Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs personnels et la théorie.
Dans le poème Les grands voyageurs* , j’évoque des personnages lassés d’avoir parcouru beaucoup de routes à travers le monde. Et que disent-ils ?
- Nous sommes venus
nous reposer ici au milieu de nos livres,
des jardins odorants, des herbes qui frissonnent,
des arbres rougissants aux matins frais d'automne..
Bref :
« pour retrouver enfin ce qui nous aide à vivre. "
Ces quatre vers offrent un cadre qui me convient très bien : un endroit à la campagne, parmi les arbres et des livres qui rendent la vie plus douce.
J’aime associer la nature et le livre car l'une et l'autre donnent un sentiment de liberté et de bonheur.
Le livre, cet objet de papyrus puis de papier qui a contenu tant de pensées et de beautés depuis que l’écriture existe ; le livre que l’on traduit dans toutes les langues pour faire connaître au monde entier Lao Tseu, Homère, Montaigne, Cervantès, Shakespeare...et bien d’autres ; le livre, aimé et respecté de tous, sauf des dictateurs ; le livre rangé soigneusement dans une bibliothèque ou posé sur une table d’étudiant ; le livre qui a profité des progrès techniques pour être reproduit en grand nombre à des prix souvent raisonnables et pour apporter une lecture confortable, ce livre qui demain souffrira peut-être des nouvelles évolutions et - le processus est déjà entamé - de la concurrence des nouvelles technologies ; ce livre, représente pour la culture universelle et pour toutes les formes d’expression écrite, une richesse.
C’est grâce à lui que les penseurs français des Lumières ont pu faire entrer leurs idées dans tant de pays. C’est lui qui fait connaître à grande échelle les réflexions, les découvertes des sociologues, philosophes, historiens, scientifiques. Cest grâce à l’imagination, au talent des auteurs qu’on pénètre au fil des pages dans des univers variés, émouvants ou mystérieux, parfois sublimes.
Il ne faudrait pas que ce bonheur de lire devienne plus rare, que l’aspect économique prenne le pas sur la profondeur de l’écrivain. Certains signes déjà sont inquiétants.
Parmi les nombreux livres qui paraissent chaque année combien méritent-ils le nom de livres ? Pour un livre de Patrick Modiano, combien combien d’ouvrages sans grand intérêt ?
Et puis il y a cette dérive de certains éditeurs qui assurent une publicité insolente à des livres qui n’appartiennent pas au domaine de la littérature : récits racoleurs, ouvrages bâtis sur le mensonge, édités car leurs auteurs sont des personnages connus.
Le livre doit continuer de transmettre les savoirs, les idées, de procurer des émotions ; il ne doit pas devenir une marchandise.
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