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vendredi 16 février 2018

Ecologie et politique


CHOIX DE TEXTE  N° 10

Où va l’écologie politique ?
    Ce qu'avaient prévu ses précurseurs est arrivé : l'écologie est aujourd'hui récupérée, dénaturée, vidée de sa substance. Je le constate régulièrement dans les faits et lors de discussions.
   En tenant compte de l'évolution du mot qui dans le langage courant se confond avec écologisme (militantisme en faveur d’un monde écologique) on peut définir  ainsi l'écologie :
elle est une science, branche de la biologie.
elle est une méthode de pensée, globale ou systémique (Edgar Morin) s'appuyant sur les principes de l'écologie scientifique.
elle est une philosophie qui étudie les rapports avec la nature (Thoreau) et les hommes (Illich ) et qui propose une éthique ( le principe responsabilité de Hans Jonas).

    S'appuyant sur ces bases théoriques, l'écologisme est entré dans le champ politique pour défendre les valeurs qui en découlent : respect de la vie, respect des autres, convivialité, solidarité, frugalité. Malheureusement pour elle, l'écologie politique, à l'origine généreuse et idéaliste, a vite été rattrapée par la réalité politique (conflits liés aux ambitions personnelles, professionnalisation des responsables, problèmes liés aux alliances, etc...) avant d'être récupérée par les partis traditionnels.
   Les idées défendues par les fondateurs de l'écologisme ne pourront progresser que par une alliance de tous les acteurs qui croient en la nécessité de bâtir une société écologique : scientifiques dont les connaissances sont nécessaires à la prise de décisions justes, équitables et utiles aux écosystèmes, philosophes, associations, citoyens, responsables politiques et économiques plaçant l'intérêt général devant le profit.
Cela nécessite une vision nouvelle de la société dont il n'existe pour l'instant aucun modèle et qu'il faut donc inventer sur les bases de l’écologie radicale, enrichies des connaissances nouvelles, notamment en matière d’éthologie.


*


     Ce billet a été écrit en 2011.  Depuis sept ans. des changements sont intervenus. En voici un bref rappel :
À partir de 1984, le principal parti représentant l’écologie politique a été les Verts (EELV). En 1990 François Mitterrand a encouragé la création d’un second parti écologiste - Génération Écologie - dirigé par Brice Lalonde qui devait bientôt devenir ministre. Parmi ses dirigeants il y avait aussi Jean-Louis Borloo qui sera plus tard ministre de N.Sarkozy. Sous les gouvernements de gauche et de droite, on ne peut pas dire que les idées écologistes aient progressé.
L’écologie initiale, incompatible avec la société de consommation, a été réduite en deux décennies à quelques mesures environnementales qui ne remettaient pas en cause les travers de la société industrielle.
    De leur côté la majorité des Verts, sous le mandat de F. Hollande, s'est  très bien accommodée à cette dérive. Pour quelques places de ministres, les Verts ont accepté de siéger dans des gouvernements qui parlaient d’écologie, de réchauffement climatique, sans prendre les mesures qui auraient été nécessaires au changement.
   En 2017, avec l’arrivée au pouvoir d’E. Macron le glissement vers le libéralisme s’est accentué. Certains anciens Verts suivent désormais le nouveau président. L’écologie politique est devenue aujourd'hui un champ de ruines. Son bilan est désastreux : au cours des trente dernières années, l'état écologique de la France comme celui de la planète n'a cessé de se dégrader.
Tout est donc à reconstruire sur les valeurs citées plus haut :
Respect de la vie : ce principe concerne bien sûr les humains, mais aussi les êtres non humains et la nature.
Solidarité : entre générations, avec les autres peuples, lutte contre les inégalités.
Frugalité ( appelée encore simplicité volontaire).
Démocratie, avec la fin de la professionnalisation des politiques afin de faire disparaître le carriérisme.

─ Enfin - et cela me semble être l'essentiel - l'écologie politique doit défendre un projet global de société. L'une des causes de l'échec des Verts a été d'avoir été perçus seulement comme des défenseurs de l'environnement.

Texte mis à jour le 16 février 2018



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