Le paon
« Il va sûrement se marier aujourd’hui.
Ce devait être pour hier. En habit de gala, il était prêt. Il n’attendait que sa fiancée. Elle n’est pas venue. Elle ne peut tarder.
Glorieux, il se promène avec une allure de prince indien et porte sur lui les riches présents d’usage.
...
Et, ne sachant que faire du reste de la journée, il se dirige vers le perron. Il gravit les marches, comme des marches de temple, d’un pas officiel.
Il relève sa robe à queue toute lourde des yeux qui n’ont pu se détacher d’elle ».
( Jules Renard - Histoires naturelles)
Comme beaucoup d’auteurs qui décrivent des animaux, Jules Renard, dans ce portrait du paon, est tombé dans le piège de l’anthropomorphisme et, à vrai dire, ses comparaisons avec « le prince indien » et le « pas officiel » du paon ne sont pas très heureuses.
Comme d’autres animaux, le crapaud par exemple que certains n’aiment pas parce qu’il serait laid, le paon est victime de préjugés : il serait le symbole de l’orgueil.
- Pourquoi cette croyance ?
- Parce qu’on lui reproche sa beauté.
Il faut dire que lorsqu’il déploie ses plumes de la queue, pour «faire la roue» le paon offre un spectacle impressionnant et il n’est pas étonnant que cette arme de séduction que la nature lui a donnée produise son effet sur la paonne en quête d’un compagnon. C’est bien le seul avantage qu’il tire de cette particularité qui est aussi un handicap : ces plumes magnifiques le mettent à la merci des prédateurs et son agilité en pâtit.
Quand, en plus, le paon se distingue par la blancheur parfaite de son plumage, l’être humain ne sait que dire; alors il appuie sur le déclencheur de l’appareil photo pour fixer l’instant de la rencontre.