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samedi 18 octobre 2014

Repères n° 18 : les livres

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions  basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie.



Dans le poème Les grands voyageurs* , j’évoque des personnages lassés d’avoir parcouru beaucoup de routes à travers le monde. Et que disent-ils ?
- Nous sommes venus
 nous reposer ici au milieu de nos livres,
des jardins odorants, des herbes qui frissonnent,
des arbres rougissants aux matins frais d'automne..
Bref :
« pour  retrouver enfin ce qui nous aide à vivre. "

Ces quatre vers offrent un cadre qui me convient très bien : un endroit à la campagne, parmi les arbres et des livres qui rendent la vie plus douce.
J’aime associer la nature et le livre  car l'une et l'autre donnent un sentiment de liberté et de bonheur.

Le livre, cet objet de papyrus puis de papier  qui a contenu tant de pensées et de beautés depuis que l’écriture existe ; le livre que l’on traduit dans toutes les langues pour faire connaître au monde entier Lao Tseu, Homère, Montaigne, Cervantès, Shakespeare...et bien d’autres ; le livre, aimé et respecté de tous, sauf des dictateurs ; le livre rangé soigneusement dans une bibliothèque ou posé sur une table d’étudiant ; le livre qui a profité des progrès techniques pour être reproduit en grand nombre  à des prix souvent raisonnables et  pour apporter une lecture confortable, ce livre  qui demain souffrira peut-être des nouvelles évolutions et - le processus est déjà entamé - de la concurrence des nouvelles technologies ; ce livre, représente pour la culture universelle et pour toutes les formes d’expression écrite, une richesse.

C’est grâce à lui que les penseurs français des Lumières ont pu faire entrer leurs idées dans tant de pays. C’est lui qui fait connaître à grande échelle les réflexions, les découvertes des sociologues, philosophes, historiens, scientifiques. Cest grâce à l’imagination, au talent des auteurs qu’on pénètre au fil des pages dans des univers variés, émouvants ou mystérieux, parfois sublimes.

Il ne faudrait pas que ce bonheur de lire devienne plus rare, que l’aspect économique prenne le pas sur la profondeur de l’écrivain. Certains signes déjà sont inquiétants.
Parmi les nombreux livres qui paraissent chaque année combien méritent-ils le nom de livres ? Pour un livre de Patrick Modiano, combien combien d’ouvrages sans grand intérêt ?
Et puis il y a cette dérive de certains éditeurs qui assurent une publicité insolente à des livres qui n’appartiennent pas au domaine de la littérature : récits racoleurs, ouvrages bâtis sur le mensonge, édités car leurs auteurs sont des personnages connus.
Le livre doit continuer de transmettre les savoirs, les idées, de procurer des émotions ; il ne doit pas devenir une marchandise.




jeudi 16 octobre 2014

Changer d'ère 9 : l'après-pétrole

L’après-pétrole


Il y a  40 ans,  les précurseurs de l’écologie tels que René Dumont  attiraient l’attention des gens des pays riches sur la nécessité de changer leur mode de vie afin d’épargner la planète. Ils ont été peu entendus. Vingt ans plus tard, la situation s’aggravait encore et on lançait le concept de développement soutenable. Celui-ci a été dénaturé et récupéré par les grands groupes et la finance ; l’économie « verte » a été une arnaque et en 2014 le monde va mal, il souffre du réchauffement climatique, d’un profond déséquilibre social ; le chômage, la faim et la misère touchent de nombreuses personnes.
Ce constat impose un changement radical. Dans certaines régions, dans certaines villes, on a vu naître le mouvement de la transition. La France est plutôt à la traîne ;  pour être efficace, ce mouvement doit se généraliser.
Nous avons une trentaine d’années pour changer nos habitudes, pour préparer l’ère nouvelle qui s’imposera à tous malgré les réticences de ceux qui veulent conserver leurs privilèges, pour une raison simple : nous entrerons bientôt dans l’époque de l’après-pétrole. L’épuisement des énergies fossiles demande de repenser nos modes de production, d’économiser les énergies ; c’est aussi une obligation pour lutter contre le dérèglement climatique.

La transition énergétique doit être mise en place sans tarder dans le domaine des transports.

Dans les pays industrialisés,  la voiture et les camions ont pris une place prépondérante. Les gens ont perdu l’habitude de marcher pour parcourir de courtes distances. Ils ont délaissé le vélo pour faire quelques kiomètres. Non seulement ce manque d’activité physique est nuisible à la santé, mais l’usage exagéré de l’auto nuit à l’environnement.
Le tout-auto a entraîné un bouleversement de l’aménagement du territoire. À proximité des villes, on a vu pousser des zones industrielles, des zones commerciales laides et des cités-dortoirs ; les supermarchés ont supplanté les petits magasins, de nombreux villages se sont dépeuplés. La construction de nouvelles zones d’activités et d’autoroutes a entraîné   une diminution des terres agricoles et a défiguré les paysages. Le flux incessant des voitures et des camions circulant d’un pays à l’autre est  un facteur important de pollution. 
Les solutions techniques ne suffisent pas, même si elles peuvent être utiles ( telles que la fabrication de moteurs moins voraces). La voiture électrique est une mauvaise solution car elle nécessite une énergie qui provient du nucléaire.
La solution soutenable réclame  une nouvelle politique de transport qui combine tous les modes selon la distance à parcourir. Il faut aussi  développer les transports publics et parallèlement avoir une nouvelle vision de l’aménagement des territoires qui diminuera les distances à parcourir.
La bonne volonté des individus ne suffira pas; il faut leur donner les moyens de se déplacer écologiquement. La responsabilité des états est donc essentielle. Il leur appartient de faire les choix financiers qui permettront de réussir la transition énérgétique. 
La première des choses à faire est de ne pas céder aux lobbies.

mardi 14 octobre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 42)



À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.





Patrick Modiano
Le prix Nobel de littérature a été attribué à Patrick Modiano qui est pour moi  le meilleur écrivain français de notre époque. Certains le comparent à Proust ; c’est une comparaison qui le place parmi nos plus grands auteurs. Mais je trouve  le style de Modiano beaucoup plus agréable que celui de Proust. Sa limpidité me rappelle plutôt Camus, récompensé lui aussi par le Nobel,  en 1957.
Modiano est un auteur attachant. Je le voyais réagir  devant les caméras, quelques heures après l’annonce de sa distinction, avec timidité et modestie. Le contraste entre la fluidité de son écriture et son manque d’aisance quand il prend la parole est étonnant.
Au-delà du style, Patrick Modiano me plaît par les thèmes qu’il aborde. Il s’intéresse au problème de la mémoire, au tragique de l’histoire dans laquelle il fait vivre ses personnages. 
Modiano aime les gens ordinaires. Son univers c’est Paris, son obsession c’est la connaissance des destinées humaines.

Prix Nobel de la Paix
Cette année le jury du prix Nobel de la Paix a voulu marquer les esprits en mettant à l’honneur deux représentants de pays rivaux, le Pakistan et l’Inde, deux personnalités appartenant à deux générations : Malala Yousafzaï, 17 ans et Kailash Satyarthi, 60 ans.
L’engagement de la  première, dès l’adolescence, en faveur du droit à l’éducation est un fait exceptionnel. Quant au second, il combat lui aussi contre l’oppression des enfants.
Ce choix du jury démontre que le développement de l’éducation contribue à la paix.

La fin de l’écotaxe
J’ai à plusieurs reprises exprimé mon avis sur l’importance de l’écotaxe quand on la replace dans le cadre d’une politique ambitieuse destinée à freiner le réchauffement climatique  en développant les transports publics  et la voie d’eau.
Bien sûr, la colère des transporteurs routiers était prévisible. Mais gouverner demande d’avoir le courage de résister à ceux qui défendent leurs propres intérêts sans se soucier de l’intérêt général.
Ce gouvernement a renoncé à une politique courageuse en abandonnant l’écotaxe. Cela entraînera l’arrêt (ou au minimum le retard) de nombreux projets plus écologiques et aussi le transfert injuste des taxes  vers les contribuables. 
Une décision néfaste pour l’écologie et pour la justice sociale.

                                          LE ZOOM
Ce que j’ai aimé :
Samedi soir, dans l’émission On n’est pas couché, Franz-Olivier Giesbert est venu présenter son dernier livre L'animal est une personne, un plaidoyer très fort pour le respect des animaux, pour le droit à une vie heureuse, qu'ils soient  animaux de compagnie, de la ferme ou animaux sauvages.
Que des personnes connues s’impliquent dans une telle cause est une bonne chose.  Cela permet de développer l’action des défenseurs des animaux.

Ce que je n’ai  pas aimé :
En 2002 ceux qui ont décidé de fermer le centre de Sangatte ( près de Calais)  qui accueillait les réfugiés désirant pour la plupart rejoindre l’Angleterre prétendaient « avoir résolu le problème ». Ce qui était faux. Le vrai problème, celui de la misère, de la guerre et du manque de libertés des migrants, était toujours là.
Douze ans plus tard, les réfugiés sont encore dans le Calaisis et vivent dans des conditions déplorables. Si certaines associations les soutiennent, une partie de la population montre sa xénophobie et des groupes extrémistes attisent la haine.
Une solution humaniste s’impose.





samedi 11 octobre 2014

Repères n° 17 : le travail

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions  basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie.



( Ce texte entre dans le cadre des réflexions faites pour l'association Citoyens de la transition : Imaginons un autre monde)

La notion de travail est en train d’évoluer. Il y a peu de temps encore, ce terme était utilisé pour désigner une activité  de production de biens et de services donnant droit à un salaire. Depuis le rapport Stiglitz, on  inclut désormais dans la définition  le bénévolat et les tâches domestiques.
Quelles sont les caractéristiques de ces trois formes  de travail ?
La première  est rémunérée ; elle est un droit et une nécessité pour la majorité des gens. C’est « le gagne-pain », expression imagée qui dit bien qu’on travaille pour acheter   ce dont on a besoin pour vivre. 
Le bénévolat représente un travail que l’on fait volontairement et sans être rétribué ; c’est un acte solidaire. Le bénévolat est, selon France Bénévolat, en forte progression  dans notre pays. Il est appelé à se développer encore dans les prochaines décennies si la transition écologique tient ses promesses.
Enfin le travail domestique, non rémunéré, représente lui aussi de nombreuses heures d’activité. Même si certaines tâches  paraissent fastidieuses, elles sont indispensables à la bonne marche du foyer. Les classes les plus aisées préfèrent confier ce travail à des employés. 

Il y a dans le mot travail une idée de souffrance et de punition qui trouve ses origines dans la vision biblique de la vie qui veut que l’homme et la femme chassés du paradis  « gagnent leur pain à la sueur de leur front ».

La rupture entre le manuel et l’intellectuel se lit dans la façon de s’exprimer. On dira plutôt en parlant de l’ouvrier d’usine qu’il fait un travail  pénible. Mais, pour évoquer le travail  de l’écrivain ou du peintre, on préférera parler d’œuvre  admirable, accomplissement de la pensée, de la sensibilité, du talent de son auteur.

La nature du travail a changé dès le début de l’ère industrielle. Autrefois, même quand la tâche était dure,  le menuisier, le laboureur, avaient un sentiment de liberté. L'un et l'autre accomplissaient leur tâche selon leur méthode. Ils ne gagnaient pas forcément beaucoup d’argent mais ils étaient leurs propres maîtres.
Le poids de la finance a modifié les règles. L’employé moderne est devenu un producteur - consommateur qui ne maîtrise rien (ni sa façon de travailler, ni le projet sur lequel il travaille). La crainte du chômage le hante, le travail a perdu son sens, chacun fait une parcelle de la tâche en ignorant ce que font les autres.
‭ ‬Certains voudraient faire croire que le travail moderne,‭ ‬grâce aux‭  ‬avancées techniques,‭ ‬a libéré l'homme.
Il n'en est rien :‭ ‬c'est le rythme de la machine qui s'est imposé aux travailleurs‭  ‬en créant de nouveaux rythmes de vie,‭ ‬en apportant de nouvelles maladies professionnelles,‭ ‬psychologiques et des frustrations.‭ 
Dans les pays riches,‭ ‬une véritable religion du travail s'est créée‭; ‬le travail est devenu la valeur sociale dominante. 
Hannah Arendt a écrit que les besoins de première nécessité sont un moteur puissant parce que notre vie en dépend et qu'en nous poussant à travailler pour les acquérir,‭ ‬le capitalisme a pu se présenter en tant que système social.‭ 
.
Non seulement‭ ‬il faut changer la manière de travailler mais‭ ‬il faut aussi remettre le travail à sa vraie place :‭ ‬un moyen de contribuer à la vie sociale en exerçant une activité utile,‭ ‬et non une fin en soi.‭ 
‭C’est l’un des enjeux des trente prochaines années. Pour cela il faut mettre en place une économie soutenable et solidaire basée sur le respect des autres et sur la coopération.

jeudi 9 octobre 2014

Elevage industriel : la dérive du gigantisme




La plupart de ceux qui deviennent végétariens, végétaliens  et tous les vegans (qui refusent l’exploitation animale) adoptent cette façon de se nourrir pour être en cohérence avec leurs convictions : sachant que les animaux sont des êtres sensibles, ils se soucient de leur bien-être et refusent logiquement de les tuer pour se nourrir de leur chair.
Nous avons beau être  persuadés que le végétarisme comptera dans les décennies prochaines de plus en plus d’adeptes, nous savons qu’il faudra encore un peu de temps pour changer les habitudes alimentaires des Français.
Cependant, quelles que soient nos habitudes alimentaires, omnivores ou végétariens, nous ne pouvons accepter l’évolution que  l’élevage industriel est en train de connaître.
Ferme des 1000 vaches près d’Abbeville, projet des 250 000 poules pondeuses à Beauval, ( tous les deux dans la Somme) la tendance au gigantisme est une aberration. Elle est le produit d’une société qui tourne le dos à l’éthique, à la réalité écologique dans un seul but : augmenter la rentabilité des entreprises.
Ceux qui se lancent dans la création de fermes-usines doivent savoir que   cette forme d’élevage n’aura pas d’avenir. 
Par exemple, la quantité d’eau nécessaire - et la pollution qu'elle produit - rendront impossible dans quelques décennies ce type d’exploitation. Mais leur vision à court terme semble ne pas les troubler.

Nous devons  nous opposer  à l’installation de ces gigantesques fermes pour plusieurs raisons :
- La première est le respect de l’animal, son bien-être. Les animaux élevés dans ces fermes sont enfermés toute leur vie et vivent dans des conditions inadmissibles.
- Le respect de l’environnement demande que l’eau soit économisée et il faut également réduire les pollutions.
- En terme d’emploi ( argument présenté par les partisans de ces projets), les fermes-usines fournissent beaucoup moins de travail que les fermes traditionnelles ou biologiques car la mécanisation y est poussée à l’extrême. C’est ainsi que le poulailler géant de Beauval emploierait  seulement six salariés sur place et vingt en aval.
- Enfin, affirmer, comme je l’ai entendu sur une radio, que  proposer des produits bon marché - mais de piètre qualité - est socialement intéressant est un manque de respect pour les plus pauvres ( dans une société plus juste et plus écolo, chacun aurait droit à une nourriture de qualité).

mardi 7 octobre 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 41)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Peurs, mensonges, dangers et vérités ...
( L'art de la manipulation)

1. Il y a actuellement un courant qui semble prendre de l’ampleur et constitue un danger réel pour la démocratie : c’est celui des idéologues passéistes. Son rôle  consiste à envoyer par tous les moyens de communication des informations mensongères faisant état de menaces qui n’existent que dans l’esprit torturé  de ces manipulateurs d’opinion.
Les auteurs de ces messages sont  nostalgiques d’un passé que toute personne sensée ne souhaiterait revoir. Qui peut rêver en effet d’un retour  vers une époque où des enfants de dix ans ( et moins)  descendaient à la mine, où les ouvriers n’avaient pas de congés payés, où seuls les enfants de riches pouvaient aller à l’école, où les femmes n’avaient pas le droit de voter ?...

2.  Pour ces manipulateurs, le péril est ailleurs et il concerne surtout la France  : c’est l’immigration qui serait excessive, ce sont les musulmans qui seraient, selon eux, de plus en plus nombreux, c’est pour d’autres encore une évolution des mœurs  qui devrait  anéantir la famille.
La  doctrine de ces idéologues prospère sur la peur et le mensonge.
Faire peur en faisant des amalgames,  en stigmatisant une partie de la population, cela crée un climat anxiogène qu’ils espèrent exploiter un jour. Telle est la méthode de ces ultra-conservateurs.
3. Pourquoi cette tactique qui ne résiste pas à une étude sérieuse des faits, chiffres à l’appui, réussit à fonctionner en France, beaucoup mieux que dans d’autres pays ?
On pourrait y voir une poussée des idées extrémistes, traditionalistes  et xénophobes. Mais je pense que ce phénomène est amplifié par l'incapacité de certains esprits à s'adapter aux changements  qui apparaissent actuellement dans tous les domaines et entraînent la remise en cause des certitudes anciennes.
La crainte de l’avenir constitue  un terreau favorable à la propagation  des thèses infondées des nostalgiques du passé.



samedi 4 octobre 2014

Repères n°16

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions  basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie.



Pouvoir, contre-pouvoir : le temps de l’innovation

Il est un domaine dans lequel il serait urgent d’innover : c’est celui des rapports sociaux.
Qu’il s’agisse du pouvoir économique, du pouvoir politique et  des contre-pouvoirs, tous fonctionnent sur des modes anciens. Ceux  qui détiennent le pouvoir économique s’appuient sur la domination pour  défendre  leurs intérêts et l’absence de démocratie est flagrante. Les salariés basent leur  action sur la revendication, sur la grève.  Quant aux chômeurs, ils ont peu de moyens pour s’exprimer.
En politique, la démocratie est si peu vivante que de nombreux citoyens ont fini par ne plus voter. Le rôle de l’opposition  consiste souvent à dénigrer le travail de ceux qui gouvernent. Les débats sont tronqués par des arguments manquant de sincérité. Le non-respect des promesses décrédibilise les politiques de tous bords. Quant à la dénonciation permanente pratiquée par certains partis non gouvernementaux, elle se résume à des prises de parole, à des appels à manifester mais ne débouche sur aucun progrès social.

Attention, je ne dis pas que les moyens de lutte utilisés depuis des siècles par les paysans ou les ouvriers ( révoltes, grèves) doivent être abandonnés. Dans certaines circonstances, marquer par une forte manifestation sa réprobation peut avoir son utilité. Je dis seulement que nous devons innover aussi dans les rapports sociaux.
De même, dénoncer les égarements de certains politiques ainsi que l’incapacité de nos responsables à traiter positivement les problèmes de la société actuelle ne suffit pas. Jeter le discrédit sur la classe politique affaiblira plus encore la démocratie alors qu’il faut plutôt la rendre plus forte et travailler à une autre pratique de la politique.

Ne nous faisons pas d’illusions : le changement du monde économique et politique ne se produira pas miraculeusement, il viendra d’une action massive des citoyens qui sont aussi des consommateurs.
Il s’agit d’abord de prendre conscience de la force que nous représentons, il s’agit ensuite de changer de méthode de lutte : passer du statut de consommateur qui subit à celui d’acteur qui met en pratique son désir de justice, de solidarité, de bien-être.
Le mouvement de la transition est sans doute celui qui innove le plus dans ce domaine.
Le nombre de ceux qui ont réussi à sortir du modèle dominant ne cesse de grandir ces dernières années : ils ont abandonné les grandes surfaces pour les marchés et les magasins bio, certains cultivent leur jardin, ils marchent, font du vélo et prennent le train, ils économisent l’énergie...
Mais à côté de ces actions individuelles, on voit surgir en Europe des mouvements collectifs dont le but est de développer une économie locale, des activités solidaires, sociales et culturelles qui se développent à côté de l'économie mondialisée.
Pour ces partisans d’une autre société, l’essentiel n’est plus la revendication, c’est la mise en place d’initiatives alternatives qui compte. Et c'est elle qui entraînera le véritable changement.

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