INTRODUCTION
L’organisation
d’États Généraux de l’alimentation est une bonne
initiative car il s’agit là d’une question essentielle. À
partir du constat fait sur la situation actuelle qui présente de
multiples dangers et des injustices, il faut dans les meilleurs
délais prendre, dans tous les domaines concernés qui ne se limitent
pas à l’agriculture, des mesures permettant de garantir à tous
les habitants de la planète une nourriture saine, équilibrée,
produite dans le respect de l’environnement, à un prix abordable.
On
voit tout de suite que cet objectif ne peut être atteint dans le
cadre du modèle mondialisé mais on sait qu’on peut dès
maintenant agir au sein de structures alternatives pour bâtir de
nouvelles perspectives
L’excellent
film Demain* qui a donné la parole à de nombreux acteurs de la
transition a montré qu’il est possible de concrétiser cette
utopie : permettre à tous de se nourrir sainement sans
dépenser beaucoup d’argent.
Pour
que les États Généraux soient utiles il
faut que la réflexion s’inscrive dans le contexte plus large de
l’Europe et du reste du monde
LA
SITUATION ACTUELLE
La
question alimentaire révèle d’abord un profond
déséquilibre.
Pour
les uns, ceux qui ont la chance d’avoir des revenus convenables, le
mot alimentation évoque les plaisirs de la table, les repas
sympathiques entre amis ou en famille, de temps à autre les charmes
de la gastronomie, jusqu'à ce que surviennent les problèmes de
santé qui obligent ceux qui ont forcé trop longtemps sur la bonne
chère à respecter les règles de la diététique.
Pour
les autres – pauvres des pays du Sud et exclus des pays riches –
l'alimentation est un souci permanent. Avoir chaque jour la
possibilité de manger à sa faim est pour eux un rêve. Ils sont un
milliard à travers le monde à vivre ainsi, dans un état de
sous-alimentation.
Cette
situation paradoxale pourrait s'aggraver si les prévisions
démographiques à l' horizon 2050 se confirment ( 9 milliards
d'habitants prévus).
Nourrir
tout le monde suppose que les pays riches changent leurs habitudes :
il faut d'abord cesser le gaspillage actuel de la nourriture (
environ un tiers de celle-ci est perdu lors de la transformation, de
la distribution puis de la consommation).
Nourrir
tous les habitants de la planète est possible si l’on répartit
mieux les richesses.
La
question alimentaire doit être traitée de manière globale. Elle
comprend quatre volets principaux :
1. La justice, brièvement évoquée plus haut.
2. L’environnement : le modèle dominant provoque de gros
dégâts : pollution des sols, de l’eau, destruction des
écosystèmes, appauvrissement de la biodiversité, souffrance des
animaux…
Il
faut aller vers une agriculture naturelle.
3.
La santé : L’emploi de pesticides, d’engrais chimiques, de
désherbants par l’agriculture industrielle est dangereux pour
les consommateurs et pour ceux qui les utilisent ; de nombreux
produits alimentaires sont nuisibles à la santé (présence
d’additifs, de colorants, trop de sucre et de graisses…)
Ces
pratiques doivent cesser.
4.
L’économie : La production alimentaire enrichit les grands
groupes pendant que les « petits paysans » voient leurs
revenus diminuer.
Le
système agricole actuel n’est plus viable. Il survit
artificiellement grâce à des subventions. La grande distribution
impose sa loi. C’est l’ensemble du cycle Production –
commercialisation – consommation qui doit être revu.