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vendredi 7 février 2014

Les anonymes 2



Dans sa très belle chanson Jaurès, Jacques Brel s'interrogeait sur le destin de nos grands-parents « usés à quinze ans » et « vieux avant que d'être ».
La condition humaine s'est sans doute améliorée depuis le début du 20e siècle grâce aux avancées sociales obtenues après de longues luttes, malgré les réserves qu'on peut faire pour certaines professions : le bien-être d'un petit paysan d'aujourd'hui ne me semble pas supérieur à celui de son grand-père qui n'était pas stressé par le remboursement des crédits et prenait la vie avec philosophie.

La société moderne continue de briser les individus en ne respectant pas la profondeur de leur personnalité et en se servant d'eux pour en tirer ce qui lui sera utile, en essayant de les réduire à leur rôle économique. L'homme est alors celui qui produit et qui consomme.
Une société axée sur la performance conduit naturellement à exclure ceux qu'elle juge plus faibles : ceux qui n'ont pas fait d'études, ceux qui souffrent d'un handicap, ceux qui ont atteint un certain âge...

Il n'est pas question d'avoir une vision idyllique de l'être humain. On connaît ses faiblesses et ses défauts. Mais chacun doit se voir reconnaître un caractère essentiel : l'unicité. Celle-ci va de pair avec la complexité. Pour comprendre l'être humain, il faut appréhender toutes les facettes de sa personnalité, il faut retrouver, selon la formule de René Passet « l'homme réel »
Or dans les différentes étapes de sa vie, il est rare que l'être humain soit considéré dans sa globalité : l'école tient compte en priorité des aptitudes conceptuelles, la médecine classique soigne une partie du corps, le monde du travail demande des résultats, de la rentabilité ; le reste l'intéresse peu.

La prochaine étape de l'évolution sociale consistera à libérer l'Homme, en lui rendant sa dimension poétique, en lui permettant d'exprimer en toute liberté sa pensée, sa sensibilité, la richesse qui est en lui et qui fait de chaque être humain un être unique.
Les anonymes seront des gens « reconnus » pour ce qu'ils sont réellement.





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