Dans sa très
belle chanson Jaurès, Jacques Brel s'interrogeait sur le destin de
nos grands-parents « usés à quinze ans » et « vieux
avant que d'être ».
La condition
humaine s'est sans doute améliorée depuis le début du 20e siècle
grâce aux avancées sociales obtenues après de longues luttes,
malgré les réserves qu'on peut faire pour certaines professions :
le bien-être d'un petit paysan d'aujourd'hui ne me semble pas
supérieur à celui de son grand-père qui n'était pas stressé par
le remboursement des crédits et prenait la vie avec philosophie.
La société
moderne continue de briser les individus en ne respectant pas la
profondeur de leur personnalité et en se servant d'eux pour en tirer
ce qui lui sera utile, en essayant de les réduire à leur rôle économique.
L'homme est alors celui qui produit et qui consomme.
Une société axée sur la performance conduit naturellement à exclure ceux qu'elle juge plus faibles : ceux qui n'ont pas fait d'études, ceux qui
souffrent d'un handicap, ceux qui ont atteint un certain âge...
Il n'est pas
question d'avoir une vision idyllique de l'être humain. On connaît
ses faiblesses et ses défauts. Mais chacun doit se voir reconnaître
un caractère essentiel : l'unicité. Celle-ci va de pair avec la
complexité. Pour comprendre l'être humain, il faut appréhender
toutes les facettes de sa personnalité, il faut retrouver, selon la
formule de René Passet « l'homme réel »
Or dans les
différentes étapes de sa vie, il est rare que l'être humain soit
considéré dans sa globalité : l'école tient compte en
priorité des aptitudes conceptuelles, la médecine classique soigne
une partie du corps, le monde du travail demande des résultats, de
la rentabilité ; le reste l'intéresse peu.
La prochaine
étape de l'évolution sociale consistera à libérer l'Homme, en lui
rendant
sa dimension poétique, en lui permettant d'exprimer en toute
liberté sa pensée, sa sensibilité, la richesse qui est en lui et
qui fait de chaque être humain un être unique.
Les
anonymes seront des gens « reconnus » pour ce qu'ils sont
réellement.
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