CHOIX DE TEXTE N° 10
Où
va l’écologie politique ?
Ce
qu'avaient prévu ses précurseurs est arrivé : l'écologie est
aujourd'hui récupérée, dénaturée, vidée de sa substance.
Je le constate régulièrement dans les faits et lors de discussions.
En
tenant compte de l'évolution du mot qui dans le langage courant
se confond avec écologisme (militantisme en faveur d’un monde
écologique) on peut définir ainsi l'écologie :
─
elle est une science, branche de la biologie.
─
elle est une méthode de pensée, globale ou systémique (Edgar Morin)
s'appuyant sur les principes de l'écologie scientifique.
─
elle est une philosophie qui étudie les rapports avec la nature (Thoreau) et les hommes (Illich ) et qui propose une éthique (
le principe responsabilité de Hans Jonas).
S'appuyant
sur ces bases théoriques, l'écologisme est entré dans le
champ politique pour défendre les valeurs qui en découlent :
respect de la vie, respect des autres, convivialité,
solidarité, frugalité. Malheureusement pour elle, l'écologie
politique, à l'origine généreuse et idéaliste, a vite été
rattrapée par la réalité politique (conflits liés aux
ambitions personnelles, professionnalisation des
responsables, problèmes liés aux alliances, etc...) avant
d'être récupérée par les partis traditionnels.
Les
idées défendues par les fondateurs de l'écologisme ne pourront progresser
que par une alliance de tous les acteurs qui croient en la nécessité de bâtir une société écologique : scientifiques dont les connaissances sont
nécessaires à la prise de décisions justes, équitables et
utiles aux écosystèmes, philosophes, associations,
citoyens, responsables politiques et économiques
plaçant l'intérêt général devant le profit.
Cela
nécessite une vision nouvelle de la société dont il n'existe
pour l'instant aucun modèle et qu'il faut donc inventer sur les
bases de l’écologie radicale, enrichies des connaissances
nouvelles, notamment en matière d’éthologie.
*
Ce
billet a été écrit en 2011. Depuis sept ans. des
changements sont intervenus. En voici un bref rappel :
À partir de 1984, le
principal parti représentant l’écologie politique a été les
Verts (EELV). En 1990 François Mitterrand a encouragé la
création d’un second parti écologiste - Génération Écologie
- dirigé par Brice Lalonde qui devait bientôt devenir ministre.
Parmi ses dirigeants il y avait aussi Jean-Louis Borloo qui sera
plus tard ministre de N.Sarkozy. Sous les gouvernements de gauche et de droite, on ne peut pas dire que les idées écologistes aient progressé.
L’écologie
initiale, incompatible avec la société de consommation, a été
réduite en deux décennies à quelques mesures environnementales qui
ne remettaient pas en cause les travers de la société industrielle.
De
leur côté la majorité des Verts, sous le mandat de F. Hollande,
s'est très bien accommodée à cette dérive. Pour quelques places de
ministres, les Verts ont accepté de siéger dans des gouvernements qui
parlaient d’écologie, de réchauffement climatique, sans prendre les
mesures qui auraient été nécessaires au changement.
En
2017, avec l’arrivée au pouvoir d’E. Macron le glissement vers
le libéralisme s’est accentué. Certains anciens Verts suivent
désormais le nouveau président. L’écologie politique est devenue aujourd'hui un champ de ruines. Son bilan est désastreux : au cours des trente dernières années, l'état écologique de la France comme celui de la planète n'a cessé de se dégrader.
Tout est donc à reconstruire sur les valeurs
citées plus haut :
─
Respect
de la vie : ce principe concerne bien sûr les humains,
mais aussi les êtres non humains et la nature.
─
Solidarité : entre générations, avec les autres peuples, lutte contre les
inégalités.
─
Frugalité
( appelée encore simplicité volontaire).
─
Démocratie,
avec la fin de la professionnalisation des politiques afin de faire
disparaître le carriérisme.
─ Enfin - et cela me semble être l'essentiel - l'écologie politique doit défendre un projet global de société. L'une des causes de l'échec des Verts a été d'avoir été perçus seulement comme des défenseurs de l'environnement.
Texte mis à jour le 16 février 2018
─ Enfin - et cela me semble être l'essentiel - l'écologie politique doit défendre un projet global de société. L'une des causes de l'échec des Verts a été d'avoir été perçus seulement comme des défenseurs de l'environnement.
Texte mis à jour le 16 février 2018
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