Rechercher dans ce blog

mercredi 26 février 2014

Poésie : de 1978 à 2014, bilan



«  Lorsqu'on consacre une grande partie de sa vie à l'écriture, toutes ses forces à faire partager un idéal, lorsqu'on préfère aux vanités d'auteur le combat pour un homme responsable, un homme meilleur, sensible à la beauté ( celle d'un tableau, d'un poème, d'une chanson, d'une musique, d'un paysage...) il arrive – et c'est bien naturel – que le découragement, la lassitude, surviennent et que l'on doute alors de l'opportunité de l'action menée.
Mais bien vite on se ressaisit car on est convaincu que ce combat est nécessaire.

Dans une société dite d'abondance, dans un monde où tant de contraintes étouffent l'homme, le poète apparaît bien fragile avec la seule force des mots et de son imagination.
Il rencontre souvent le poids de l'indifférence et se heurte à l'incompréhension.
Il n'est pas facile d'aller à la rencontre des autres lorsque dès l'enfance ont été brisés le désir de dépassement de soi, le pouvoir créateur, la faculté de s'étonner...
Mais il faut sans relâche agir pour que la poésie prenne sa place dans la vie culturelle. Il faut donner, à ceux qui créent, les moyens de s'exprimer, d'être entendus. »
( Les Bourgeons de Mai – 1978 )

Il y a longtemps que j'ai écrit ces lignes ; pourtant aujourd'hui encore je tiendrais le même discours.
Pourquoi revenir  vers ce texte publié dans un recueil collectif à l'occasion du Mois de Poésie organisé à Boulogne-sur-mer, en 1978 sous l'égide de la DRAC (Direction régionale de l'action culturelle) du Nord-Pas-de-Calais ?

Parce qu'il est intéressant de  voir où en est la poésie en 2014 et d'observer ce qui a changé.

En 1978, nous avions fait un pari fou : offrir plusieurs fois par semaine, pendant un mois, des rencontres consacrées à la poésie ; et le public avait répondu présent. Cela serait-il encore possible aujourd'hui ?
J'en doute fortement.
Ces dernières décennies, la société s'est enfermée un peu plus dans ses travers. Elle favorise, pour des raisons de rentabilité, la médiocrité plutôt que ce qui élève.
Cependant la poésie reste bien vivante en France et ailleurs, ce qu'on peut vérifier en lisant les anthologies consacrées aux poètes modernes et les ouvrages de la collection Poésie de Gallimard ou en parcourant les nombreux sites web qui lui sont consacrés.
Mais elle reste un art peu familier, un aspect de la culture que le peuple  s'approprie peu et que les « élites » délaissent.
Jadis encouragée par les rois, pratiquée par les princes (Charles d'Orléans) et les politiques ( Victor Hugo, Lamartine...), la poésie était encore présente au siècle dernier dans le discours des personnalités : Jaurès parlait avec lyrisme, Georges Pompidou consacra une anthologie à la poésie et n'hésitait pas à citer Paul Eluard dans une conférence de presse.
Aujourd'hui, le langage s'appauvrit, une succession de formules impersonnelles forme un discours, le lyrisme a disparu, la langue française est parfois massacrée par les plus hauts responsables (On se souvient de certaines phrases de l'ancien Président de la République).


Chaque année des opérations telles que le Printemps des Poètes essaient de populariser la poésie. Celles-ci doivent être encouragées mais leur portée reste faible.
Il apparaît donc  nécessaire de préparer l'émergence d'une société qui placera la culture et la création artistique dans ses priorités. 
Ce devrait être un des objectifs de l'ère nouvelle.
 En savoir plus sur le Printemps des poètes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Chroniques les plus lues