François-Régis
Bastide était écrivain, diplomate et homme de radio.
J'ai lu
quelques-uns de ses romans et avais bien aimé La vie rêvée,
écrit en 1962.
Aussi quand
il était venu à Boulogne donner une conférence sur un thème qui
me paraissait intéressant Le roman contre la vraie vie,
j'étais allé l'écouter.
Le visage
maigre, le cheveu romantique, François-Régis Bastide était alors
un fringant quinquagénaire à l'allure d'adolescent. Le costume
clair qu'il portait soulignait la finesse de la taille.
Il avait
parlé pendant plus de deux heures, avec une grande aisance.
L'assistance était sous le charme du discours.
A la fin de
la conférence, j'avais pourtant quitté la salle quelque peu déçu. Je
pensais qu'il avait à peine effleuré le thème qui nous avait
réunis : celui de la vraie vie.
La vraie
vie, est-ce celle de ce marin entrevu tout à l'heure sur le port?
avait-il demandé. Est-ce l'existence des travailleurs, la vie
quotidienne avec ses joies et ses tracas? Ou n'est-ce pas plutôt
l'existence idéale, celle dont on rêve, " la vie rêvée "
Il n'avait
pas apporté de réponse nette à ces questions, peut-être pour
laisser à l'auditeur la possibilité de faire son propre choix.
Peut-être parce que la vraie vie est un mélange de tout cela, les
joies et les peines du quotidien et une part de rêve qu'on trouve
dans la littérature, la poésie ou les arts ?
Il arrive
que la vraie vie se retrouve dans le roman, dans l'œuvre
de Zola par exemple qui décrit avec réalisme le quotidien des
mineurs, des ouvriers, des paysans. C'est de moins en moins vrai me
semble-t-il dans la littérature moderne dont les personnages sont
rarement des gens ordinaires.
Mais ne pourrait-on pas penser aussi que la vraie vie n'est pas celle que mènent
la plupart des gens qui vivent aujourd'hui mais celle dont on peut rêver pour le futur, dans une société plus humaine ?