentir ce phénomène qui fera de plus en plus de victimes dans les années à venir.

Pour marquer sa solidarité avec les victimes des Philippines, la société civile vient d'annoncer qu'elle allait « exposer ce qui se passe vraiment à la Conférence mondiale de Varsovie sur les changements climatiques ».
Elle dénonce l'attitude des pays développés qui « sont venus les mains vides » à la conférence de Varsovie, la place accordée (pour des raisons économiques) aux énergies fossiles extrêmement polluantes, soutenues fortement par la Pologne, la marche arrière effectuée par le Japon, l’Australie et le Canada, le manque de propositions nouvelles de l'’Europe.
« Aucun leadership européen n'émerge », a déclaré Karine Gavand, de Greenpeace.
Dans ces conditions l’accord attendu en 2015 ne permettra pas d'atteindre les objectifs qui  aboutirait à une  inversion de la tendance actuelle.

« C’est à Varsovie que les pays doivent s’engager à annoncer des objectifs ambitieux en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre en 2014 au plus tard » a dit Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat.

Les gouvernements entendront-ils ce message d'alerte ?

Pour aller plus loin : Réseau Action Climat

lundi 18 novembre 2013

Sur mon bloc-notes ( semaine 47 - 2013)

Les Pensées éparses et Brèves que vous retrouvez chaque 


lundi sont une autre façon de faire entendre la rumeur du 


temps présent.
 

Celle-ci, chaque semaine, apporte son lot de drames et de 


joies dont il convient de tenir compte pour agir et espérer.




PHILIPPINES
En ce moment, les drames et les craintes l'emportent - hélas – sur les moments de joie.
Le typhon qui a touché les Philippines est bien sûr l'évènement le plus grave de l'actualité. Selon les informations les plus récentes, le nombre de morts est d'environ 4000 ; 13 millions de personnes ont été affectés par le cataclysme et 1,9 million de survivants ont été déplacés.
La solidarité internationale s'organise pour apporter les secours d'urgence : nourriture, eau, tentes.
Au-delà de l'émotion suscitée par ce drame et de la nécessaire solidarité, il faut entendre l'avertissement lancé par la catastrophe, comme l'a fait le secrétaire général des Nations Unies : ce typhon est lié au réchauffement climatique. La communauté internationale doit prendre rapidement les mesures permettant de ralentir le processus.

HUMOUR DE MAUVAIS GOÛT
On a l'habitude de dire qu'on peut rire de tout. Si cela apparaît possible – au nom de la liberté d'expression – dans le cadre d'un spectacle donné par un humoriste (sous réserve que les propos ne soient pas haineux), tout écrit ou toute parole à caractère raciste est inadmissible et l'hypocrisie de journalistes, d'hommes et de femmes politiques dont les idées sont clairement affichées et qui se cachent derrière un humour de mauvais goût pour lancer des propos xénophobes, racistes, homophobes...est révoltante.

LA GESTION DU TEMPS
« Il faut laisser du temps au temps » aimait dire François Mitterrand. Cette phrase exprime bien la philosophie d'un homme qui aimait vivre au contact de la nature. Au milieu des arbres, dans le silence des monts de la Bourgogne, il était imprégné d'une sagesse qui pousse l'homme à réfléchir avant d'agir.
Cette philosophie s'avère efficace dans les temps ordinaires. Mais - comme c'est le cas aujourd'hui - quand tous les signaux sont au rouge, que le diagnostic social et écologique a été clairement établi, il est urgent d'agir pour éviter  la catastrophe.

GASPILLAGE
Le magazine L'Expansion (qu'on ne peut soupçonner d'être à la solde de lobbies écologistes ) présente dans le numéro de novembre un épais dossier sur Le grand gaspillage qui équivaut selon lui à la somme de 140 milliards d'euros pour la France.
Tous les aspects du gaspillage y sont évoqués : alimentation, énergie, obsolescence programmée des produits high-tech, organisation du travail, étalement urbain, comportement des individus conditionnés par la société de consommation...
Un constat édifiant.
On notera que le dossier ne se contente pas de dresser un bilan, il propose des pistes concrètes pour lutter contre la gabegie.

vendredi 15 novembre 2013

La société en panne : ce qui doit changer (2)

MORALE ET RESPONSABILITĖ

« Agir selon la morale, c'est l'acte d'un être libre qui se sent suffisamment responsable vis-à-vis de l'humanité et de lui-même »

 

Nous avons vu dans le billet précédent pourquoi il était nécessaire de placer la question morale au cœur de tout projet ayant pour but de changer la société. Cela implique que tous les acteurs aient conscience de la part de responsabilité qui leur incombe, quelle que soit la place qu'ils occupent dans cette société.
La responsabilité est à la fois individuelle et collective. En partant du principe intangible que le changement doit être un processus démocratique, voulu par une majorité de citoyens, on en conclut ( contrairement à ce qu'on entend souvent dire de la part de gens résignés) que l'évolution de l'humanité est entre les mains de chacun de nous.

La responsabilité du citoyen :
Dans une démocratie, le citoyen a un pouvoir énorme ( dans un régime autoritaire, le peuple a d'autres ressources : la résistance, la révolte, la désobéissance). L'histoire nous a appris que les droits sociaux, les avancées sociétales, ont été acquis à la suite de luttes collectives.
En tant qu'individu on peut agir au quotidien, selon sa conscience, en refusant d'acheter des produits non conformes à l'éthique ( articles fabriqués par des enfants, aliments venant d'une agriculture non durable ou ayant entraîné de la souffrance animale...)
Tout citoyen peut aussi donner plus de poids à son action en rejoignant une association, un syndicat, une organisation, qui parviendront à obtenir des résultats concrets ( projets innovants, nouvelles lois, par exemple). Et bien sûr il y a le bulletin de vote !

La responsabilité des politiques :
La perte de confiance de nombreux citoyens vis-à-vis de la politique est un grand danger pour la démocratie. Le problème ne vient pas seulement de la petite minorité de politiques qui se croit au-dessus des lois, mais davantage du manque de sincérité évident de certains leaders aux convictions si peu affirmées qu'ils changent sans cesse de position.
En France, la référence morale souvent citée reste Pierre Mendès-France dont les responsabilités gouvernementales remontent à près de soixante ans !

La responsabilité en économie :
L'influence pesante de la finance sur l'économie moderne s'est traduite par le choix de privilégier l'enrichissement de quelques-uns au détriment de l'intérêt général. On peut noter cependant ces dernières années l'émergence d'entreprises responsables (RSE) qui affichent leur volonté de refuser l'argent sale, de respecter leurs salariés et leurs clients, qui s'engagent dans la démarche du développement soutenable. D'autres défendent une économie sociale et solidaire.
Elles sont encore à ce jour très minoritaires, mais elles démontrent que l'économie peut prendre une forme nouvelle, axée sur des valeurs morales.




mercredi 13 novembre 2013

La société en panne : Ce qui doit changer (1)

1. La nécessité de la morale



Dans le précédent article consacré à Albert Camus, je rappelais la modernité de sa pensée. Camus refusait le dogmatisme. Il disait que les problèmes politiques doivent être posés sous l'angle moral.

Je travaille depuis deux ans sur la mutation qui s'opère actuellement et qui devrait déboucher sur une ère nouvelle. Pour que cette transition réussisse, plusieurs conditions sont nécessaires. J'en ai fixé six (¹) mais la plus importante, celle qui déterminera tout le reste, est la nécessité de bâtir la société de demain sur une philosophie de l'action axée sur la morale. Une morale concernant tous les champs possibles : l'économie, la politique, la nature et bien sûr chaque individu.
Je pense qu'il est nécessaire d'insister sur cette question, car on voit ici et là naître des initiatives qui envisagent la transition uniquement sous les aspects techniques et économiques.
Faire l'impasse sur les questions morales qui entraîneront de nouvelles pratiques et une nouvelle logique, c'est poursuivre dans la voie choisie depuis le sommet de Rio ; c'est aller à coup sûr vers l'échec.

Lorsqu'on parle de morale, il faut d'abord rappeler de quoi il s'agit. Ne confondons pas la morale avec l'action de moraliser, de culpabiliser. Agir par peur de la punition ou dans l'espoir d'une récompense (proche ou lointaine), c'est se tromper de chemin.
La morale «  c'est l'ensemble de ce qu'un individu s'impose ou s'interdit à lui-même ...pour rester fidèle à une certaine idée de l'humanité, et de soi » a écrit Comte-Sponville (²)
Agir selon la morale, c'est donc l'acte d'un être libre qui se sent suffisamment responsable vis-à-vis de l'humanité et de lui-même.


C'est pourquoi j'aime particulièrement cette phrase de Tolstoï ( que je cite souvent) :
 
« Tout le monde veut changer le monde. mais personne ne songe à se changer soi-même. »
La société établit des lois qui fixent un cadre certes nécessaire pour garantir les droits et les devoirs de chacun. Cela n'empêche pas les maux dont souffre le monde. Cela prouve qu'il  faut aller plus loin que la loi.
 
Le véritable changement passe par le changement des comportements individuels : faire tout ce qu'on peut  pour donner un avenir à l'humanité, conjuguer le présent et les instants de  bonheur qu'il apporte avec le respect de certaines règles afin de ne nuire à personne.

Le combat écologique est avant tout une question morale. Il demande une remise en cause de notre rapport à la nature, aux animaux et bien entendu aux hommes ( coopérer et non dominer ; respecter et non détruire)

( à suivre)


1,Une issue pour le 21e siècle : la transition

2, André Comte-Sponville – Présentations de la philosophie  p.20

lundi 11 novembre 2013

Sur mon bloc-notes ( semaine 46 - 2013 )

Les Pensées éparses et Brèves que vous retrouvez chaque lundi sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.
Celle-ci, chaque semaine, apporte son lot de drames et de joies dont il convient de tenir compte pour agir et espérer.




Quelques propos sur Albert CAMUS

Délaissons cette semaine l'actualité pour évoquer celui qui fut l'un des plus grands auteurs du 20e siècle, Albert Camus, dont on célèbre en cette fin d'année le centenaire de la naissance.
Cinquante-trois ans après sa mort, Camus continue d'entretenir la polémique. Certains lui reprochent encore la position qu'il avait prise sur l'Algérie ( son amour pour le pays où il est né lui faisait penser que les deux communautés pouvaient vivre ensemble et l'emportait sur l'idée que l'indépendance deviendrait inéluctable.
D'autres aujourd'hui cherchent à le récupérer, ce qui pour l'historien Benjamin Stora, auteur de Camus brûlant, paraît impossible.
Une chose est certaine : son talent littéraire est largement reconnu dans le monde entier.

LE CHOC ( janvier 1960)

Au début de l'année 1960, j'étudiais à l'Ecole normale d'Arras. À cette époque, les élèves vivaient sur place. Dans les dortoirs, nous écoutions le matin les infos sur nos transistors pour ne pas être coupés du monde extérieur. Quand nous avons appris le 5 janvier qu'Albert Camus était mort la veille dans un accident de voiture, près de Sens, cette nouvelle fut reçue comme un cataclysme.

Cette mort survenait quarante jours après une autre disparition brutale : celle de Gérard Philipe, le grand acteur de cinéma et de théâtre qui allait avoir 37 ans. Parmi les pièces dans lesquelles il avait joué, il y avait Caligula, écrite par Camus.
Devant la mort de ces deux hommes brillants que nous admirions pour leur talent et leur personnalité attachante, troublés par ces deux destins tragiques, nous éprouvions, au-delà de la consternation, un sentiment confus de découragement et de révolte. 

CAMUS plutôt que SARTRE

Après une période où l'entente avait été bonne, les deux écrivains s'étaient séparés sur la question du communisme : Camus dénonçait les camps staliniens, Sartre gardait le silence sur ceux-ci ; Camus était un humaniste, engagé dans de nombreuses causes ( contre la misère, la peine de mort, la barbarie ; il luttait  en faveur de la solidarité, de la culture pour tous...). Contrairement à Sartre, il ne croyait pas que la solution aux problèmes de la société se trouvait dans le marxisme. Il pensait que les problèmes politiques devaient être posés sous l'angle moral.
Pour toutes ces raisons, j'ai toujours préféré Camus à Sartre. Mais lorsque - à l'adolescence - j'ai découvert l'auteur, c'est avant tout le plaisir que j'ai trouvé en lisant L'étranger, La Peste, La chute, qui a déterminé ce choix. 
 La beauté des textes de Camus transporte le lecteur dans un univers proche de la poésie.

LE STYLE

Camus a été critiqué de son vivant, à la fois pour sa pensée et son style que certains jugeaient trop simples, voire simplistes.
Ceux qui parlaient ainsi n'avaient pas compris la modernité de Camus ou bien ils pensaient qu'un auteur doit s'exprimer de manière obscure et grandiloquente pour montrer son intelligence.
Il suffit de lire quelques lignes de Noces à Tipasa (par exemple) pour apprécier le style de Camus ; résolument modernes parce que débarrassées des fioritures et des lourdeurs des grands auteurs du 19e siècle, les phrases de Camus sont limpides, claires, concises, tout en décrivant une situation, un sentiment, avec une grande précision. Certaines d'entre elles atteignent la profondeur d'un poème et on pense en les lisant à Francis Ponge (qui fut son ami) .

L'ESSAYISTE 
 
S'il est un livre d'Albert Camus qu'il faut – selon moi - avoir lu, c'est Noces suivi de L'été (paru chez Gallimard – Folio) dans lequel sont regroupés les quatre essais de Noces et les huit essais de L'été.
« Si Camus ne vieillit pas, c'est aussi parce qu'il est profond et grave » a dit un jour André Comte-Sponville, dans une interview donnée à Lire.
On retrouve dans la longue méditation de Camus sur  les villes, le désert, la mer, le vent...cette profondeur qui est celle des grands penseurs. Mais Camus ne cherche jamais à asséner une vérité ; la gravité se mêle souvent à la  sensualité, à la volupté - par exemple quand il parle de « cette entente amoureuse de la terre et de l'homme délivré de l'humain » - et c'est cela qui crée l'empathie.

LE PREMIER HOMME (1994)

Bien sûr, il fallait publier ce roman autobiographique qui nous permet de mieux comprendre Camus, mais on regrette en même temps qu'il n'ait pu être achevé. L'hommage à sa mère, la recherche du père, ont donné naissance à de belles pages. On y note également la reconnaissance de l'écrivain envers l'école laïque qui a permis à l'enfant pauvre d'Alger d'aller vers la connaissance. Dans les annexes, deux lettres sont très touchantes : celle de Camus adressée le 17 novembre novembre 1957 à Louis Germain qui fut son instituteur et la longue lettre de celui-ci, écrite en avril 1959 à celui qu'il appelait encore son « cher petit ». Un tel respect de l'un pour l'autre, une si longue amitié, sont les signes d'une grande humanité de l'un et de l'autre.

UN SOUHAIT

7 novembre 2013. Pour rendre hommage à Albert Camus France 5 a programmé une émission spéciale. Parmi les invités  figure Catherine Camus, sa fille. Celle-ci avait sans doute beaucoup de choses intéressantes à dire sur son père mais on ne lui donna pas souvent la parole. Les autres – des spécialistes – se livrèrent à de longs bavardages.
Quel était le but de cette émission ?
Donner l'envie de lire Camus ? Faire comprendre sa modernité ? Ces objectifs ne furent pas atteints.
En regardant cette émission, je pensais aux jeunes d'aujourd'hui, la plupart désorientés par un monde qui ne tourne pas rond. La lecture d'Albert Camus leur serait si utile !
Mais pour cela, il faudrait que la télé ait une autre approche de la culture ou / et qu'il y ait beaucoup d'enseignants à l'image de Louis Germain.



lundi 4 novembre 2013

Sur mon bloc-notes ( semaine 45 - 2013 )

Les Pensées éparses et Brèves que vous retrouvez chaque lundi sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.
Celle-ci, chaque semaine, apporte son lot de drames et de joies.
Parmi eux, des signes d'espoir ...



RETOUR DES EX- OTAGES
Ils ont vécu plus de trois ans dans des conditions terribles, après avoir été enlevés au Niger. Leur libération  a été un soulagement pour eux-mêmes et leurs proches, et tout le monde s'en est réjoui.
Pourquoi a-t-il fallu qu'une voix discordante se fasse entendre pour leur reprocher de porter la barbe et le chèche ?
Parce que certaines obsessions empêchent d'avoir  un jugement sain.

LE DROIT DU SOL
La France d'aujourd'hui s'est construite siècle après siècle en accueillant sur son sol des hommes et des femmes venus d'Europe et des autres continents.
Le principe du droit du sol s'est imposé depuis plus de 200 ans ; il a permis d'intégrer sans poser de problèmes des gens qui ont contribué à la richesse de notre pays.
Remettre en cause ce principe, comme l'envisagent certains pour de basses raisons politiciennes, serait d'une gravité extrême. Entretenir la peur de l'étranger est contraire aux valeurs de la République.

LA MORT DE JOURNALISTES

Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient au Mali pour faire leur travail de journalistes. Ils ont été tués sauvagement.
À ceux qui ne comprennent pas que des hommes et des femmes puissent risquer leur vie sur des territoires secoués par les conflits et préconisent de ne plus envoyer de reporters dans ces zones dangereuses, il faut rappeler que les informations apportées par des professionnels faisant sérieusement leur métier sont nécessaires si l'on ne veut pas laisser le champ libre aux dictateurs ou aux terroristes.


LA FORCE DES RACINES
Dans un monde qui apparaît de plus en plus injuste et cruel, le danger est de perdre courage et de se résigner.
Il suffit parfois d'observer la nature pour donner à celui qui doute la possibilité de tirer des leçons positives du spectacle que celle-ci lui offre.
Ainsi devant l'arbre qui, sur les pentes abruptes de la montagne, accroche dans la roche nue ses longues racines on peut se demander :
-  Par quelle volonté puise-t-il dans le roc hostile les substances  qui feront croître son  tronc  et pousser vers le  ciel sa tête effilée ?
 Quelle énergie  meut cet arbre,  quelle force l'anime, si  ce n'est la rage de vivre ?

Alors l'homme qui avait perdu espoir se dit :
- Prends exemple sur l'arbre.

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