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jeudi 12 février 2015

La leçon des choses : la vieillesse


L'objectif de ces chroniques : jeter un regard sur les êtres et les choses – même les plus banales et les plus insignifiantes – pour en tirer une leçon ( d'ordre sociétal, éthique, écologique, littéraire...)

Après  les premiers pas dans la vie , l’enfant de 10 ans,  l’âge adulte, voici aujourd’hui :



LA VIEILLESSE

" Peu de gens savent être vieux"
La Rochefoucauld

Dans les sociétés anciennes, les personnes âgées étaient très respectées. L’autorité et la sagesse caractérisaient la vieillesse.
Dans la société moderne, ceux qui ne produisent plus n’ont plus droit aux égards d’autrefois.
« Le sage  vieillard est devenu le petit vieux retraité, L’homme mûr est devenu le croulant », écrit Edgar Morin dans L’esprit du temps.

Pour l'homme du 21e siècle, le sentiment de vieillesse arrive bien plus tard qu’autrefois et ne coïncide pas forcément avec l'âge de la retraite. 
Dans certains milieux, ce sentiment semble même disparaître. On connaît bon nombre d'auteurs, d'artistes, d'acteurs  qui sont de fringants octogénaires ( et parfois nonagénaires) encore en activité.

Pourtant ce constat encourageant ne doit pas nous faire oublier une réalité indéniable : il existe une inégalité devant la vieillesse, liée à la condition sociale et culturelle. 

Alors que de nombreux intellectuels et de gens aisés s'épanouissent après 60 ans et profitent de la retraite pour accomplir de vieux rêves ( faire de grands voyages, se consacrer pleinement à une activité culturelle ou sociale), il y a beaucoup d'hommes et de femmes qui appréhendent cette période de la vie, les uns parce que la retraite signifie une perte importante de ressources ( ceux qui avaient perdu leur travail avant l'âge de la retraite le ressentent plus encore), les autres  souffrent de ne plus participer à la vie sociale, d'autres encore connaissent la solitude, et souvent les ennuis de santé s'accumulent.

Et puis il y a ceux qui n’acceptent pas de vieillir. Incités par les publicités à vaincre la vieillesse grâce à   des interventions chirurgicales et des produits  «miraculeux » ; ils deviennent des caricatures d’eux-mêmes ; leur visage figé devient inexpressif et pathétique.
C’est cette tendance à nier la vieillesse que je décris dans le poème en prose suivant :

« Elle est assise sur un banc, dans le square, un matin de printemps.
Des enfants jouent près d'elle mais elle ne les voit pas : elle a le regard vide de la désespérance.
Sa chevelure est bleutée. Le fard, appliqué avec exagération, est grotesque et ne parvient pas à dissimuler les blessures de son visage que le bistouri a meurtri et figé à jamais.
Le temps, pour elle, s'est arrêté il y a longtemps, lorsque le regard de l'artiste a cessé de se poser sur elle.

On vénérait son corps quand elle était modèle.»
(Images vues -1975)

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