1. La nécessité de la morale
Dans
le précédent article consacré à Albert Camus, je rappelais la
modernité de sa pensée. Camus refusait le dogmatisme. Il disait
que les problèmes politiques doivent être posés
sous l'angle moral.
Je
travaille depuis deux ans sur la mutation qui s'opère actuellement
et qui devrait déboucher sur une ère nouvelle. Pour que cette
transition réussisse, plusieurs conditions sont nécessaires. J'en
ai fixé six (¹) mais la plus
importante, celle qui déterminera tout le reste, est la nécessité
de bâtir la société de demain sur une philosophie de l'action axée
sur la morale. Une morale concernant tous les champs possibles :
l'économie, la politique, la nature et bien sûr chaque individu.
Je
pense qu'il est nécessaire d'insister sur cette question, car on
voit ici et là naître des initiatives qui envisagent la transition
uniquement sous les aspects techniques et économiques.
Faire
l'impasse sur les questions morales qui entraîneront de nouvelles
pratiques et une nouvelle logique, c'est poursuivre dans la voie
choisie depuis le sommet de Rio ; c'est aller à coup sûr vers
l'échec.
Lorsqu'on
parle de morale, il faut d'abord rappeler de quoi il s'agit. Ne
confondons pas la morale avec l'action de moraliser, de culpabiliser.
Agir par peur de la punition ou dans l'espoir d'une récompense
(proche ou lointaine), c'est se tromper de chemin.
La
morale « c'est l'ensemble de ce qu'un individu s'impose ou
s'interdit à lui-même ...pour rester fidèle à une certaine idée
de l'humanité, et de soi » a écrit Comte-Sponville (²)
Agir
selon la morale, c'est donc l'acte d'un être libre qui se sent
suffisamment responsable vis-à-vis de l'humanité et de lui-même.
C'est pourquoi j'aime particulièrement cette phrase de Tolstoï ( que je cite souvent) :
« Tout le monde veut changer le monde. mais personne ne songe à se changer soi-même. »
La société établit des lois qui fixent un cadre certes nécessaire pour garantir les droits et les devoirs de chacun. Cela n'empêche pas les maux dont souffre le monde. Cela prouve qu'il faut aller plus loin que la loi.
Le véritable changement passe par le changement des comportements individuels : faire tout ce qu'on peut pour donner un avenir à l'humanité, conjuguer le présent et les instants de bonheur qu'il apporte avec le respect de certaines règles afin de ne nuire à personne.
Le
combat écologique est avant tout une question morale. Il demande une
remise en cause de notre rapport à la nature, aux animaux et bien
entendu aux hommes ( coopérer et non dominer ; respecter et non
détruire)
(
à suivre)
1,Une
issue pour le 21e siècle : la transition
2,
André Comte-Sponville – Présentations de la philosophie p.20
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire